Médée
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
URIPIDE
Médée
Parmi labondante postérité littéraire -mais
aussi lyrique -de Médée, citons la pièce
d' Anouilh (dans Nouvelles Pièces noires).
La violence du sujet effraya sans doute un
Racine, qui doit en outre beaucoup à
Euripide.
La légende de Médée, telle qu'en hérita
Euripide, était ancienne et complexe.
A Corinthe existait un culte expiatoire,
consacré aux enfants, dans le sanctuaire
d'Héra, et interprété par certains comme une
survivance du double infanticide.
Le crime horrible de Médée ou la rébellion
d'une femme blessée
T
oute la demeure corinthienne de Médée retentit
des cris de
1' épouse délaissée.
Jason, qui lui avait
autrefois juré fidélité, l'abandonne maintenant pour
épouser la fille du roi Créon.
C'est pour son bien,
dit-il, et surtout pour celui de leurs deux enfants.
Mais
Créon redoute désormais la colère et les pouvoirs
magiques de Médée,
il parle de bannissement.
Alors dans l'esprit bouleversé de
1' épouse délaissée
et de la mère resurgit un passé, tout à la fois mer
veilleux et trouble :
1' amour passionnel de la jeune
princesse barbare pour Jason venu conquérir la
Toison d'or, l'assistance qu'elle lui procura, des
parents trahis et la fuite vers la Grèce ...
tous les
serments échangés et maintenant le parjure.
Loin des gémissements, Médée se relève : sa ven
geance sera terrible.
Elle fait porter par ses deux
enfants une robe empoisonnée à sa rivale.
A leur
retour, elle les tue.
Par ce geste, elle « sauve » ses
enfants, expie son passé et se venge
d'un mari
infidèle.
Modernité
d'Euripide
Q
uelque quinze années seulement séparent
Euripide de Sophocle.
Mais déjà un pas
immense est franchi : la psychologie se complexifie,
les dieux semblent désor
mais impuissants devant
le désordre des passions
qui torturent les humains.
Non loin, la folie rôde.
Il
aura fallu attendre le
xxe siècle pour retrouver
au théâtre une telle vio
lence des sentiments.
Sur
la scène de Médée, 1' on
entend ainsi crier les en
fants, tandis que leur mère
les égorge.
Mais l'amour
revêt aussi cette bruta
lité : Médée, la barbare, est une femme brûlée par le
désir.
Elle est également une femme en révolte contre
sa condition.
Parmi toute cette noirceur cependant, un point de
lumière: le char divin qui vient enlever, à l'issue de
la pièce, une Médée peut-être apaisée.
\\l IQt 1 n.
Abandonnée
par son époux, Jason à la Toison d'or,
Médée tue de ses propres mains
les enfants qu'elle avait eus
de lui.
«Qu'est-ce qu'un mortel? Rien qu'une ombre.
,..
»
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