Les loisirs et leurs utilisations

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« Selon J. Dumazedier, la fonction de divertissement délivre de l'ennui par des activités de compensation ou par le recours à la vie imaginaire. Il définit la « fonction de développement » par une participation sociale plus large et une culture désintéressée du corps et de l'esprit. La fonction de développement du loisir est quotidiennement entravée au profit de la fonction de divertissement. Toute une ambiance, tout un réseau de suggestions, d'incitations, de pressions valorisent les attitudes d'évasion au détriment des attitudes de réflexion; les plus saines réactions contre les contraintes de la vie quotidienne sont amplifiées, déviées, dénaturées. Certes, l'avantage du système est d'offrir un barrage puissant aux pédagogies ennuyeuses et aux propagandes accablantes. Mais son plus grave inconvénient est de standardiser à un niveau élémentaire le choix du plus grand nombre. Par le sport, Coùbertin avait voulu apporter à la nation « le calme, la philosophie, la santé et la beauté ». Une presse sportive, des rubriques spécialisées de plus en plus envahissantes excitent les' familiers des stades et des vélodromes, orientent l'attention vers les seuls professionnels, les transforment en demi-dieux, et les dévots deviennent d'innombrables clients qui entretiennent les affaires. En cinquante ans, à peu près toutes les idées de Coubertin sont trahies : le sport de masse n'est pas l'essentiel mais l'accessoire, les champions ne sont pas des animateurs mais des vedettes. Personne ne les initie à un rôle social. Hors des cercles pédagogiques, on n'observe jamais une incitation sérieuse à tirer du sport un style de vie, une culture esthétique, dramatique, sociale, humaine. Comment la masse des sportifs trouverait-elle dans le sport un moyen de culture? Même les Jeux olympiques prévus comme « une manifestation pédagogique qui doit centraliser, comme jadis, autour du culte de la jeunesse, la pensée collective des peuples », ne sont plus pour la majorité des dirigeants des fédérations sportives et de la presse spécialisée que des championnats du monde sans grande portée éducative. Seuls quelques obstinés s'efforcent de témoigner encore, dans cette ambiance contraire, de la signification originale de l'épreuve. Autre exemple : La télévision a en elle-même les moyens de nous faire découvrir tous les pays que nous ne pouvons visiter, de nous faire explorer les musées, de nous communiquer les chefs-d'oeuvre du cinéma et du théâtre, de nous initier aux grandes découvertes de la technique ou de la science, elle peut nous transmettre en direct des fêtes, des événements lointains. Elle tend à l'universel dans l'instantané. La télévision française réussit souvent à mettre en valeur ces possibilités, mais les stations de télévision commerciale gâchent presque complètement cette chance. ...»