les Fables
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
« La poésie ne raconte pas d’histoire » écrit Henri Meschonnic en 1985.
Pour cet auteur, la narration
empêche l’accès au vrai dans la poésie.
Et pourtant, les fables, textes poétiques courts en prose ou en
vers, des pures fictions narratives faisant parler des animaux ou des végétaux, apportaient bien un
savoir, une vérité profonde, souvent politique.
C’est pour cela que dans son traité Emile ou de
l’Education , publié en1762, Rousseau explique que les fables ne sont pas destinées aux enfants.
Il pose
le problème de la réception de ce genre de textes.
La réception des fables dans le monde des lecteurs
peut-elle être scolaire ou bien est-elle plus érudite ?
1) L’opinion commune tend à penser que les fables sont des récits plutôt destinés aux enfants.
a) Les caractéristiques des fables font de ces textes la forme littéraire qui semble la plus adaptée
aux enfants
Récit court, facilement mémorisable, rythmé grâce aux vers quand il y en a, un schéma narratif simple
( une rencontre, une discussion, des péripéties, une morale), alternance de récit et de discours donc un
texte vivace qui entretient la concentration des enfants, des péripéties et des retournements de situation
qui passionnent, récit amusant, ludique car met en situation des animaux et des végétaux, drôle quand
les animaux se joue des tours entre eux (image du renard rusé et fourbe, par exemple quand il vole le
fromage du corbeau), une fin heureuse et prévisible, appartient au domaine du merveilleux, domaine
de prédilection des enfants.
b) La visée didactique des fables de La Fontaine semble avoir pour vocation d’apprendre la
morale aux enfants.
Il ne veut pas être trop moralisateur ou trop sec.
La devise de La Fontaine
dans l’écriture de ses fables est toujours « Docere et Placere » et pour plaire, La Fontaine
choisit la forme versifiée.
c) Du point de vue du contexte historico-littéraire, la fable est un genre littéraire controversé.
Le
premier auteur connu de nos jours pour avoir écrit des fables est Esope ( 6e siècle avant JC).
Cet esclave prisonnier de guerre écrit des fables brèves, en prose, des récits courts et efficaces,
mémorisables facilement.
Les fabulistes trouvent grâce aux yeux de Platon grâce à la visée
didactique des fables.
Phèdre, esclave de Thrace, transpose au 1e siècle ap JC la prose d’Esope
en vers iambiques.
Il reprend la devise « Docere et Placere » (plaire et instruire).
L’humilité du
fabuliste devient un topos, un lieu commun, une façon de répondre aux critiques de ceux qui
leur reprochent de faire parler des animaux et les arbres.
Les fables de Phèdre ont une portée
politique très importante.
Boileau, grand théoricien littéraire du 17e siècle évoque comme
grands genres littéraires le poème épique, la tragédie, la comédie et la poésie lyrique et
mondaine.
La fable n’est même pas citée car on considérait qu’elle appartenait aux exercices
scolaires.
Dans le milieu de La Fontaine, on déteste ce qui est trop pédagogique ou pédant.
Ainsi, les fables ont pu être considérées comme des récits peu sérieux, utiles seulement pour inculquer
une bonne conduite aux enfants.
La Fontaine va remettre au gout du jour ce genre qui n’avait pas
grande sympathie à l’époque, d’où le soin qu’il met à l’élégance du style, la vivacité, le trait d’esprit,
et ce genre devient un genre littéraire à part entière, bien éloigné des récits enfantins.
***.
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