La culture

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LA CULTURE, \"Un instrument manié par des professeurs pour fabriquer des professeurs qui, à leur tour, fabriqueront des professeurs\" Simone Weil.

Question, au départ : la culture peut-elle être circonscrite à l'enseignement ? 
Non certes ! Mais l'enseignement peut contribuer à l'acquisition d'une certaine forme de culture, fortement dirigée, par ailleurs !

A la citation de S. WEIL, je voudrai pouvoir ajouter d'autres, qui la complètent, en quelque sorte.
Celle de DURKHEIM : \"Toute société forge les hommes dont elle a besoin\". Et cette autre, sous forme de boutade, de Bernard SHAW : \"L'éducation c'est une défense organisée des parents contre les enfants...\" qui appelle immédiatement ce commentaire : au même titre que les enseignants, les parents donnent à leurs enfants une certaine forme de culture, le plus souvent très fortement enracinée dans la tradition.

Les histoires que, voici un demi-siècle encore, on se racontait à la veillée, font partie de ce type de culture non-écrite, et transmise oralement de génération en génération. De même, à l'époque où l'artisanat était florissant, d'inombrables trucs de métiers se transmettaient.
Mais, puisque la citation de S. Weil traite \"d'un instrument manié par les professeurs\", restons-en au domaine \"d'une certaine forme de culture\".
La phrase de DURKHEIM me paraît fort judicieusement applicable à cette situation, elle l'explicite, elle nous plonge, de suite, en plein coeur du problème.
La société d'il y a un siècle, encore, même si les manufactures existaient déjà, même si la révolution industrielle s'étendait tentaculairement, était encore une civilisation d'artisans.
Les connaissances - à une époque ou septante pourcent de la population était analphabète, se transmettaient sans que le recours à l'enseignement fut nécessaire.
La société de la seconde période du 20ème siècle a vu naître la spécialisation à outrance.
\"L'honnête homme du 18ème siècle\", qui avait glané des bribes de tout et n'était spécialisé en rien, n'a plus guère sa place en notre société.
Celle-ci veut des citoyens efficaces, productifs, répondant à ses besoins et bien intégrés à elle.
Des spécialistes surtout, des technocrates souvent !
Astreints à des études très dures, ceux-ci n'ont guère le temps, ni le goût, d'acquérir une culture générale de quelque valeur.
- Je n'ai pas besoin d'apprécier une sonate de BACH pour construire des ponts, disait un ingénieur.
Les mentalités ont changé, elles aussi.
Etre inutile est devenu l'apanage d'une minorité de nantis.

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