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Marcel Proust

Publié le 09/12/2021

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Quelques écrivains, fort rares, ont inventé ou renouvelé un genre. Ainsi Walter Scott a recréé le roman historique. Stendhal et Balzac ont engendré presque tous les romans du XIXe siècle. Marcel Proust, au début du XXe siècle, a découvert des gisements inexploités et enrichi le roman d'une matière nouvelle. Le roman balzacien avait pour domaine le monde extérieur ; il avait annexé la finance, les salles de rédaction, les juges, la bourgeoisie, les paysans ; il cherchait des situations neuves et des types originaux. L'originalité de Proust est, tout au contraire, sa complète indifférence au choix de la matière romanesque. Ce qui lui importe n'est pas l'action observée, mais une certaine manière d'observer toute action. Définir Proust par le sujet de son roman, c'est exactement comme si l'on vous demandait ce qu'est Renoir et si vous répondiez : "Renoir, c'est un homme qui a peint des femmes, des enfants et des fleurs." Ce qui fait Renoir, ce ne sont pas les sujets de ses tableaux, c'est une certaine lumière irisée dans laquelle il place tout sujet. Proust a montré admirablement, à propos d'un de ses personnages, l'écrivain Bergotte, que la matière de l'œuvre ne fait pas le génie. C'est le génie qui transfigure toute matière. Le milieu familial de Bergotte était en apparence dépourvu de charme et d'intérêt, mais Bergotte en avait fait un chef-d'œuvre parce que, dans son petit appareil, il avait su décoller. Ce qui est vrai de Bergotte l'est de Proust. Il serait naïf de dire que Proust est moins grand que Balzac parce qu'il n'a pas été un romancier "social". Son univers est petit. Il se compose d'un bourg de Beauce, Illiers, où il a passé une partie de son enfance ; de sa famille ; de quelques camarades connus au lycée ou, plus tard, dans le monde ; de quelques serviteurs comme Françoise, sa fille de cuisine, et son valet de pied ; du monde-monde, représenté par un certain nombre de salons amis et par les prototypes de Saint-Loup, de Charlus, des Guermantes ; de quelques échappées sur le régiment, l'Affaire ; d'une connaissance douloureuse et profonde des passions et singulièrement de la jalousie ; d'immenses lectures, faites avec une intelligence inégalée ; et enfin d'un amour passionné de la nature que pourtant il n'a entrevue, passée l'enfance, qu'à travers des vitres et en de brèves équipées.

« Marcel Proust Quelques écrivains, fort rares, ont inventé ou renouvelé un genre.

Ainsi Walter Scott a recréé le roman historique.Stendhal et Balzac ont engendré presque tous les romans du XIXe siècle.

Marcel Proust, au début du XXe siècle, adécouvert des gisements inexploités et enrichi le roman d'une matière nouvelle.

Le roman balzacien avait pourdomaine le monde extérieur ; il avait annexé la finance, les salles de rédaction, les juges, la bourgeoisie, les paysans; il cherchait des situations neuves et des types originaux.

L'originalité de Proust est, tout au contraire, sa complèteindifférence au choix de la matière romanesque.

Ce qui lui importe n'est pas l'action observée, mais une certainemanière d'observer toute action. Définir Proust par le sujet de son roman, c'est exactement comme si l'on vous demandait ce qu'est Renoir et si vousrépondiez : "Renoir, c'est un homme qui a peint des femmes, des enfants et des fleurs." Ce qui fait Renoir, ce nesont pas les sujets de ses tableaux, c'est une certaine lumière irisée dans laquelle il place tout sujet.

Proust amontré admirablement, à propos d'un de ses personnages, l'écrivain Bergotte, que la matière de l'œuvre ne fait pasle génie.

C'est le génie qui transfigure toute matière.

Le milieu familial de Bergotte était en apparence dépourvu decharme et d'intérêt, mais Bergotte en avait fait un chef-d'œuvre parce que, dans son petit appareil, il avait sudécoller. Ce qui est vrai de Bergotte l'est de Proust.

Il serait naïf de dire que Proust est moins grand que Balzac parce qu'il n'apas été un romancier "social".

Son univers est petit.

Il se compose d'un bourg de Beauce, Illiers, où il a passé unepartie de son enfance ; de sa famille ; de quelques camarades connus au lycée ou, plus tard, dans le monde ; dequelques serviteurs comme Françoise, sa fille de cuisine, et son valet de pied ; du monde-monde, représenté par uncertain nombre de salons amis et par les prototypes de Saint-Loup, de Charlus, des Guermantes ; de quelqueséchappées sur le régiment, l'Affaire ; d'une connaissance douloureuse et profonde des passions et singulièrement dela jalousie ; d'immenses lectures, faites avec une intelligence inégalée ; et enfin d'un amour passionné de la natureque pourtant il n'a entrevue, passée l'enfance, qu'à travers des vitres et en de brèves équipées. Rien de plus et cela suffit pour alimenter, avec une profuse richesse, treize volumes.

A la recherche du temps perduest une symphonie, construite sur quelques beaux thèmes.

Le premier, celui sur lequel Proust commencera etterminera son œuvre, c'est le thème du temps.

Proust est obsédé par la fuite des instants, par le perpétuelécoulement de tout ce qui nous entoure, par les transformations qu'apporte le temps dans nos corps et dans nospensées.

Toute la vie des êtres humains est une lutte contre le temps.

Ils voudraient s'accrocher à des amours, àdes amitiés, à des opinions, à des groupes, mais les amours meurent et l'oubli des profondeurs monte lentementautour des plus chers souvenirs ; les amis disparaissent ou changent ; le temps détruit les opinions, les modes, lessociétés.

"Et les maisons, les avenues, les routes sont fugitives, hélas ! comme les années." C'est en vain que nousretournerons aux lieux que nous avons aimés ; nous ne les reverrons jamais parce qu'ils étaient situés, non dansl'espace, mais dans le temps. Et d'ailleurs, comment dire : nous ? Notre moi, plongé dans le temps, se désagrège.

Un jour, il ne reste plus rien del'homme qui a aimé, ou qui a fait une révolution.

On voit, dans le roman de Proust, le Narrateur, Swann, Odette,Gilberte, Bloch, Saint-Loup, Rachel passer successivement sous les projecteurs des âges et en prendre les couleurs,comme ces danseuses dont la robe est blanche, mais qui paraissent tour à tour jaunes, vertes ou bleues.

La femmeaimée n'existe pas ; elle est celle que les feux tournants de l'amour éclairent en un instant donné.

Notre moi jeunerit des passions des vieillards, qui seront les nôtres lorsque nous entrerons dans le faisceau du projecteur couleur devieillesse.

La vie, telle qu'elle s'écoule, n'est que du temps perdu.

Et pourtant... Et pourtant Proust a eu, en certains instants privilégiés, "l'intuition lui-même comme être absolu".

Le passé n'est pasvraiment perdu, puisqu'il peut revivre dans nos songes et parfois même à l'état de veille.

Le Narrateur, à la fin de savie, entend encore "le tintement rebondissement, ferrugineux, interminable, criard et frais de la petite sonnette",qui, dans son enfance, annonçait l'arrivée ou le départ de Swann.

Donc cette sonnette avait continué à sonner enlui, pendant toutes ces années.

La seule forme de constance du moi, c'est la mémoire.

La recréation, par la mémoireinvolontaire, d'impressions qu'il faut ensuite éclairer et transformer en équivalents d'intelligence, sera l'essencemême de l'œuvre de Proust.

Son apport, c'est avant tout une certaine manière d'évoquer le passé. Y a-t-il donc plusieurs manières d'évoquer le passé ? Il y en a au moins deux.

L'homme peut tenter de reconstruirele passé par l'intelligence, par raisonnements, documents, témoignages.

Mais cette mémoire volontaire ne nousprocurera jamais la sensation de l'affleurement du passé dans le présent, qui seule nous assure de la permanence denotre moi.

Pour retrouver le temps perdu, il faut l'évocation par la mémoire involontaire.

Et comment se produitcette évocation ? Par la coïncidence entre une sensation présente et un souvenir.

Notre passé continue de vivredans les saveurs, dans les odeurs.

"Ne pas oublier", écrit Proust, "qu'il est un motif qui revient dans ma vie...

plusimportant que celui de l'amour d'Albertine, c'est le motif de la ressouvenance, matière de la vocation artistique...Tasse de thé, arbres en promenade, clochers, etc." Ici l'exemple illustre de la petite madeleine. Dès que le Narrateur a reconnu le goût de cette madeleine, trempée dans le tilleul ou dans le thé, tout Combraysurgit de la tasse, rechargé des émotions qui lui donnaient tant de charme.

A ce moment Le temps est retrouvé, etdu même coup, il est vaincu, puisque tout un morceau du passé a pu devenir un morceau du présent.

Ainsi de telsinstants donnent-ils à l'artiste le sentiment d'avoir conquis l'éternité.

Rien ne peut être vraiment senti et conservéque sous l'aspect de l'éternité qui est aussi celui de l'art, voilà le sujet essentiel, profond et neuf, de A la recherche. »

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