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Olympe de Gouges, Exhortation aux hommes, analyse linéaire

Publié le 11/05/2025

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« Lecture linéaire : « Exhortation aux hommes » Introduction Olympe de Gouges, née Marie Gouze en 1748 et morte guillotinée en 1793, est une femme de lettres qui, redécouverte à la fin du XXe siècle, occupe aujourd’hui une place importante dans l’histoire des femmes de la Révolution et dans celle des pensées féministes.

Elle est issue de la petite bourgeoisie de province, fille illégitime d’un poète de renom, mariée puis veuve très jeune.

Elle décide de conserver ce dernier statut pour garder sa liberté.

Dotée d’une éducation rudimentaire, elle cherche, dès le début des années 1770, sa place dans les milieux littéraires parisiens pour satisfaire sa curiosité intellectuelle.

Elle choisit avec audace la carrière de dramaturge et veut s’imposer à la Comédie Française.

Elle lutte en particulier pour y faire représenter sa pièce controversée Zamore et Mirza, dans laquelle elle dénonce le système esclavagiste.

Olympe de Gouges s’inscrit pleinement dans le courant des Lumières.

Avec la Révolution, elle se détourne du théâtre et participe activement au débat d’idées en publiant de nombreux écrits politiques.

Elle considère la littérature comme un lieu privilégié pour figurer la condition humaine jusque dans ses injustices.

Ainsi, dans la tourmente révolutionnaire, écrit-elle, en 1791, sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Cet audacieux et subtil pastiche de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est un texte de combat qui promeut l’égalité des hommes et des femmes car Olympe de Gouges considère qu’elles sont invisibles dans le texte de 1789.

L’« Exhortation aux hommes » précède le texte de la Déclaration à proprement parler.

Elle vise à interpeller les hommes sur leur comportement et les invite à le justifier s’ils en sont capables. Lecture Annonce de la problématique et des mouvements En quoi cette exhortation prend-elle la forme d’un discours polémique ? Le premier mouvement, du titre à la fin du premier paragraphe, correspond à la mise en accusation des hommes, responsables des inégalités entre les sexes.

Puis, Olympe de Gouges, dans un deuxième mouvement, de la ligne 8 à 14, démontre la légitimité de son combat dans une démarche didactique et scientifique précise reposant sur l’observation de la nature.

Elle se focalise enfin, dans le dernier paragraphe, sur l’homme, despote tyrannique, monstrueux. Analyse  Le premier mouvement met en accusation les hommes responsables des inégalités entre les sexes.

L’« exhortation » est un appel.

Ici, Olympe de Gouges apostrophe tous les hommes dès la première ligne par le singulier « Homme » a une valeur généralisante.

Son apostrophe introduit sa mise en accusation : « Homme, es-tu capable d’être juste ? » L’emploi du terme « capable » donne un ton provocateur à la question.

La tonalité du texte est d’emblée polémique.

Le sens de la justice des hommes est ainsi remis en question et Olympe de Gouges met en place son combat sous le signe de la justice.

Par « c’est une femme qui t’en fait la question », l’auteure se fait le porte-parole des femmes.

Elle tutoie son interlocuteur dans une stratégie argumentative.

De cette manière, un rapprochement entre eux est créé et leurs différences sont gommées.

L’accusation est explicitée ensuite par « tu ne lui ôteras pas du moins ce droit.

» Ainsi, Olympe de Gouges use de son droit d’expression quand d’autres ont été confisqués aux femmes par les hommes.

Elle se place sur le plan juridique avec le terme « droit ».

L’homme est responsable des inégalités entre les sexes.

Cette accusation est renforcée par une série de questions rhétoriques : « Dis-moi ? qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? ta force ? tes talents ? » Portant implicitement en elles les réponses, elles sont multipliées pour montrer que l’oppression exercée par les hommes sur les femmes est sans fondement légitime.

Les hommes usent d’un pouvoir despotique, mis en évidence par le champ lexical du pouvoir absolu associé à des expressions péjoratives : « souverain empire d’opprimer » et « cet empire tyrannique ».

L’adjectif « tyrannique » met en exergue l’injustice et la violence de ce pouvoir. Parallèlement, Olympe de Gouges, avec l’impératif présent « Dis-moi », met au défi les hommes de trouver des raisons valables qui justifient la confiscation de la liberté des femmes.

L’injonction induite inverse le rapport de forces : Olympe de Gouges commande aux hommes.

Elle leur demande d’« observe[r] le créateur dans sa sagesse, [de] parcour[ir] la nature dans toute sa grandeur » pour y trouver un exemple d’oppression semblable à celle qu’ils exercent sur les femmes.

L’incise provocatrice « si tu l’oses » indique que la recherche est vaine.

L’homme ne suit donc pas l’exemple de Dieu, créateur de la nature, qui a voulu l’égalité entre les hommes et les femmes. La nature est caractérisée de manière méliorative par l’emploi de l’hyperbole « dans toute sa grandeur ».

Olympe de Gouges s’inscrit ainsi pleinement dans le courant philosophique des Lumières qui fait de la nature le fondement de sa morale.

C’est de la nature que l’homme tient sa conscience du bien et du mal.

Pour Olympe de Gouges, la nature est donc une entité supérieure, dont l’homme « semble vouloir se rapprocher ».

En.... »

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