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Marianne Moore

Publié le 09/12/2021

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La personnalité de Marianne Moore et sa carrière constituent un des phénomènes les plus curieux de la littérature américaine actuelle. Voici un poète qui a reçu les prix les plus estimés et les plus honorables, dont l'art pousse le raffinement jusqu'aux recherches extrêmes, qui n'a jamais et d'aucune façon sollicité l'adhésion du “ grand public ”, qui semble, parfois, l'écarter délibérément, et qui, cependant, a acquis une très vaste audience. Tenu pour “ ésotérique ” ou “ hermétique ”, ce poète a su parler aux êtres sensibles le langage de la sensation, sinon du sentiment, et ne pas abstraire l'intelligence de ce contact avec la matière qui est si émouvant, par sa sincérité et sa spontanéité au milieu des détours labyrinthiques de l'expression. Les poèmes de Marianne Moore ont l'apparence de constructions suprêmement intellectuelles, et cela pourrait, au premier coup d'œil, effrayer et même rebuter quiconque souhaite une poésie plus directe et parlant plus immédiatement au cœur, mais il faut admettre que le cœur s'enferme dans des retraites où l'on ne pourra ni le rejoindre, ni l'attaquer, derrière la structure brillante d'images soigneusement choisies, polies, serties, posées à la place où par leur forme, leur couleur, leur matière, elles offriront un contraste plus frappant.

« Marianne Moore La personnalité de Marianne Moore et sa carrière constituent un des phénomènes les plus curieux de la littérature américaine actuelle.Voici un poète qui a reçu les prix les plus estimés et les plus honorables, dont l'art pousse le raffinement jusqu'aux recherches extrêmes,qui n'a jamais et d'aucune façon sollicité l'adhésion du “ grand public ”, qui semble, parfois, l'écarter délibérément, et qui, cependant, aacquis une très vaste audience.

Tenu pour “ ésotérique ” ou “ hermétique ”, ce poète a su parler aux êtres sensibles le langage de lasensation, sinon du sentiment, et ne pas abstraire l'intelligence de ce contact avec la matière qui est si émouvant, par sa sincérité et saspontanéité au milieu des détours labyrinthiques de l'expression. Les poèmes de Marianne Moore ont l'apparence de constructions suprêmement intellectuelles, et cela pourrait, au premier coup d'œil,effrayer et même rebuter quiconque souhaite une poésie plus directe et parlant plus immédiatement au cœur, mais il faut admettre que lecœur s'enferme dans des retraites où l'on ne pourra ni le rejoindre, ni l'attaquer, derrière la structure brillante d'images soigneusementchoisies, polies, serties, posées à la place où par leur forme, leur couleur, leur matière, elles offriront un contraste plus frappant. Le génie de l'image que nous admirons chez Marianne Moore a peut-être beaucoup appris de l'Imagisme, qui fut un des mouvements lesplus actifs et les plus riches en signification de la poésie américaine de notre temps.

On aurait pu craindre toutefois que le goût de l'imagepour elle- même n'entraînât une certaine gratuité.

Marianne Moore n'a pas été effleurée par cette tentation de l'image gratuite, car lesmots sont choisis par elle pour leur valeur sensorielle avant de l'être pour ce que, intellectuellement, ils représentent et signifient.

Ce sontdes mots-objets dont elle s'approche avec précaution et respect, et qu'elle a connus en tant que choses avant de les relier à des idées.

Etparmi ces mots-objets, elle préfère ceux qui s'imposent par leur densité, leur poids, leur éclat lisse, la beauté de leur matière minérale.Elle aimerait ces artistes chinois qui passent une vie entière à tailler une feuille dans un bloc de jade, parce qu'elle estime la feuillepérissable à l'égal de la pierre dure, et parce qu'elle sait que c'est la seule façon d'éterniser le périssable. L'amitié que ce poète porte aux choses est de la même qualité que celle manifestée par les poètes précieux de jadis ou de naguère pourtout ce qui vit et, vivant, est menacé par la mort.

Immortaliser le provisoire et le précaire dans une substance inattaquable au temps,devint ainsi l'opération majeure de cette poésie, au plus haut degré consciente mais nullement coupée de la palpitation du réel.

MarianneMoore va chercher le réel sous sa forme la plus simple et la plus quotidienne, qui, penserait-on, ne mérite guère de devenir l'objet d'unetransfiguration poétique ; elle n'a pas peur de glisser insidieusement une phrase tout à fait banale parmi de beaux vers.

Il faut voir,alors, à quel point cette feinte banalité étincelle et rayonne, et de quel éclat elle brille, quel relief savant et exquis lui donnent les motsqui l'entourent et l'enchâssent.

C'est le moment où l'art de Marianne Moore se fait plus savant et plus exquis : un caillou, un poisson dansun bassin, une plante, s'enveloppent d'une sorte de splendeur mystérieuse, en raison même de cette intensité avec laquelle ils “ existent”. La poésie de l'existant et de l'existentiel a trouvé chez cette poétesse américaine sa plus forte et sa plus riche expression.

L'art del'image, poussé par elle à une perfection que nul autre ne peut atteindre, est l'instrument chargé de ce maximum d'existence que le réelpossède et que le poète n'est capable d'exprimer qu'après s'être lui-même saturé de réel.

Que fait donc l'intelligence dans tout cela ? Ellecontemple et elle saisit l'objet, elle le retourne sur toutes ses faces, elle se penche afin que la lumière y tombe sous les angles les plusnombreux et les plus divers.

Elle ne cherche pas tant à rendre visible l'invisible qu'à faire du visible une monumentale évidence pleine deruse et de sincérité.

Ensuite, elle nous tend la nature et nous dit : c'est cela, et la merveille, en effet, est présente, totale, parfaite. Marianne Moore a dit, dans un poème justement célèbre, ce qu'est la poésie : non pas l'idée qu'elle s'en fait, mais la poésie en soi.

Et oùet comment il faut la chercher et la reconnaître lorsqu'on la rencontre.

“ Car il n'y a pas poésie, dit-elle, avant que les poètes parmi nouspuissent mettre littéralement en mots l'imagination, dominent l'insolence et la trivialité, avant qu'ils puissent présenter à l'inspection, desjardins imaginaires contenant de vrais crapauds, alors nous aurons de la poésie.

En attendant, si vous exigez d'une part la matièrepremière de la poésie dans toute sa force primitive et tout ce qui est d'autre part authentique, alors la poésie vous intéresse.

” Un critique a dénoncé quelque part, chez Marianne Moore, une certaine “ perversité de l'intelligence ” : l'accusation tombe très loin du butqu'elle voulait frapper.

Il n'y a jamais perversité à vouloir rendre de plus en plus intelligible tout ce qui existe.

Et si nous nous étonnons dela recherche ésotérique avec laquelle le poète choisit ses images et les dispose à leur lieu exact dans la broderie ou le tissé, c'est parceque nous n'avons pas compris que faire voir c'est avant tout étonner et que le quotidien reste prodigieusement étonnant pour quis'inquiète de savoir ce qu'il est réellement.

Révéler intellectuellement le sensoriel est une démarche poétique valable puisque toutechose, en définitive, doit devenir esprit.

Le concret n'est jamais aussi concret que lorsqu'il est connu par l'esprit dans toutes ses parties etsous tous ses aspects ; combien nécessaire, alors, cette investigation lucide poursuivie par le poète dans le royaume mystérieux deschoses que l'on croit sans mystère ! Il est rare que la magie soit absente d'un poème de Marianne Moore, mais c'est une magie domptée et do minée par l'art.

Ce poète achoisi les matières les plus rares et les plus rebelles pour les travailler ; ainsi contraint-elle le non-poétique et l'antipoétique même àdevenir poésie.

Il faut dépasser ce plaisir de l'enchantement qu'elle nous donne, et observer comment cela est fait.

La véritable beautéd'un poème consiste en ce qu'elle est rehaussée et non détruite par l'observation et l'analyse, car observer n'est pas autre chose queregarder vivre la chose devant soi.

Il fut à la mode quelque temps en Amérique d'enchâsser des bijoux dans de minuscules tortuesvivantes : nous savons bien quelle était alors la partie de ces bijoux qui était la plus précieuse. Certaines pages de Marianne Moore me paraissent des miracles aussi surprenants que celui qui s'est produit dans le Paradis Terrestre lejour où Adam a donné un nom aux êtres et aux choses qui l'entouraient et où êtres et choses ont accepté ce nom et vécu conformémentà ce nom.

Chaque poète recrée, et même, dans les heures les plus favorables, crée son propre monde.

Le monde de Marianne Moorebrille d'une tranquille et modeste splendeur : la beauté intime des objets s'y révèle en transparence.

La nature du jade et la nature dupoisson sont différentes, mais il existe dans l'un et l'autre la même relation à la Mère Nature et la même virtualité de prodiges.

Loué soitle poète qui fait du prodige l'émerveillement de chaque jour et qui glorifie chaque chose en célébrant sa glorieuse unicité ! La poétesse américaine Marianne Moore est née en 1887, mais ce n'est qu'en 1921 qu'elle publia son premier recueil de poèmes.Directrice de la revue “ The Dial ” pendant plusieurs années, elle a exercé une influence considérable sur le mouvement poétique auxÉtats-Unis et reçu les prix littéraires les plus estimés, le Bollingen en 1951, le Pulitzer en 1952.. »

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