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L'évocation de la mort peut-elle être un trait de définition de la poésie lyrique?

Publié le 20/12/2021

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« L'expression "poésie lyrique" est à prendre avec précaution : si de nombreuses poésies au XIXe sont classées d'emblée dans la poésie lyrique (celles de Lamartine, de Vigny) il reste assez difficile de définir précisément ce qu'on entend par "tonalité lyrique" et "souffle lyrique" : des poètes contemporains, comme Mallarmé ou Apollinaire, semblent aussi exprimer quelque chose qui relève du lyrisme dans leur poésie, bien qu'elle soit très différente de celle de Lamartine. On peut dégager quelques caractéristiques du lyrisme, qui peuvent s'appliquer à des poètes en apparence très divers : la tonalité lyrique peut naître du processus d'élargissement soudain du regard du poète, qui sort de lui-même pour considérer un peuple, le monde où l'univers; et les poèmes lyriques abordent souvent un thème essentiel, celui de la mort, prétexte à une réflexion sur la beauté et la fragilité de la nature, ou à l'inverse fondement secret d'un poème qui en apparence n'aborde pas vraiment ce sujet. L'évocation de la mort peut-elle être un trait de définition de la poésie lyrique? I La mort est un thème propice à l'expression lyrique La mort est un sujet qui semble particulièrement favoriser un type d'expression lyrique : le lyrisme, selon la définition du Littré, est "caractéristique d'un style élevé, d'un langage inspiré": c'est une tonalité qui fait apparaître le poème comme inspiré par les dieux, et donne au poète les traits de Ion, le rhapsode inspiré du dialogue Ion de Platon, qui ne fait que re-dire les paroles du dieu.

La tonalité lyrique est adaptée à un thème essentiel comme l'est celui de la mort. La tonalité lyrique se traduit souvent dans un poème par l'élargissement à l'universel : le regard de celui qui parle sort de lui-même, se pose sur la nature, le monde, l'Univers.

Or la mort est un thème universel, puisqu'elle touche l'intégralité de ce qui existe. Exemple : L'occident de Lamartine : le poète décrit un paysage qui s'assombrit peu à peu à la tombée du soir; le coucher du soleil est en permanence associé à l'idée de la mort "sanglante image" de l'astre qui "tombe", évocation des ombres et des nuages qui fuient la mort en courant vers le soleil à la 6e strophe, occurrences fréquentes de "tout", "disparaître", "s'engloutir" au dernier vers.

La crainte de la mort qui sous-tend cette description va de pair avec un élargissement de la conscience du poète à l'universel, au paysage qui meurt au coucher du soleil.

+ ton inspiré de la vision prophétique, avec longues phrases sans ruptures (pas d'enjambements ni de césures inhabituelles) qui donne l'impression que le poète est initié à un secret divin (le mystère de la Mort où "tout va s'engloutir"). II Le chant lyrique permet de vaincre la crainte de la mort On peut reprendre l'exemple de Lamartine : la tristesse qui habite le poète dans Occident est sublimée par la beauté de la description, la peur de disparaître qui l'occupe individuellement est anoblie par son élargissement à la disparition de la nature. Beaucoup de poèmes évoquant la mort se caractérisent par ce procédé d'élargissement et de sublimation poétique, qui permet de surmonter la crainte de la mort: dans Harmonie du soir , de Baudelaire, on a aussi la description d'un coucher de soleil, qui va de pair avec l'évocation discrète de la mort ("le néant vaste et noir", coucher de soleil sanglant où l'astre se noie) mais le dernier vers montre le triomphe du poète sur la mort par le souvenir, immortalisé dans le poème : "ton souvenir en moi luit comme un ostensoir".

Le dépassement de la mort par la poésie est d'autant plus perceptible ici qu'il s'agit d'un pantoume, c'est-à-dire d'un poème basé sur la répétition de vers : 1) la dimension de travail, d'effort, de contrainte d'écriture permet de canaliser d'autant plus une peur irrationnelle 2) le ressassement, la répétition rappellent la forme de l'incantation : on répète, on nomme pour se familiariser avec ce qui fait peur (fonction apotropaïque : se prémunir contre des puissances négatives et maléfiques) III La poésie lyrique peut n'évoquer la mort qu'en "creux", en la subordonnant à la fantaisie poétique. »

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