Databac

Le Romantisme

Publié le 09/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Le Romantisme . Ce document contient 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Le mot " romantisme ", l'adjectif " romantique " ont, dans les diverses langues européennes, une longue et complexe histoire. Personne ne sait trop d'où est venu ce terme, appelé à une grande fortune et à une non moins grande déchéance. On l'a fait dériver de " roman ", au sens de fiction littéraire, mais aussi de l'adjectif " roman ", dans le sens où l'on parle des peuples " romans " (ou latins). Rien n'est certain, sinon qu'au XVIIIe siècle, le " romantisme " ou le " romanticisme " ne désignait guère autre chose qu'une ambiance, ou un paysage tel que l'aimèrent les lyriques anglais. Il ne portait alors ni faveur ni défaveur. On était loin de soupçonner qu'en un proche avenir les écrivains de toutes nations se livreraient en son nom des batailles acharnées. On se doutait moins encore qu'une fois passée l'époque tumultueuse, les bourgeois oisifs et les jeunes filles sentimentales décoreraient de ce titre leurs incertaines rêveries, les attendrissements des coeurs faciles, les " pianos qu'on entend dans les quartiers aisés ", et jusqu'aux modes du costume ou de l'ameublement. Puis ce fut la réaction, et " romantique " devint un qualificatif de mépris... Et pourtant, nous demeurons les héritiers de ces désordres et de ces découvertes. Nous portons le romantisme dans notre sang ; les normes de l'art et de la morale classiques, qu'il a détruites, ne revivront plus. Les terribles événements de notre histoire récente sont encore le même ébranlement qui fait de nous les dernières victimes, ou bien les ultimes bénéficiaires du romantisme. De là proviennent toutes les difficultés : comment définir un mouvement qui ne fut étranger à rien de ce qui est advenu depuis deux siècles ? Où trouver ce qu'il y a de commun entre Keats, Shelley, Byron, Novalis, Tieck, Arnim, Brentano, Hoffmann, Hölderlin, Kleist, Hugo, Lamartine, Musset, Vigny, Nerval, Balzac, Manzoni, Lermontov ? Qui aura raison, des Allemands, qui font de Goethe et de Schiller leurs classiques, ou de la critique française qui les annexe au romantisme ? En Italie, en Espagne, en Russie, dans la France de 1830, il ne s'agit guère que d'une révolution dans les formes de l'expression littéraire. L'Angleterre, première initiatrice, offre l'exemple d'un romantisme surtout lyrique, vivant dans des oeuvres spontanées, en l'absence de toute théorie cohérente. En Allemagne, au contraire, c'est une recherche concertée, où les philosophes ont autant de part que les poètes, et où les poètes eux-mêmes sont des philosophes. Et n'oublions ni la musique, ni la peinture, ni la naissance du socialisme et les révolutions romantiques.

« Le Romantisme Le mot " romantisme ", l'adjectif " romantique " ont, dans les diverses langues européennes, une longue et complexehistoire.

Personne ne sait trop d'où est venu ce terme, appelé à une grande fortune et à une non moins grandedéchéance.

On l'a fait dériver de " roman ", au sens de fiction littéraire, mais aussi de l'adjectif " roman ", dans lesens où l'on parle des peuples " romans " (ou latins).

Rien n'est certain, sinon qu'au XVIIIe siècle, le " romantisme "ou le " romanticisme " ne désignait guère autre chose qu'une ambiance, ou un paysage tel que l'aimèrent les lyriquesanglais.

Il ne portait alors ni faveur ni défaveur.

On était loin de soupçonner qu'en un proche avenir les écrivains detoutes nations se livreraient en son nom des batailles acharnées.

On se doutait moins encore qu'une fois passéel'époque tumultueuse, les bourgeois oisifs et les jeunes filles sentimentales décoreraient de ce titre leurs incertainesrêveries, les attendrissements des coeurs faciles, les " pianos qu'on entend dans les quartiers aisés ", et jusqu'auxmodes du costume ou de l'ameublement.

Puis ce fut la réaction, et " romantique " devint un qualificatif de mépris... Et pourtant, nous demeurons les héritiers de ces désordres et de ces découvertes.

Nous portons le romantisme dansnotre sang ; les normes de l'art et de la morale classiques, qu'il a détruites, ne revivront plus.

Les terriblesévénements de notre histoire récente sont encore le même ébranlement qui fait de nous les dernières victimes, oubien les ultimes bénéficiaires du romantisme.

De là proviennent toutes les difficultés : comment définir unmouvement qui ne fut étranger à rien de ce qui est advenu depuis deux siècles ? Où trouver ce qu'il y a de communentre Keats, Shelley, Byron, Novalis, Tieck, Arnim, Brentano, Hoffmann, Hölderlin, Kleist, Hugo, Lamartine, Musset,Vigny, Nerval, Balzac, Manzoni, Lermontov ? Qui aura raison, des Allemands, qui font de Goethe et de Schiller leursclassiques, ou de la critique française qui les annexe au romantisme ? En Italie, en Espagne, en Russie, dans laFrance de 1830, il ne s'agit guère que d'une révolution dans les formes de l'expression littéraire.

L'Angleterre,première initiatrice, offre l'exemple d'un romantisme surtout lyrique, vivant dans des oeuvres spontanées, enl'absence de toute théorie cohérente.

En Allemagne, au contraire, c'est une recherche concertée, où lesphilosophes ont autant de part que les poètes, et où les poètes eux-mêmes sont des philosophes.

Et n'oublions ni lamusique, ni la peinture, ni la naissance du socialisme et les révolutions romantiques. S'il fallait désigner un romantique type, et tenter de circonscrire d'après lui l'expérience idéale du romantisme, j'éliraissans hésiter Novalis.

Sa vie à elle seule est une légende exemplaire, celle de l'adolescent fragile, marqué pour unemort précoce, attentif dès ici-bas à tous les signes par lesquels le monde invisible nous avertit de son existencemêlée à la notre.

Le rêveur, chez lui, se double d'un tempérament nullement efféminé, très viril au contraire, et quise jeta à l'acquisition des connaissances comme à une merveilleuse conquête.

La volonté et la conscience lucideont, dans son aventure, autant de part que le rêve et l'imagination.

Très tôt, il prend la détermination de touttransformer en religion : l'amour, la mort, les plaisirs, les sciences.

Une même magie souveraine efface les limitesentre les diverses activités humaines, dans une universelle communication et selon les lois de l'inépuisable analogie,qu'il se propose de déchiffrer pour s'arroger le pouvoir de restaurer la création dans son harmonie primitive,antérieure à la chute originelle et à la séparation.

Le chemin mystérieux va vers l'intérieur.

C'est en nous, sinon nullepart, qu'est l'éternité avec ses mondes, le passé, l'avenir...

La poésie est le réel absolu.

Telles sont les formulesmajeures, telles les ambitions : il s'agit de retrouver le paradis perdu, et de le retrouver par le moyen de la parolepoétique, devenue souveraine.

Le romantisme se reconnaît d'abord au rapport singulier qu'il établit entre l'oeuvreécrite et le destin de son auteur ou le destin commun de toute l'espèce : l'oeuvre est instrument de salut,instrument de Rédemption.

Cette démarche est prométhéenne, peut-être luciférienne : Satan sera l'un des modèlesdu poète nouveau, du " poète maudit ". Avant et après Novalis, le romantisme allemand est rupture avec le passé immédiat avec le rationalisme,l'Encyclopédie et retour à un passé plus ancien : la Renaissance italienne et germanique, de Giordano Bruno àParacelse ou à Jakob Boehme, si ce n'est même aux présocratiques grecs.

Le lyrisme heureux d'un Jean-Paultransforme spontanément la terre en un paradis, mais Arnim invente des féeries plus calculées, construisant desmondes arbitraires et cruels avec tout l'artifice d'un minutieux ordonnateur du langage.

Un soir, il pousse ce cri :Encore une journée passée dans la solitude de la poésie, qui annonce de loin le Je ne suis pas d'ici, de Rimbaud, ettant d'autres aveux plus récents.

Trois Titans couronnent le romantisme allemand : Kleist le brutal, qui s'évade,brisé, dans le suicide ; Hoffmann, familier des fantômes et des cauchemars ; Hölderlin, qui reste sans doute le plusgrand inventeur du verbe qu'ait connu aucune littérature et qui, sacrifiant ce don prestigieux, s'enfermera quaranteans dans le mutisme d'une folie cérémonieuse. Aventuriers de la pensée, courant le risque de toutes les catastrophes personnelles, ayant laissé le mythe de leursvies tragiques plutôt qu'aucune oeuvre vraiment accomplie, les romantiques d'Allemagne s'apparentent aux poètesfrançais post-baudelairiens, bien plus qu'aux grands hommes de 1830.

Jaugés à cette aune, Lamartine, Musset etVigny appartiennent encore au type ancien de l'écrivain.

Seul Hugo rejoindra les explorateurs germaniques au borddes abîmes, mais il ne s'en approchera que dans la seconde moitié de sa vie, lorsqu'il enfantera ses grands mythes,destinés selon lui à constituer la Bible d'une religion nouvelle, instauratrice de la paix universelle. La France, pourtant, peut revendiquer au moins deux autres grands romantiques : Balzac et Gérard de Nerval.

Levisionnaire de la Comédie Humaine, nourri d'occultisme, habité d'ambitions prométhéennes, ne se promettait pasmoins que de remonter la pente de l'incarnation : comme son héros, Louis Lambert, il annonçait qu'un jour, grâce àl'opération du génie, " la chair se ferait Verbe ", la nature se métamorphoserait en esprit pur.

Plus modeste de ton,Nerval poursuivit un songe semblable et, envahi par les images de sa démence, voulut les maîtriser, changer sondestin au lieu de le subir, attester que tout est vrai, " dans ce monde ou dans l'autre ", de ce que crée l'imagination.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles