« Les passions n'y sont représentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont causes » écrit Racine dans la préface de Phèdre.
Publié le 17/05/2020
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« Les passions n’y sont représentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont causes
» écrit Racine dans la préface de Phèdre.
Commentez cette affirmation en vous appuyant sur les textes du corpus, sur l’ensemble de la pièce de
Phèdreet sur des pièces de théatre vues et lues.
Le théâtre du XVIIe siècle s’est beaucoup inspiré des œuvres des Anciens, les auteurs classiques leur
vouaient une grande admiration.
Ils ont en effet reproduit la plupart des scénarios en y ajoutant cependant
un trait personnel mais ces scénarios ne sont tout de même pas originaux.
Les personnages nobles,
issus de la mythologie grecque ou de l’histoire romaine, y subissent leurs passions qui les mènent à une
profonde affection et altération de leur être.
De plus, les ravages de la passion comme maladie de l'âme,
ont été également explorés par les Anciens.
Dans la préface de Phèdre (1677), Racine affirme que “les
passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer tout le désordre dont elles sont cause”, l'auteur
affirme donc ici que les passions ont des effets néfastes et que celles-ci ne sont qu’un prétexte qui
renferment la vraie finalité de la tragédie
: le désordre causé par ces passions doit nous en guérir, c'est ce que l’on appelle la catharsis.
Racine
répond également aux accusations portées par les jansénistes contre le théâtre, comme Molière avant lui
dans sa préface.
Nous étudierons dans un premier les effets néfastes que peut avoir la passion sur les personnages des
pièces tragiques, puis nous nous demanderons si le jugement que porte Racine sur les passions
correspond réellement aux impressions du lecteur.
Les philosophes antiques, en particuliers les Stoïciens comme Sénèque, considéraient les passions
comme des maladies.
Ainsi la passion qui consume Phèdre est justifiée comme une maladie de l’âme et
du corps.
Elle compare d’ailleurs cet amour à un poison au vers 676 : « un poison que Médée apporta
dans Athènes ».
On remarque également que cette passion qu’éprouve Phèdre pour son beau-fils
Hyppolyte éveille en elle une violente jalousie qui par la suite l’amènera à la folie puis à la mort ce qui fait
que Phèdre, héroïne tragique, se présente tout au long de la pièce comme une victime.
On observe
également que dans Phèdre, chaque étape de l’action retarde et confirme tout à la fois la
mort prochaine de Phèdre : « Je n’en mourrai pas moins, j’en mourrai plus coupable » vers 242, mais
aussi dans Bajazet de Racine, « Et d’un poignard les unissant tous deux, les percer l’un et l’autre, et moi-
même après eux » vers 1249-1250.
Mais l’on note également que cette passion des héros a une influence plus ou moins importante sur les
autres personnages de la pièce qui en sont victimes.
Dans Phèdre, Hippolyte meurt victime des
mensonges de sa marâtre ainsi qu’Œnone, sa confidente qui a consacré sa vie à Phèdre.
Mais également
dans Othello où Othello est victime des mensonges d’Iago, jaloux.
Dans la pièce de Roméo et Juliette de
Shakespeare, de nombreux personnages meurent également: Mercutio, Tybalt, Paris, Roméo et Juliette
Cependant, il est vrai que Phèdre a vécu un amour incestueux car c’est pour son beau-fils qu’elle
éprouvait un amour éperdu mais est-elle vraiment responsable de cette tragédie ?
En effet, le spectateur, lui ne perçoit pas forcément les choses de la même façon que l’auteur.
L’amour
incestueux de Phèdre est cause des « vengeances célestes » ce qui fait qu’elle n’est pas la première
responsable de la passion douloureuse qui
la ronge.
Au final, cette passion la trouble jusqu’à lui donner envie de mourir.
Elle se comporte alors
comme une véritable héroïne chrétienne ayant le sens du péché et considérant sa passion pour Hippolyte
comme une passion criminelle et elle ne peut pas échapper à la mort puisque c’est son destin.
Par la
suite, elle vient même à se détester et à regretter ses actes.
Donc Phèdre donne au spectateur un
sentiment de pitié après avoir suscité de la terreur.
De plus, certaines tragédies de Corneille se terminent bien, Mithridate de Racine également et personne.
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