La Curée
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
«
Zola - La Curée - L’Incipit
Zola dans sa lettre à Louis Ulbach (annexe 3) présente La Curée comme appartenant à
un grand ensemble, le 2 ème
épisode de l’histoire des Rougon-Macquart.
Il s’agit avant tout de
la peinture d’une société, un tableau de mœurs, qui est l’aboutissement d’une longue
documentation.
Il met donc en application ici ses principes naturalistes : un milieu : la
société française sous le Second Empire , et des personnages dans ce milie u : Renée, « la
Parisienne affolée » , Maxime, « produit d’une société épuisée, l’homme-femme », Aristide
« le spéculateur » .
Pourquoi évoquer Phèdre ? Zola reprend l’histoire incestueuse antique,
(Phèdre femme de Thésée tombe amoureuse malgré elle de son beau-fils Hippolyte,
poursuivie en cela par la haine de Vénus qui incarne la fatalité) mais en lui donnant un autre
fondement : à la fatalité antique, il substitue la fatalité physiologique et celle du milieu.
Pourquoi avoir choisi ce titre ? La curée est un mot qui appartient au domaine de la
chasse, de l’orgie alimentaire.
Il dérive du mot « cuir » : « partie de la bête que l’on donne en
pâture aux chiens, sur le cuir même de la bête que l’on vient de dépouiller » Le sens dérivé
apparaît dès le XVIIème siècle : « ruée avide vers les biens, les places, les honneurs, laissés
vacants par la chute d’un homme, un changement politique » (Gd Larousse)
Les Rougon ont su tirer parti du coup d’État du 2 décembre qui place sur le trône
Napoléon III.
Aristide Rougon monte à Paris, prend le nom de Saccard, pour faire oublier ses
mauvais choix politiques passés, décidé à tout pour réussir : « Aristide Rougon s’abattit sur
Paris au lendemain du 2 décembre avec le flair des oiseaux de proie qui sentent de loin les
champs de bataille ».
Il renifle « la bonne piste, le gibier, la chasse impériale » Qui est donc
le gibier ? Paris, victime de la spéculation.
Le baron Haussmann, alors préfet de la Seine
selon les ordres de Napoléon III a engagé des sommes énormes.
Un pamphlet célèbre de Jules
Ferry ironise sur les « comptes fantastiques d’Haussmann » ! 2 Milliards en 15 ans ont été
dépensés au profit d’une poignée de parvenus, qui ont profité de la spéculation immobilière.
Ce début de roman se situe dans un de ces nouveaux espaces de parcs et jardins
aménagés, à côté des larges avenues : le Bois de Boulogne.
Avec ses allées et ses lacs, il
devient un lac champêtre artificiel, propice à une mise en scène de la vie mondaine .
Zola se
livre ici à un travail de réécriture , la promenade au Bois semblant être un lieu commun de
l’époque, que l’on retrouve dans l’Education Sentimentale de Flaubert, et la chronique
mondaine du Figaro de l’époque lui donne la documentation nécessaire.
I - L’originalité de l’ouverture du roman
Le début d’un roman ou Incipit, nous précise en général les intentions du romancier, il
détermine le point de vue du narrateur, donne des indications sur le lieu, le temps, les
personnages, l’action.
a) Le type d’incipit :
Nous sommes dès le départ plongés au cœur de l’action , « in medias res ».
Les lieux et les objets ne sont pas déterminés, comme si nous les connaissions : « au
retour », « le bord du lac », « la calèche », « la cascade » .
Nous sommes projetés au milieu
d’une conversation.
De même, les personnages sont présentés par leur prénom, comme s’ils
nous étaient familiers.
b) Des indications ambiguës :
- lieu : l’ambiguïté de l’article défini et l’emploi de la majuscule« au Bois » (l.
34),
renvoient à une réalité précise, le Bois de Boulogne, une réalité parisienne, à la fois lieu.
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