Morte-Saison
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
«
Morte-saison
La neige m'était probablement montée au cerveau.
Rien de déroutant compte tenu qu'elle s'accumulait jusqu'à
nos genoux depuis les dernières semaines.
Ce n'était plus seulement que les extrémités de mon corps qui
frissonnaient, voilà que mon esprit s'était laissé prendre au jeu.
Il était tout aussi frigorifié que les rares
passants qu'il m'était donné de croiser sur les routes, quelles qu'elles soient.
Je ne ressentais plus aucune
chaleur, plus aucun confort, dans ma tête comme dans mes bottes.
J'étais vide de toute émotion, ma vie
devenait vide de tout sens, mon quotidien vide de tout plaisir.
Le stress venait puis repartait sans cesse,
comme un visiteur indésirable, comme un virus qu'on tente inlassablement de combattre.
Quelque chose me
manquait mais je ne parvenais pas à mettre le doigt sur ce dont il s'agissait.
Une éternelle question sans
réponse, une équation sans solution, un piège duquel je ne pouvais m'échapper bref, aucune issue ne s'offrait
à moi.
Dire que ceux qui m'entouraient me rendait fou serait lésiner sur les mots.
Le moment était venu de
partir, mon heure avait sonnée.
Attenter à ma vie? Non, jamais je n'aurais osé commettre un tel affront.
Il était
plutôt temps pour moi de plier bagage et de mettre les voiles.
La neige, la grisaille, la déprime, la monotonie.
À
quoi bon mener une telle existence? J'avais soif de chutes d'eau phénoménales, je prenais des couleurs
simplement à songer au soleil qui brûlerait sur ma peau, j'avais des démangeaisons à la simple idée de toutes
ces bêtes que je caresserais.
L'aventure, les risques, les rencontres, voilà ce dont j'avais besoin.
M'élever par
delà les nuages, respirer un autre air, voilà ce qui m'animerait.
Je me levai promptement du fauteuil où
j'hivernais depuis déjà beaucoup trop longtemps, si longtemps que je n'avais pas le moindre souvenir du
nombre de jours qui venaient de s'écouler juste sous mes yeux.
Un grand sac, quelques vêtements, quelques
babioles, mes fameuses bottes aux poubelles, ma déprime dans le coffre à gants et j'étais fin prêt.
Je partais..
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