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Laval, Pierre

Publié le 06/12/2021

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1   PRÉSENTATION

Laval, Pierre (1883-1945), homme politique français, qui fut, en tant que deuxième personnage du gouvernement de Vichy, l’un des principaux artisans de la collaboration avec l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale.

2   L’ASCENSION SOCIALE

Né à Châteldon (Puy-de-Dôme), fils d’un aubergiste, tôt remarqué à l’école pour ses capacités, il entreprit des études, qu’il finança en devenant surveillant d’internat. Titulaire de deux licences (en droit et sciences naturelles), marié à la fille du maire de Châteldon, il s’installa en 1907 à Paris et s’inscrivit au barreau.

Avocat attitré de plusieurs syndicats, dont la CGT, spécialisé dans le droit du travail, il s’attira une flatteuse réputation en obtenant l’acquittement d’un syndicaliste anarchiste, Manhès, qu’il avait défendu gratuitement. Adhérent de la SFIO depuis 1905, il entama sa carrière politique en se faisant élire député d’Aubervilliers, sous l’étiquette de socialiste révolutionnaire. Bien implanté dans cette circonscription populaire de la banlieue parisienne, où résidaient de nombreux Auvergnats, il fut cependant, en raison de son pacifisme militant, battu aux élections de 1919, qui virent la victoire du Bloc national, très marqué par l’esprit « ancien combattant «.

3   LA CARRIÈRE MINISTÉRIELLE

Ayant déjà entamé l’évolution politique qui devait le mener vers la droite, il ne rejoignit pas le Parti communiste lors de la scission du congrès de Tours et commença à prendre ses distances avec la SFIO. Élu maire d’Aubervilliers en 1923, mandat qu’il devait conserver jusqu’à la Libération, il eut la satisfaction d’être réélu député l’année suivante, comme socialiste indépendant face à un candidat SFIO auquel il reprochait ses sympathies pour les communistes. À la tête d’un cabinet florissant, jouissant d’une excellente implantation locale, il apparaissait déjà bien davantage comme un opportuniste, avant tout soucieux de sa réussite sociale, que comme un homme de convictions.

Son pragmatisme et son sens des relations lui ouvrirent les portes de la carrière ministérielle. Remarqué par Joseph Caillaux, il fut nommé en 1925 ministre des Travaux publics dans le cabinet Paul Painlevé, puis devint garde des Sceaux dans le cabinet Briand (1925-1926), avant de rejoindre en 1930 le cabinet formé par le républicain de droite André Tardieu, en qualité de ministre du Travail. Intéressé depuis toujours par les problèmes sociaux, il fit passer durant cette période les décrets d’application de la loi du 5 avril 1928 qui préfiguraient, pour certaines catégories de la population, le système de la Sécurité sociale.

4   LA PRÉSIDENCE DU CONSEIL

En janvier 1931, enfin, il accéda à la présidence du Conseil, fonction qu’il cumula avec le portefeuille des Affaires étrangères, à trois reprises jusqu’en février 1932. À ce titre, il se rendit à Washington en août 1931 et tenta de négocier, alors que la France s’enfonçait dans la crise économique, un moratoire sur la dette contractée à l’égard des États-Unis lors de la Première Guerre mondiale. De nouveau ministre du Travail en 1932 dans le cabinet Tardieu, puis ministre des Colonies dans le cabinet Doumergue, il retrouva les Affaires étrangères après l’assassinat de Louis Barthou, et cumula de nouveau ce portefeuille avec la présidence du Conseil, de juin 1935 à janvier 1936.

Durant cette période, Laval mena une politique budgétaire extrêmement stricte tout en appliquant, en matière monétaire, des mesures déflationnistes qui touchèrent surtout les fonctionnaires et les porteurs de titres d’État. Fidèle à ses options pacifistes, il crut s’attirer les bonnes grâces de Mussolini en signant, en janvier 1935, un traité accordant à l’Italie fasciste d’importantes satisfactions territoriales en Afrique. Dans la même logique, il poussa à la passivité lors du rattachement de la Sarre à l’Allemagne, tout en tentant d’assurer une éventuelle alliance de revers en concluant, au mois de février 1935, un pacte d’assistance mutuelle franco-soviétique. Mais son ultime tentative, menée en décembre 1935, avec l’appui de sir Samuel Hoare, secrétaire au Foreign Office dans le cabinet Stanley Baldwin, pour éviter l’application des sanctions décidées à la Société des Nations contre l’Italie après l’affaire éthiopienne, lui coûta finalement son poste, le gouvernement étant renversé, le 22 janvier 1936.

Sénateur de la Seine depuis 1927, Pierre Laval se fit élire cette même année dans le Puy-de-Dôme. Ulcéré par son échec, opposé à la politique du Front populaire, qu’il jugeait démagogique, il développa à partir de cette époque une solide hostilité vis-à-vis de la classe politique, qui le lui rendait bien. À gauche, en effet, on se méfiait de cet ancien allié, à la solide réputation d’affairisme (Laval était notamment le propriétaire du Moniteur du Puy-de-Dôme, de la station de radio Paris-Lyon et de la source d’eau minérale de Sargantale), qui avait marié sa fille à un descendant de La Fayette, René de Chambrun, tandis qu’à droite on tenait à distance ce concurrent trop subtil, considéré comme peu digne de confiance. Écarté de toute responsabilité politique, il ne sortit de sa réserve que pour désapprouver la déclaration de guerre contre l’Allemagne, le 1er septembre 1939.

5   LE GOUVERNEMENT DE VICHY

Nommé, peu après la demande d’armistice, le 23 juin 1940, ministre d’État et vice-président du Conseil par le maréchal Pétain, Laval s’employa alors à liquider le régime républicain. Devant des Chambres traumatisées par la défaite et par l’attaque de Mers el-Kébir, il obtint, usant tour à tour de la persuasion et de la menace, la remise des pouvoirs constitutionnels au maréchal Pétain, ce qui aboutissait à consacrer la fin légale de la IIIe République.

Vice-président du Conseil dans le gouvernement de Vichy, formé le 12 juillet 1940, il fut de plus reconnu comme successeur du maréchal Pétain en cas d’empêchement de celui-ci et, homme fort du gouvernement, personnellement convaincu de la victoire future de l’Allemagne, il eut désormais l’obsession de garantir la place de la France dans l’Europe nouvelle qui s’annonçait.

N’ayant que peu d’affinités avec Pétain, qui le méprisait, détesté par les hommes du gouvernement de Vichy, face auxquels il ne cachait pas son indifférence pour la Révolution nationale, Laval avait pour seul but d'entrer en contact avec les Allemands. Ceux-ci, de leur côté, n’étaient pas mécontents de nouer des liens privilégiés avec le deuxième personnage du régime, qui avait la réputation d’être beaucoup plus favorable à l’Allemagne que son chef, le maréchal Pétain.

Entré en pourparlers avec Otto Abetz, ambassadeur du Reich à Paris, Laval eut une entrevue avec Hitler le 22 octobre, et parvint à convaincre le maréchal Pétain de rencontrer le Führer deux jours après, à Montoire. Nommé le 28 octobre secrétaire d’État aux Affaires étrangères, Laval multiplia alors les gestes de bonne volonté à l’égard de l’Allemagne, auprès de laquelle il s’engagea notamment à livrer l’or belge détenu par la Banque de France.

Cependant, la volonté que manifesta Laval d’intensifier la collaboration, y compris militaire, entre la France et le Reich, et la dégradation de ses rapports avec l’entourage du maréchal poussèrent ce dernier à se séparer de lui. Arrêté brusquement le 13 décembre 1940, mis en résidence surveillé à Châteldon, écarté de la succession, il fut finalement libéré quatre jours plus tard, sur les instances d’Otto Abetz, et gagna alors la zone occupée.

6   LA COLLABORATION TOTALE

Multipliant les relations avec l’occupant, il apparut peu à peu comme le seul recours auprès des Allemands, alors que leurs relations avec l’amiral Darlan connaissaient une dégradation continuelle. Après que Hitler eut sommé la France de choisir entre « la collaboration et la polonisation «, Laval, qui avait secrètement rencontré le maréchal Pétain à plusieurs reprises, fut finalement rappelé au pouvoir le 18 avril 1942 avec le titre de chef du gouvernement, concentrant entre ses mains « la direction effective de la politique intérieure et extérieure de la France «.

Dès lors, il fut en mesure de donner une impulsion décisive à la politique de collaboration avec l’Allemagne, déclarant même, en juin 1942 : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme demain s’installerait partout. « Fidèle à cette vision, il présida à l’instauration de la « relève « pour échanger des prisonniers de guerre contre des ouvriers volontaires, selon un rapport de 1 à 3 qui avantageait considérablement l’Allemagne. Il officialisa la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF), autorisa la rafle des juifs dans les deux zones, en juillet, et permit à la Gestapo de poursuivre les résistants en zone libre, sans pour autant obtenir le moindre relâchement de la pression allemande.

Après le débarquement des Anglo-Américains en Afrique du Nord, en novembre 1942, il dut accepter l’intervention des troupes allemandes en Tunisie et l’invasion de la zone sud par les Allemands, tout en donnant des gages supplémentaires à l’occupant, par la création de la Milice (janvier 1943), celle du STO (février 1943), et l’entrée au gouvernement de personnalités ultracollaborationnistes comme Philippe Henriot, Marcel Déat et Joseph Darnand.

7   LA CHUTE

Désormais conscient du caractère inéluctable de la victoire alliée, il tenta, en août 1944, de solliciter Édouard Herriot pour réunir les Chambres, afin d’empêcher le général de Gaulle de parvenir au pouvoir, mais, contraint par les Allemands de quitter la France, il s’installa à Sigmaringen en septembre, et refusa de jouer tout rôle politique. Passé en Espagne en mai 1945, il fut expulsé et gagna alors l’Autriche, où les Américains l’arrêtèrent et le livrèrent aux Français.

Il fut jugé pour haute trahison et reconnu coupable de conspiration contre l’État et de collaboration avec l’ennemi. Son procès, qui se déroula dans des conditions contestables, porta à leur comble les passions politiques et partisanes. La retenue qui s’était manifestée lors du procès de Pétain fut balayée par la haine qu’inspirait le personnage à toutes les tendances de l’opinion publique. Condamné à mort, Laval fut exécuté dans la prison de Fresnes, le 15 octobre 1945, après avoir tenté de s’empoisonner dans sa cellule.

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