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Le Pou , chant 2 des Chants de Maldoror, Comte de Lautréamont, 1869.

Publié le 15/02/2024

Extrait du document

« Le Pou , chant 2 des Chants de Maldoror, Comte de Lautréamont, 1869. Le Pou [...] Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête, et qu'ils se contentent d'extraire, avec leur pompe, la quintessence de votre sang.

Attendez un instant, je vais vous le dire : c'est parce qu'ils n'en ont pas la force.

Soyez certains que, si leur mâchoire était conforme à la mesure de leurs vœux infinis, la cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout votre corps y passerait.

Comme une goutte d'eau.

Sur la tête d'un jeune mendiant des rues, observez, avec un microscope, un pou qui travaille ; vous m'en donnerez des nouvelles.

Malheureusement ils sont petits, ces brigands de la longue chevelure.

Ils ne seraient pas bons pour être conscrits ; car, ils n'ont pas la taille nécessaire exigée par la loi.

Ils appartiennent au monde lilliputien de ceux de la courte cuisse, et les aveugles n'hésitent pas à les ranger parmi les infiniment petits.

Malheur au cachalot qui se battrait contre un pou.

Il serait dévoré en un clin d'œil, malgré sa taille.

Il ne resterait pas la queue pour aller annoncer la nouvelle.

L'éléphant se laisse caresser.

Le pou, non.

Je ne vous conseille pas de tenter cet essai périlleux.

Gare à vous, si votre main est poilue, ou que seulement elle soit composée d'os et de chair. C'en est fait de vos doigts.

Ils craqueront comme s'ils étaient à la torture.

La peau disparaît par un étrange enchantement.

Les poux sont incapables de commettre autant de mal que leur imagination en médite.

Si vous trouvez un pou dans votre route, passez votre chemin, et ne lui léchez pas les papilles de la langue.

Il vous arriverait quelque accident.

Cela s'est vu. N'importe, je suis déjà content de la quantité de mal qu'il te fait, ô race humaine ; seulement, je voudrais qu'il t'en fît davantage.

[...] Comte de Lautréamont, Les chants de Maldoror, chant deuxième, « Le Pou », 1869 Isidore Ducasse, surnommé le Comte de Lautréamont, est un poète faisant partie au 19ème siècle comme Charles Baudelaire ou Arthur Rimbaud des poètes maudits.

Lautréamont est aussi considéré comme l’un des pères fondateurs de l’écriture surréaliste. L’œuvre dans lequel notre texte s’inscrit s’intitule Les Chants de Maldoror.

Dans cet ouvrage poétique découpé en six chants, Maldoror fait réfléchir par ses attaques et ses accusations haineuses envers l’humanité et dit de son œuvre « Ma poésie ne consistera qu’à attaquer, par tous les moyens, l’homme ». Le texte que nous allons analyser, assez insolite, est un poème en prose, s’intitule « Le pou », Il s'agit plutôt d'une description de la "dévoration" que peut faire subir le pou à tout organisme vivant, aussi énorme soit-il.

Maldoror (mal d'horreur ou mal d'aurore ?).

semble mettre en garde l'homme contre les intentions du pou.

Ensuite, il se réjouit du mal que ce pou monstrueux peut faire à l'humanité. il y a une complaisance dans l'évocation du pou anthropophage.

L'horreur, le sadisme et la monstruosité sont néanmoins si exagérés que cela en devient burlesque Le Pou LECTURE MOUVEMENTS DU TEXTE 1.

Le poète omniscient apporte dans un premier temps son savoir sur le pou l 1 à 6 2.

puis il décrit son pouvoir malgré sa petite taille l 7 à 19 [...] Vous ne savez pas, vous autres, pourquoi ils ne dévorent pas les os de votre tête, et qu'ils se contentent d'extraire, avec leur pompe, la quintessence de votre sang. pronom personnel « Vous » qui nous indique une adresse claire et évidente : Maldoror parle au lecteur , apostrophé juste après par une tournure méprisante « vous autres » qui souligne l'ignorance des hommes et la supériorité de Maldoror par la suite , champ lexical de la dévoration et vampirisation « dévorer , la quintessence de votre sang ».

La figure du pou est fortement présente et indique son rôle destructeur dès la première phrase de notre texte. « ils » désignent le titre du poème « les pous », animal banal et laid , qui appartient à ce que Baudelaire appelle « la boue » Attendez un instant, je vais vous le dire : c'est parce qu'ils n'en ont pas la force.

Soyez certains que, si leur mâchoire était conforme à la mesure de leurs vœux infinis, la cervelle, la rétine des yeux, la colonne vertébrale, tout votre corps y passerait.

Comme une goutte d'eau. « attendez un instant, je vais vous le dire » remarque sarcastique:.

L’auteur semble là pour nous apprendre quelque chose, comme un scientifique ou un enseignant.

Registre didactique dans cette expression ( id dans la suite ).

+ impératif, sommes-nous dans le conseil ou dans l’ordre ? « Soyez certains que » appuie une nouvelle fois le registre didactique mais aussi un impératif avec une valeur prédictive ; Maldoror connait son sujet et semble connaitre l’issue d’une rencontre entre un pou et l’homme. la personnification « vœux infinis » inverse le rapport de force entre le pou et l’homme.

Le pou n’est plus un simple insecte mais devient capable de raison et de vœux. Par sa force, ses désirs, le pou se montre supérieur à l’homme énumération « la cervelle, la rétine […] tout votre corps y passerait ».

liste de nos faibles parties du corps face à la force fantasmée du pou.

= nouveau registre, celui.... »

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