MORT
Publié le 06/12/2021
Extrait du document
MORT
La mort est un événement biologique inévitable mais susceptible d'être provoqué ou retardé ; en ce sens la connaissance des mécanismes de la mort dépend uniquement de la biologie. Paradoxalement l'importance philosophique de la mort tient à ce qu'elle est essentiellement une catégorie du vécu de conscience ; la mort est pour la conscience un vécu particulier, toujours vécu comme à venir et jamais là, et comme négation (1) du fait même de vivre, c'est-à-dire pour la conscience d'être conscience. Cette négation de la vie au coeur de la vie est prbductrice d'angoisses ; divers mécanismes de défense sont élaborés contre cette angoisse : mythes religieux (prolongation
indéfinie de la vie après la mort), rites funéraires (situation de la mort par rapport à la vie), éducation morale. Si la philosophie moderne a pu thématiser la mort comme signe de la finitude et de l'individualité humaine (voir Heidegger), c'est traditionnellement par l'éducation morale que la philosophie concerne la mort (Platon : « Philosopher, c'est apprendre à mourir «) ; bien souvent elle se contente de reprendre les mythes religieux (cf. les stoïciens). Seul le matérialisme épicurien paraît avoir élaboré une solution originale et forte : elle consiste à nier que la mort soit en soi une catégorie du vécu de conscience (quand nous sentons, nous ne sommes pas morts, quand nous sommes morts, nous ne sentons plus). La solution est loin d'avoir la trivialité qu'on lui prête parfois ; il ne s'agit pas pour Épicure de nier que la crainte de la mort soit une angoisse, une douleur réelle, mais d'affirmer que ce vécu de conscience provient seulement de l'erreur et de la superstition (d'où la critique épicurienne de la religion). En remarquant comment notre façon de « vivre « la mort dépend de notre civilisation, la tâche que l'épicurisme assigne à la philosophie, c'est en déconstruisant les mythes, de rendre à la mort sa facticité et sa pureté d'événement vide de sens, faire de cette vacuité non le scandale dont se révolte la conscience (cf. les existentialistes), mais l'absence de soucis.
1. Voir autrui, pour une interprétation (humaniste) du rôle de la mort comme une négation dans la philosophie de Hegel.
Liens utiles
- « L’abolition de la peine de mort en France, un exemple à suivre ? »
- lecture analytique Molière La mort d’Argan- Le malade imaginaire- Molière
- Lecture linéaire "La mort des amants"
- Pourquoi la peine de mort n’a-t-elle pas été abolie avant 1981en France ?
- LA PROBLEMATIQUE PLATONICIENNE DE LA MORT : UNEL’APOLOGIE DE SOCRATE