MOLIÈRE
Publié le 18/05/2020
Extrait du document
«
MOLIÈRE
1622-1673
DEs grands écrivains représentatifs de l'art dramatique classique, le plus proprement français
est sans
doute Racine; Molière est le plus certainement universel.
Il est malaisé à un Français
de faire partager l'admiration qu'il a pour Racine à des étrangers, à moins qu'il ne s'agisse d'étran
gers déjà francisés, déjà acclimatés dans notre culture; en France même, il demande des lecteurs
ou des spectateurs privilégiés, des oreilles et des esprits sensibilisés par l'éducation littéraire : on
n'imagine guère Bérénice jouée sur des tréteaux de village.
Molière parle pour tout le monde, pour
les enfants et pour les hommes, pour le public français et pour celui de tous les pays, de toutes les
races,
pour les gens du goût le plus difficile et pour la foule, pour son époque et pour la nôtre.
On n'imagine pas qu'il puisse exister des hommes pour qui deux et deux ne fassent pas quatre.
On n'imagine guère mieux qu'il en puisse exister pour qui soient lettre morte la drôlerie de Molière,
la pitié de Molière, la cruauté de Molière, la générosité de Molière.
Il est pleinement de son siècle, dont il manifeste en même temps le puissant équilibre, la
raison un peu lourde, le respect pour les valeurs établies, et l'angoisse secrète, la fermentation pro
digieuse, la fièvre révolutionnaire, la modernité.
Il se fait dans ses comédies le champion du sens
commun et des idées reçues, mais il raille la Cour, ridiculise la Faculté, inquiète l'Eglise.
Il a
contracté avec les opinions de l'individu moyen cette alliance sans laquelle il n'est pas de succès
possible
pour un auteur comique - l'auteur comique a besoin de la complicité du public - et
pourtant, il y a dans son théâtre une liberté d'allure, une âpreté corrosive qui nous étonnent encore
aujourd'hui.
Il y a en lui quelque chose d'inquiétant et de contradictoire : c'est tout juste s'il ne
nous demande pas d'approuver la plate et vulgaire philosophie de son bonhomme Chrysale, mais
il nous a laissé avec son
Don Juan la plus hautaine, la plus énigmatique, la plus fascinante figure
du défi métaphysique qu'on ait mise sur le théâtre.
Il nous invite à rire avec lui de son Alceste,
mais
on ne peut pas ne pas penser qu'il éprouve pour celui dont il nous demande de rire et dont
il rit lui-même une sympathie secrète, une pitié profonde, et l'on a pu dire que le Misanthrope
était la condamnation d'un monde où Alceste était ridicule.
Arnolphe lui-même ...
Sans doute
Molière tourne en dérision, avec un plaisir évident, le féroce désir de chair fraîche de ce quinqua
génaire égoïste et libidineux.
Il n'empêche qu'Arnolphe souffre.
«La souffrance, allez-vous dire,
n'est jamais ridicule.
» Mais la grandeur de Molière est de savoir que la souffrance et le ridicule
peuvent aller ensemble, au théâtre comme dans le monde.
Son Arnolphe devient de plus en
Musée de la Comédie-Française.
Plwto Giraudon..
»
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