KYRA KYRALINA.
Publié le 16/05/2020
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KYRA KYRALINA.
Roman de l'écrivain
roumain Panaït Istrati (1884-1935).
L'auteur
venait de vivre des heures noires qui l'acculèrent
au suicide.
Il s'en tira de justesse : Romain
Rolland, étant allé le voir à l'hôpital, fut
vivement intéressé par ses dons de narrateur et
le poussa à écrire.
S'étant remis peu à peu,
Istrati se mit à écrire son premier livre en
langue française :
Kyra Kyralina
qui parut en
1933 avec une préface enthousiaste de Romain
Rolland.
Le nouveau romancier est présenté au
public comme « un Gorki balkanique ».
Effec-
tivement,
Kyra Kyralina
révèle avant tout le
peintre des misères humaines auquel s'ajoute le
prodigieux talent du conteur oriental.
Le cadre
de son action dépasse les frontières du delta
danubien — pays natal de l'auteur — pour aller,
à travers la Mer Noire, embrasser tout ce vaste
empire ottoman de la mi-siècle précédente.
Le
héros en est Dragomir, surnommé Stavro, enfant
délicat qui s'attache paSsionnément à sa mère et
à sa soeur, deux belles courtisanes qui mènent
une vie d'enfer.
Un premier conflit se dessine
entre le père et le frère aîné, artisans honnêtes
mais de moeurs dures, et d'autre part, la mère
et les dem( enfants qui s'ingénient à mettre
à profit les absences fréquentes des deux hommes.
Aussi étrange que cela paraisse, la sympathie
du lecteur va à ces personnages passionnés de
luxe _et d'oisiveté, qui risquent continuellement
d'être surpris par l'arrivée du père.
Ce dernier
tombe, un jour, au milieu de la fête.
La mère
rouée de coups, leS deux enfants sont battus
jusqu'au sang, cependant que les invités, les
« moùssafires » sont cavalièrement jetés par la
fenêtre.
Un nouvel épisode commence.
Les
victimes réussissent à s'évader ; elles tentent de
recommencer une nouvelle vie ailleurs.
Kyra et
Dragomir, séduits toujours par le mirage d'une
vie luxueuse, se laissent emmener à Constan-
tinople, où la jeune .
fille sera bientôt enfermée
-
dans -un harem, alors que son frère sera aban-
donné à la merci d'hommes riches et corrompus.
Leur mère a déjà disparu, décidée à ne plus
jamais montrer au monde son visage défiguré
par les châtiments du père.
Dragomir est main-
tenant un adolescent ; il a goûté à la débauche,
il n'a plus qu'un seul rêve : retrouver sa mère
ou sa soeur, et jouir dé leur affection.
Recherche
inutile et lancinante à travers un monde où
l'argent est roi.
Errant, volé, trompé, Dragomir
se laisse peu à peu envahir par le désespoir.
Un vieillard — Barba Yami — le recueille et lui
offre gîte et nourriture.
Il lui apprend à gagner
sa vie en vendant, comme lui, de la limonade,
et il le réconcilie avec l'existence, avec le bonheur .
que chacun possède au fond de soi.
Le _roman se
termine par une apologie de l'homme et d'une
certaine sagesse éternelle.
Kyra Kyralina
évoque avec beaucoup de fraî-
cheur un passé plein de poésie.
L'image de la
société roumaine du temps est évidemment
romancée et en bonne partie faussée.' Mais les
personnages venus à travers les Balkans, tels
ces contrebandiers ou marchands suspects, les
riches, insouciants et voluptueux, les « effendi
comme les pauvres toujours brimés, sont peints
avec beaucoup de vérité et de couleur.
Dragomir
est un cosmopolite romantique, mis au banc
d'une société contre laquelle il lutte passiveinent,
et non pas avec .cette violence qui est le propre
des héros de Gorki.
Car, pour lui, à •la différence
des personnages du romancier russe, la justice
est une .
affaire entre l'homme et sâ conscience
et non point une question sociale.
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