Databac

L'IRONIE

Publié le 16/05/2020

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : L'IRONIE Ce document contient 848 mots soit 2 pages. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en Littérature.

« L'IRONIE • L'ironie consiste à dire le contraire de ce que l'on pense en signifiant qu'on pense le contraire de ce qu'on dit !Relisez cette définition pour bien comprendre...

Elle correspond au sens strict de ce qu'on appelle l'antiphrase.

Maistout le texte de Montesquieu qu'on vient d'étudier est fondé sur l'ironie, puisqu'il semble apparemment unejustification de l'esclavage, alors que l'auteur nous signifie réellement qu'il condamne l'esclavage.Mais pourquoi dire les choses en utilisant ce détour?C'est que l'ironie, en surprenant l'interlocuteur, a un effet révélateur.

Normalement, l'interlocuteur voit à peu près enquoi la réalité dont on lui parle est critiquable.

Mais il ne le voit pas assez.

Or, la phrase qui fait l'éloge de cetteréalité l'étonne; il perçoit l'écart entre la chose évoquée et le ton faussement élogieux de la formulation; il est uninstant sidéré; puis il saisit que la phrase ne doit pas être prise au premier degré; et alors, il sourit (ou il se sentvexé, si la phrase en question le vise).Alors qu'une critique directe n'étonnerait guère, semblerait monotone, l'éloge ironique induit momentanément lelecteur en erreur, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive de sa confusion, et en revienne brutalement.• Naturellement, il faut que l'auditeur se rende compte que l'on fait de l'ironie (à son égard ou à l'égard de la chosedont on parle).

Après tout, si Montesquieu faisait une défense modérée de l'esclavage, son contemporain pourrait nepas voir le scandale de celui-ci : l'ironie doit être marquée, reconnaissable, pour produire son effet de sidération etrévéler le scandale de la traite des Noirs.

Les indices de l'ironie, qui doivent permettre à l'auditeur d'inverser le sensapparent de la phrase qu'il reçoit, sont les suivants :— L'intonation, d'abord.

Elle est essentielle, et souvent suffisante à l'oral : l'insistance, la « mélodie » particulière(chantante, apprêtée) de la phrase, poussent l'interlocuteur à comprendre qu'on lui parle au « second degré ».— Le contexte, ensuite.

La phrase prononcée doit apparaître en contradiction avec la réalité observée.

Il s'agitprécisément d'une antiphrase.

Mais celle-ci n'est perçue comme antiphrase que si l'on connaît la situation réelle.Cette situation peut être évidente : c'est le cas de la maman qui, devant son enfant qui a fait pipi dans sa culotte,s'écrie « C'est du propre ! » Ou bien cette situation est expliquée, par exemple dans un texte (« En voyant lavoiture dans le fossé, le gendarme dit au conducteur : — Bravo, je vous félicite »).— Les ruptures de ton (à l'oral comme à l'écrit).

Voltaire fait par exemple cette description flatteuse de deux arméesbien ordonnées avant la bataille : « Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient uneharmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer.

» On pourrait se laisser prendre au jeu de ce bel ordonnancement :mais l'expression soudaine « en enfer » détruit l'harmonie, et nous signifie l'ironie du texte.

L'auteur peut ainsi trufferson texte d'éléments suspects, de termes calculés qui, si l'on y fait attention, nous révèlent tout à coup sadistance ironique (cf.

« ils ont dû mettre en esclavage », « le sucre serait trop cher », « il est presque impossible deles plaindre », termes dont nous avons commenté l'effet dans le texte de Montesquieu).— Les antithèses étudiées.

Elles sont trop belles pour n'être pas suspectes, et révèlent des contradictionsamusantes ou absurdes (contradiction entre la réalité et la phrase qui la décrit, ou contradictions diverses quiridiculisent les cibles de l'ironiste).

On a vu Montesquieu faire semblant d'opposer « une âme bonne » à « un corpstout noir ».

On verra Voltaire renvoyer dos àdos les protestants ou catholiques fanatiques qui s'entretuent au nom de la religion de l'amour en ces termes : «Que ceux qui couvrent leur robe d'une toile blanche pour dire qu'il faut t'aimer ne détestent pas ceux qui disent lamême chose sous un manteau de laine noire » (« Prière à Dieu »).

Double antithèse : aimer/détester; toileblanche/laine noire.

Symétrie étudiée pour ridiculiser les religieux formalistes et intolérants.— Les exagérations.

Pour faire ressortir l'écart, l'opposition radicale entre la réalité évoquée et l'expression qu'ilemploie, l'ironiste amplifie et soigne cette expression.

Ce grossissement à lui seul avertit l'interlocuteur.

Par exemple,pour décrire la prison insalubre où Candide et Pangloss sont enfermés, du point de vue « optimiste » des deux héros,Voltaire écrit : « Tous deux furent menés séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquelson n'était jamais incommodé du soleil » (rien n'est faux, et cependant, cette vision des choses est aux antipodes dece qu'on peut ressentir dans une prison).Pour terminer, citons encore Voltaire expliquant, au chapitre VI de Candide, pourquoi l'on décide de faire un « belautodafé » à Lisbonne.

Presque tous les indices de l'ironie sont présents dans cette phrase : « Il était décidé parl'université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est unsecret infaillible pour empêcher la terre de trembler.

» Antithèse (petit/grande), antiphrase (ton sur lequel il faut dire« infaillible »), disproportion entre la réalité (brûler des gens) et le spectacle, chute finale (contradictions entrel'objectif et le moyen employé, entre les décideurs et la nature de leur décision).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles