Laurence Sterne

« Clés de lecture LES LIIDÈIES BRITANNIQUES Laurence Sterne, ou la révoU..Itiôn du.roman vec Tristram Shandy (1761:-1768), k.pastew: érudit· anglais Laurence Sterne (1713-1768) boweverse les catégorie$ du ronum tradi­ tionnel en centrant son récit non plus sur les aventures d'~ h~, mais sur les opinions du narra­ teur.

D'une originalité dé>, peut exercer sur « la production d'un être rationnel » et sur « sa Trlstram Shandy relate l'interaction des idées avec les sentiments,· en épisodes entrecoupés de.réfl.e:dons errantes comme la pensée.

tournure d'esprit »,Des expres· sions qui suggèrent deux visions de J?bomtn~ en vogue au siècle des Lumières, être.

défini par la raison et les idées, mais aussi par ses .humeurs;.

Tristnlm .Shandy relate ainsi l'interaction .

des idées avec les sentiments, en épisodes entr.ecoupés de réflexions errantes comme la pensée.

Ainsi l'oncle Toby, un vieil officier· partagé entre sa fascination toute géométrique p(lurles fortüications militaires et son côté irrationnel, ses humeurs, que dévoile son « dada ».

L~équi~ent aaglais est« hobby-horse »,qui comme enfrançals.désigneàla fois une monture et une fdée fixe.

Or l'oncle Toby, livré à son dada1 ne peut justement pas s' empê­ cher de chevaucher le dada installé chez lui ...

L'extrait ci-contré montre une tentative de cerner le caractère de l'oncle Toby.

Sterne s'inter­ roge sur la possibilité de décrire 52 Les textes fondamentaux 1 Hors-série no 26 Le Point les individualités, condition de tout roman, et relate une série d'esSais infructueux.

Ainsi celui du « miroir de Momus .·».· : ce personnage de la.

mythologie antique souhaitait que les hom­ mes aient une.fenêtre sur la poitrineàfin que leurs pensées soient visibles.

Sont ensuite eXa.minêes d'aUtres méthodes de description du caractère, dont certaines éta,ient couran­ tesau s.iècle des Lumières.

Mais le narrateur rejette toutes ses tentati~s, et e~ conclutque l'aspect le plus révélateur de la personnalité de l'oncle Toby, ê'est bien son « dada ».

TristramShandy a profondément influencé d'autres romanciers des Lumières, oomme Diderot (cf.

p.

18), qulle comparait aux œuvres de Rabelais*, et dont Le Neveu de Rameau s'inspire cllrectement.

On retrouvera éga­ lement l~imluencede ce« roman comique~.

ainsi.

que l'appeUe Voltaire, dêU1$l'HiSIOire des Abdé­ ritains de l'Allemand Wieland (cl p.

92), mais aussi plus tard dans des œuvres plus modernes, comme les romans dela Britan­ nique Vlrginia Woolf(l882-1941).

L'ancêtre du roman moderne, tristram Shandy? C'est la convic­ tion du célèbre critique russe Viktor .~ovsky(1893;-J984).

Aveclui, lejeuentre le narrateur et le lecteur, atn$1 que la réflexion sur l'acted'édire, deviennent pour la première fols le sutet ·même db récit.

Màrfe..Madeleine Martinet, professeur à l'université Paris.:J\1 Sorbonne, a publié Art et Nature en Grande..&etagne ou xvuf sièçle (Aubier-Montaigne, 1980).. »