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Le théâtre est-il un spectacle populaire ?

Publié le 09/12/2021

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« Le théâtre occupe une place spécifique parmi les genres littéraires dans la mesure où il ne se définit pas exclusivement par des caractéris tiquesstylistiques mais par la représentation.

C elle-ci peut être analysée d'un point de vue esthétique (lorsqu'on juge du bien-fondé de telle ou telle mise enscène) ou sociologique.

O n analyse alors comment s'insère le théâtre dans la vie culturelle de la société, qui va au théâtre, où, à quel prix...

O n peut parexemple se demander si le théâtre est un spectacle populaire, en entendant par là un divertissement attirant un large public, le contraire d'une élite qu'ils'agirait d'ailleurs de définir.Contrairement à l'opinion reçue qui se contente de l'opposer au cinéma, le théâtre est un spectacle populaire par définition, par ses origines et par denombreuses tentatives actuelles. Le théâtre dans son ess ence repose sur l'idée de représentation, donc de public .

On sait que le théâtre écrit et lu dans un fauteuil est une exception.

Lavéritable vocation du théâtre est sur les planches.

La participation du public est inhérente à l'ac complissement de la pièce.

Les acteurs rappellent souventcombien ils ressentent la qualité d'écoute que leur accorde le public.

On sait par exemple que le public du xviiie siècle réagit vigoureusement par desplaisanteries aux pièces qu'ils critiquent.

Le théâtre révolutionnaire, a fortiori, s'appuie sur le public dont il sollicite plus ou moins explicitement desréactions d'enthous iasme ou de rejet.La participation du public est très importante dans les premières formes de théâtre.

Ainsi, le théâtre grec dérive de cérémonies religieuses en l'honneur deDionysos, et plus particulièrement du dithyrambe, un genre mi-religieux, mi-littéraire avec des chœurs (peut-être formés sur place au hasard des tournéesde l'entrepreneur de théâtre) et des danses.

M ême au Ve siècle, époque de l'apogée du théâtre classique, celui-ci s'insère dans un déroulement social etpopulaire puisque, lors des fêtes consacrées à Dionysos, il y avait s uccessivement deux jours de dithyrambes puis des concours de tragédies et decomédies.

Les vestiges des théâtres antiques permettent d'imaginer le pittoresque de ces représentations du matin, en plein air, les gradins remplis d'unefoule bigarrée en costume de fête.

C 'était bien là un spectacle populaire : songeons que le théâtre d'A thènes comportait quatorze mille places environ, alorsque l'actuel palais de Chaillot à Paris peut accueillir deux à trois mille spectateurs .

Le public était réparti par groupes : les membres du sénat, les étrangers,les femmes assises sur les gradins du haut, groupes qui c onstituaient autant d'attitudes homogènes.

O n mangeait et on buvait pendant les représentations. Sans prétendre à un parcours his torique exhaustif, signalons quelques périodes du théâtre français communiant dans cette même ferveur populaire.

Unexemple peut être trouvé dans le théâtre médiéval et particulièrement dans le mystère.

Les acteurs (le plus souvent d'occasion) sont recrutés selon desmodalités comparables à celle de la parade foraine, le spectacle est annoncé afin que le public afflue.

Là encore, le nombre de spectateurs est élevé : «quatre-vingt mille hommes » prétend un chroniqueur pour un mystère joué en 1516 à A utun.

Le soin apporté aux costumes et aux déc ors, surtout à lareprésentation de l'enfer et du paradis, montre combien le spec tacle est conçu pour le peuple.

La C omedia dell'Arte, les parades, le théâtre de foire, la farc e,les spectacles de marionnettes sont autant d'exemples montrant que la veine populaire est une dimension essentielle du genre théâtral.Ces exemples nous paraissent bien éloignés de la conception actuelle du théâtre.

C ependant l'époque contemporaine fournit un grand nombre d'entreprisesde démocratisation du s pectacle.

Songeons par exemple au T héâtre national populaire, théâtre subventionné, conçu pour offrir au public des places à prixmodéré.

Il fut dirigé par Jean Vilar qui, avec la collaboration de Gérard Philipe et la ferveur du public, assura le renouvellement des chefs-d'œuvre etl'ouverture du répertoire.

Il fut par la suite trans féré à Villeurbanne et dirigé par Patrice C héreau et Roger Planchon.

La création de festivals c omme celuid'Avignon entre autres, auquel est associé le nom de Jean V ilar, témoigne également d'une démocratisation du théâtre, de même que les innovationsesthétiques de la C artoucherie de Vincennes et de la troupe dirigée par A riane Mnouchkine.

Dans un autre domaine, les grands spectacles populaires misen scène par Robert Hos sein, Les Misérables, Notre-Dame de Paris, Le C ourrier de Lyon, attirent un public massif.

Le théâtre ne semble donc pas rés ervé àune élite, pas plus les chefs-d'œuvre du répertoire quand ils sont adaptés ou joués par des acteurs célèbres qui attirent le public, que certains genrespopulaires par définition comme le théâtre de boulevard.

Le succès non démenti des pièces d'André Roussin {La Petite Hutte ou Lorsque l'enfant paraît) oud'émissions comme A u théâtre ce soir de Pierre Sabbagh le prouve aisément.L'adhésion donnée par le public à la retransmiss ion de pièces de théâtre enregistrées témoigne cependant d'un malaise.

Le théâtre s erait-il réservé à uneélite ou du moins à un certain public ? Au nom de quels critères ? Le théâtre ne peut pas toucher un public aussi large que celui des cinéphiles, et a fortiori des téléspectateurs, pour des raisons financières, matérielles,géographiques et culturelles.

Nous examinerons ces diverses difficultés auxquelles se heurte le théâtre en tâchant d'entrevoir les remèdes qui éviteraientcette crise du théâtre dont s'inquiètent actuellement les autorités culturelles .Indéniablement, les plac es de théâtre coûtent cher, plus cher que le prix d'entrée au cinéma.

Encore faudrait-il nuancer ce jugement en songeant auxthéâtres subventionnés, aux réductions accordées aux étudiants et aux places vendues juste avant la représentation.

Un autre argument avancé par lesdétracteurs du théâtre est la diffic ulté d'obtenir des places : il faut parfois se déplacer, faire la queue.

C ontrairement au cinéma, on ne peut se décider à allerau théâtre à l'improviste.

Là encore, quelques aménagements pratiques peuvent aplanir ces difficultés matérielles comme les réservations par téléphone,par agence ou la formule de l'abonnement, avec ou sans date fixe, qui limite considérablement ces corvées et permet d'obtenir une place en priorité auxspectacles ayant un vif succès pendant la saison.L'inégalité géographique de la répartition des théâtres à travers la Franc e nuit également à une fréquentation populaire et homogène.

Le public des grandesvilles, et surtout de la région parisienne, est infiniment favorisé.

En dehors des grands théâtres nationaux prestigieux, Paris regorge de petits théâtres.L'extension des fes tivals de province, y compris dans des villes de moyenne importanc e, et des tournées montre qu'un effort de décentralisation nécessairea été entrepris.Plus grave, parce qu'interne au théâtre et non dû à des causes matérielles, est l'éloignement pour des raisons culturelles.

La désaffection d'une partie dupublic est d'ordre intellectuel.

Les spectateurs potentiels refusent le spectacle théâtral de peur de s'ennuyer.

Ils craignent d'éprouver le même sentimentque lors de la lecture imposée de pièces classiques.

Le théâtre est-il rés ervé à une élite intellectuelle ?Le répertoire classique peut légitimement ne pas attirer un public peu intellectuel, peu soucieux de renouer avec la culture traditionnelle.

Ne nions pascependant que le répertoire classique doit c ontinuer d'être joué - c'est une des fonctions de troupes comme celle de la C omédie française - et que la miseen scène peut considérablement moderniser et réactualis er ces pièces.

On a vu par exemple monter un Nicomède, tragédie politique de Corneille, avec unefouguetout à fait étonnante.

Si les dorures et le velours rouge des théâtres à l'italienne, la tragédie et l'alexandrin ou les comédies trop souvent étudiées deMolière et de M arivaux rebutent, c ombien d'autres possibilités s'ouvrent à l'amateur d'art dramatique !...

Le théâtre de la Huchette joue inlassablement LaCantatrice chauve et La Leçon, une pièce tirée du roman de Boris V ian L'Ecume des jours tint l'affiche pendant plusieurs saisons, un Huis clos de Sartrejoué parmi les spectateurs obtint également un vif succès...

Nul n'est obligé d'aller écouter C laudel, s'il préfère Viens dormir à l'Elysée ! C 'est là aussi uneliberté que nous accorde le théâtre populaire.La mise en scène, la présenc e de grands acteurs dont l'aura est c omparable à celle des stars du cinéma sont également des gages de succès.

Nul douteque Francis Huster attire autant sinon plus que la pièce du C id, Jeanne Moreau que La Servante Zerline, Wilson et Dufilho que Qui se souvient de Rapaport ? Le théâtre par essence est populaire.

De nombreux exemples historiques le montrent.

Manifestation extériorisant un certain nombre de pulsions, associée àla vie religieus e, sociale et politique, il est nécessairement lié au public qui est son support.

S'il ne touche pas un public aussi vaste que le cinéma ou biensûr la télévision, il faut incriminer des raisons d'ordre pécuniaire, matériel et géographique plus que c ulturel et des remèdes peuvent et doivent être trouvés.Spectacle et théâtre sans être synonymes (puisqu'il existe quantité de spectacles qui ne relèvent pas du théâtre) s'appuient sur une dimens ion essentielle :la présence et la participation d'un vaste public .

De même que la salle de concert authentifie l'œuvre musicale, le public démultiplie la pièce de théâtrecomme le montre la caméra d'Ingmar Bergman passant sur les visages des s pectateurs assistant à la représentation de La Flûte enchantée de M ozart.. »

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