Lobbies
Publié le 03/06/2025
Extrait du document
«
L'Europe est-elle sous influence ? Est-elle aux mains des lobbies ? Bonjour, je
suis Sandro Calderon, journaliste RTBF, et je viens vous parler d'Europe.
Que
direz-vous aujourd'hui d'une visite dans le quartier Schumann à Bruxelles ? Ça
vous dit ? Pour cette visite, j'ai pris ma lampe torche, parce qu'on va aller
observer le monde obscur des lobbys.
C'est parti ! Les multinationales
influencent les politiques européennes pour défendre leurs propres intérêts.
Et
c'est nous, les citoyens européens, qui en faisons les frais.
Cette critique, vous
l'avez sans doute déjà entendue, peut-être même...
que vous la partagez.
Mais
est-ce vrai ou faux ? Avec Washington, Bruxelles est une des deux capitales
mondiales du lobbying.
Et c'est normal.
Bruxelles, c'est le cœur nucléaire de
l'Union européenne, là où sont élaborées toutes les lois européennes.
Voilà
pourquoi les lobbies ont envahi le quartier Schuman.
35 000 personnes font du
lobbying à Bruxelles aujourd'hui.
Le lobbyiste, c'est un influenceur ou une
influenceuse ? sont pas vraiment les mêmes.
Le lobbyiste européen est
généralement un juriste ou un expert.
Son CV est bien rempli, il doit savoir
trouver son chemin dans le labyrinthe des procédures européennes et je vous
assure que ce n'est pas une mince affaire.
Il enchaîne les rencontres pour peser
sur les lois européennes et il discute avec tous ceux qui comptent à Bruxelles.
Fonctionnaires, commissaires européens, eurodéputés, représentants des États
membres.
Il organise des conférences de presse, des campagnes de mobilisation.
Il rédige des rapports d'expertise.
Il va même jusqu'à proposer des modifications
des lois européennes, des modifications clés sur porte.
La grande majorité des
lobbys présents à Bruxelles défendent les intérêts d'une entreprise ou d'un
groupe d'entreprises.
Ils sont actifs dans tous les domaines, mais principalement
dans l'environnement, l'innovation, l'action climatique, l'industrie et l'économie
numérique.
Il y a des petits lobbys comme l'Abattoir de Conditionnement des
Lapins de Vendée en France, ce n'est pas une blague, et d'autres très puissants,
par exemple Les géants du web dépensent ensemble 100 millions d'euros par an
pour défendre leurs intérêts à Bruxelles.
Et puis il y a une deuxième sorte de
lobby.
Ils se présentent comme les défenseurs de l'intérêt général.
Ce sont les
syndicats ou les ONG, les associations non gouvernementales comme
Greenpeace ou Amnesty.
On peut donc dire en simplifiant qu'il existe deux
grandes catégories de lobby.
Les uns défendent l'intérêt général, les autres
défendent les intérêts privés, économiques et ceux-là ont une image assez
sulfureuse.
Alors le lobbying, un monde qui mélange anges et démons ? Pour
bien comprendre les ficelles du lobbying, rien de tel qu'un exemple.
Parlons de la
lutte pour le climat, l'Union européenne a de grandes ambitions en la matière.
À
l'été 2021, la Commission européenne a déposé un gros paquet de propositions,
dont celle-ci.
Interdire les voitures essence et diesel en 2035.
L'idée à peine
présentée, les lobbies se sont mises en action.
D'un côté, il y a les ONG qui
défendent l'environnement.
À Bruxelles, elles sont allées toquer à la porte des
trois institutions européennes, la Commission, le Parlement, et le Conseil, le
Conseil qui représente les pays européens.
Leur message est clair.
Les voitures
essence et diesel produisent 12% des émissions de gaz à effet de serre en
Europe.
Il faut donc les bannir et laisser la place aux voitures électriques, qui
seraient meilleures pour le climat, la santé publique et pour l'emploi.
Mais ce
n'est pas l'avis de tout le monde.
Les lobbys automobiles, eux, ont une toute
autre vision.
Ils disent « Attention, le passage au tout électrique en 2035, c'est
trop rapide, trop radical ».
Pourquoi ne pas laisser une place aussi aux voitures
hybrides ? Et puis, gare à la case sociale.
L'industrie automobile emploie
aujourd'hui 14,5 millions de personnes en Europe.
Voilà deux messages très
différents envoyés aux institutions européennes.
C'est un exemple des jeux
d'influence qui se jouent au quotidien à Bruxelles.
Mais au sein de ces lobbies,
les forces en présence sont-elles équilibrées ? La société civile lance
régulièrement des messages d'alerte.
La puissance des lobbies économiques
menacerait la démocratie européenne.
Leur influence sur le monde politique
serait trop grande.
Voici une critique récente, très concrète, et vous allez le voir,
il va encore être question de voiture.
En décembre 2021, l'ONG Corporate Europe
Observatory, une association spécialisée dans l'observation des lobbies et qui est
elle-même un lobby, a publié un rapport au titre cinglant « Une présidence sous
influence ».
Le document dénonce la décision de la France de faire appel à des
sponsors privés lors de sa présidence du Conseil de l'Union européenne en 2021.
Pendant six mois, les groupes automobiles Renault et Stellantis, la maison mère
de Peugeot et Citroën, mettent à disposition gratuitement plus de 200 véhicules.
200 véhicules pour transporter les ministres européens lors de leurs
déplacements en France.
Il s'agit de voitures électriques, mais aussi de voitures
hybrides.
Vous vous souvenez ? Ces voitures que les lobbys automobiles
défendent auprès....
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