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Publié le 23/05/2020

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« M.C.

ESCHER ET LA RHETORIQUE DU TRAIT A Arturo Pérez-Reverte Ière partie: DU MYTHE DE LA REPRESENTATION. L'oeil a son histoire propre.

Voir un objet, c'est avant tout y voir un soi-même différent.

La vision du monde, comme sa représentation, induit l'ordonnancement d'un chaos.

Et dans l'aventure du vivre, l'homme se montre à la fois Thésée et Oedipe.

Entrer dans le labyrinthe n'est pas tout, il faut le déchiffrer, observer ses entrelacs, c'est-à-dire l'intérioriser, se faire à son image pour le saisir.

La représentation consiste, dit Escher en 1959 (1) , à déchiffrer "les énigmes qui nous entourent". L'homme est tout entier tendu vers cette "quête du monde" qui a été sans doute à l'origine plus une recherche de soi, de la collectivité, de ses phantasmes et de ses peurs, plus une sorte d'anthropocentrisme craintif qu'un véritable désir du monde. L'oeil, instrument de repère, est à reconstruire: les choses montrant plus qu'elles ne sont.

L'Egypte ancienne, à partir du IVème siècle avant Jésus-Christ, utilise le canon comme méthode de composition.

Cela prévaudra pour tout le monde méditerranéen.

L'homme grec est la mesure de toutes choses, et toute chose est à la mesure de l'homme.

Cette mesure étalon, c'est le pied , la coudée ...

La Méditerranée, elle-même, représentant la civilisation , le monde connu , dans ses proportions demeurent à la dimension de l'humain. En Inde, les fresques d'Ajantâ (exécutées entre le Vème et le VIIème siècle) utilisent une autre forme de figuration qui s'inspire des principes de la danse.

L'homme demeure l'objet central de la représentation: point autour duquel tout s'harmonise. L'Occident médiéval, lui, ignore le paysage.

Le décor est aplati et réduit à sa simplicité, la perspective absente.

Un même personnage peut apparaître plusieurs fois dans une composition.

Tout est réduplication, l'homme est le reflet fidèle d'Adam.

L'art chinois qui lui est contemporain (à partir du VIIème siècle environ) représente des paysages reflétant une tentative spirituelle d'appropriation du monde, quête verticale.

Les chinois utilisent volontiers le fondu et le monochrome, et organisent leur espace en utilisant -ce qui nous paraît à la fois étonnant et immédiat- le point de vue ascendant .

Le paysage est évoqué, non pas horizontalement, mais verticalement: la profondeur est exprimée sans l'aide de la perspective.

Les différents plans qui se juxtaposent dans le sens de la hauteur donnent l'impression d'une monumentale élévation rocheuse.

Et pour ce qui est du volume, il est évoqué par la seule sinuosité du dessin.

Le point de vue lui aussi diffère: il offre une dilatation, une multiplication du regard.

Le punctum remotum, le point de fuite, est éclaté et dispersé.

Un critique a noté: >.

Jusque dans la peinture, la communauté prime sur l'individu. L'importance métaphysique de l'homme au monde se lit dans la représentation médiévale qui lui assigne le rôle cosmogonique de centre.

Cela pousse parfois l'artiste à de surprenantes mises en scène: sur une miniature syriaque du XIIème siècle représentant la Cène, le Christ et les apôtres sont disposés autour d'une table ronde vue de haut, en forme d'hostie.

Grâce à une perspective tournante, disposés autour de la table, ils paraissent tous de face, non sans quelques contorsions.

La collectivité, très tôt, s'organise dans la peinture moyenâgeuse, la dimension des personnages obéit au seul critère social.

Le basculement a lieu à la Renaissance: une mise en perspective s'établit, la dimension ne ressort alors plus que de la position à l'intérieur de l'espace simulé.

La rationalisation de cet espace permet donc de créer l'illusion de la profondeur.

La représentation pose le problème de l'homme dans l'espace universel, et la perspective inscrit un rapport nouveau de l'homme au monde: un rapport fondé sur la rationalité, comme si l'homme avait peur de débordements irrationnels qui ont sans doute caractérisés le Moyen Age et dont Bosch s'est fait un des derniers interprètes.

Léonard de Vinci ajoute. »

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