KOJIKI
Publié le 16/05/2020
Extrait du document
«
KOJIKI
I
-
Livre des choses anciennes].
La
première oeuvre historique japonaise et en
même temps le plus ancien monument littéraire
japonais qui nous soit parvenu.
Il fut écrit
en trois volumes par l'Ason (titre et dignité
de Cour) Futo-no-Yasumaro (O-no-Yasumaro)
sur l'ordre de l'impératrice Gemmyô, à laquelle
il
fut présenté le 10e jour de la
3e
lunaison
de la 5e année de l'ère Wadô (712 ap.
J.-C.).
Dans la préface, Yasumaro lui-même explique
les circonstances singulières qui amenèrent à
sa rédaction : « L'empereur Temmu (673-686),
déplorant que les documents historiques en
possession des principales familles nobles con-
tinssent de nombreuses fautes, voulut adopter
des mesures propres à sauver de l'oubli les
traditions authentiques.
Il fit donc examiner
et confronter avec soin ces documents et les
fit corriger de leurs erreurs.
Dans sa famille
se trouvait par hasard une personne (homme
ou femme, on ne sait) d'une mémoire prodi-
gieuse, portant le nom de Hiyeda-no-Are, et
qui était en mesure de répéter sans se tromper
le contenu de tous les documents qu'elle avait
vus et de ne jamais oublier ce qu'elle avait
entendu.
L'empereur voulut que l'on instruisît,
cette personne des pures traditions et de la
vieille langue des âges passés, les lui faisant
répéter jusqu'à ce qu'elle les eût apprises par
coeur 9.
Avant que le travail atteignît, son terme
(c'est-à-dire,
probablement, avant que ces
traditions pussent être mises par écrit), l'empe-
reur mourut, et pendant 25 ans, la mémoire
de Hiyeda-no-Are fut l'unique dépositaire de
ce qui devait plus tard être le
Kojiki.
En 711,
l' i
mpératrice Gemmyô (708-714) ordonna à
Futo-no-Yasurnaro de rédiger tout sur dictée
de Are, ce qui explique comment l'ouvrage a
été écrit en 4 mois et demi à peine (E.M.
Satow,
Revival of Pure Shintô).
Le
Kojiki
est une oeuvre d'importance fonda-
mentale pour l'étude de la civilisation et de la
langue anciennes du Japon.
Écrite en pur
japonais, à l'aide de caractères chinois employés
de manière, tantôt phonétique, tantôt idéo-
graphique et, par suite, d'une lecture très
difficile, elle contient les traditions et les légendes
mythiques les plus reculées des habitants de
l'archipel.
En même temps, elle est la Bible du
shintoïsme, la religion nationale des .Taponais.
Le premier des trois volumes contient les mythes
de l'époque des dieux, exactement comme
dans les deux premiers volumes du
Nihongi (#) ;
mais les deux ouvrages présentent çà et, là
des lacunes et des variantes, et l'un complète
l'autre.
Le second volume retrace l'histoire du
pays depuis Jimmu Tennô, le premier empereur
du
Japon,
jusqu'à son 15e successeur Ojin,
c'est-à-dire, selon la chronologie officielle, de
660 av.
J.-C.
à 310 ap.
J.-C.
Le troisième,
enfin, va de l'impératrice Nintoku (313-399)
à la mort de l'impératrice Suiko (593-628).
Mais le dernier siècle et demi n'est représenté,
dans le
Kojiki,
par rien d'autre qu'une énumé-
ration laconique de quelques noms, si bien
qu'on peut dire que la narration n'arrive pas
même à la fin du ve siècle.
Le livre, écrit
dans un style simple et dépouillé, typique du
pays, contient aussi 111 poésies qui représentent
les productions les plus anciennes qui soient
venues jusqu'à nous.
Durant de longs siècles,
il
resta dans l'ombre, négligé par les érudits
japonais qui lui préférèrent le
Nihonai.
Mais,
pendant l'époque des Tokugawa (1603-1868),
le mouvement de réaction anti-chinoise, instauré
dans les études par les « wagakusha » ou ,( yarna-
tologues », fit renaître l'amour des recherches
sur l'antique littérature nationale, et Motoori
Norinaga (1730-1801), le plus grand de ces
philologues, travailla 35 ans sur le
Kojiki
dont
il
a laissé un commentaire monumental, le
Kojiki-den
(
Commentaire au Kojiki, 1789-1822,
44 vol.), auquel son nom reste indissolublement
attaché.
Le
Kojiki
a été traduit pour la première
fois en anglais par le célèbre B.H.
Chamberlain
(1850-1935)
(
Kojiki or Records of Ancient
Tokio, 1882 ; deuxième éd.
avec les notes de
W.G.
Aston, en 1932) qui, dans la préface, a
tracé un tableau de la civilisation des anciens
insulaires, tels qu'il est possible de le tirer
d'une lecture attentive de l'oeuvre..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓