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Juliette Drouet

Publié le 09/12/2021

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Il était une fois une Bretonne aux traits purs, au corps gracieux, à l'âme brûlante. Un registre d'état civil, conservé à Fougères, prouve qu'elle y était née 11 avril 1806, du mariage de Julien Gauvain, tailleur, avec Marie Marchandet. Cet acte la nomme officiellement : Julienne. Mais on l'appelait Juliette. Quand ses parents furent morts, il lui resta deux tantes religieuses et un oncle artilleur : le sous-lieutenant Drouet, canonnier. Celui-ci fit élever l'orpheline au pensionnat des Bernardines-Bénédictines, à Paris. On y prit l'habitude de désigner l'enfant sous le nom de son tuteur. C'est ainsi que, dès ce temps -là, Julienne Gauvain devint Juliette Drouet. Le couvent, familier aux lecteurs des Misérables, est situé rue du Petit-Picpus. Décor sévère, d'une accablante austérité. Pourtant, à la communauté, était annexée une maison de retraite ouverte aux femmes du monde appauvries. La fréquentation des dames pensionnaires n'étant pas interdite aux élèves de l'internat, Juliette prit plaisir à ce voisinage. Son exaltation ayant été d'abord spirituelle et mystique, elle faillit prendre le voile. Mais lorsque cette postulante fut présentée à l'archevêque de Paris, Juliette avoua "combien sa vocation était fragile et son désir du monde passionné". Mgr de Quélen crut devoir attirer l'attention de la prieure sur "la brebis qui voulait s'égarer". Juliette, exilée du monastère, plongea dans le siècle. Suit une période obscure sur laquelle, jamais, elle ne s'est expliquée. A dix-neuf ans, elle posait, nue, dans l'atelier du sculpteur Pradier dont les bacchantes ont gardé son lumineux sourire. La statue de Strasbourg, place de la Concorde, perpétue, elle aussi, l'image de Juliette.

« Juliette Drouet Il était une fois une Bretonne aux traits purs, au corps gracieux, à l'âme brûlante.

Un registre d'état civil, conservé à Fougères, prouve qu'elle y était née 11avril 1806, du mariage de Julien Gauvain, tailleur, avec Marie Marchandet.

Cet acte la nomme officiellement : Julienne.

Mais on l'appelait Juliette. Quand ses parents furent morts, il lui resta deux tantes religieuses et un oncle artilleur : le sous-lieutenant Drouet, canonnier.

Celui-ci fit élever l'orphelineau pensionnat des Bernardines-Bénédictines, à Paris.

On y prit l'habitude de désigner l'enfant sous le nom de son tuteur.

C'est ainsi que, dès ce temps -là,Julienne Gauvain devint Juliette Drouet. Le couvent, familier aux lecteurs des Misérables, est situé rue du Petit-Picpus.

Décor sévère, d'une accablante austérité.

Pourtant, à la communauté, étaitannexée une maison de retraite ouverte aux femmes du monde appauvries.

La fréquentation des dames pensionnaires n'étant pas interdite aux élèves del'internat, Juliette prit plaisir à ce voisinage. Son exaltation ayant été d'abord spirituelle et mystique, elle faillit prendre le voile.

Mais lorsque cette postulante fut présentée à l'archevêque de Paris,Juliette avoua "combien sa vocation était fragile et son désir du monde passionné".

Mgr de Quélen crut devoir attirer l'attention de la prieure sur "la brebisqui voulait s'égarer".

Juliette, exilée du monastère, plongea dans le siècle. Suit une période obscure sur laquelle, jamais, elle ne s'est expliquée.

A dix-neuf ans, elle posait, nue, dans l'atelier du sculpteur Pradier dont les bacchantesont gardé son lumineux sourire.

La statue de Strasbourg, place de la Concorde, perpétue, elle aussi, l'image de Juliette. En 1826, elle mit au monde une fille, baptisée Claire, que Pradier ne désavoua pas mais refusa de reconnaître.

L'enfant naturelle fut mise en nourrice.

A sacompagne mal-aimée, Pradier conseilla de faire du théâtre.

Sous le nom de Mademoiselle Juliette, elle joua en province, en Belgique et même à Paris, desrôles secondaires.

Hélas ! elle disait faux.

Les spectateurs, un moment éblouis par tant de beauté, pensaient : "Elle en fait trop !" Jamais la débutanten'atteignit à l'emploi de jeune première. Une comédienne ravissante et médiocre, une fille-mère obligée d'élever son "enfant à charge", une élégante sans mari ni fortune tombe fatalement, deliaison en liaison, au niveau de la galanterie professionnelle.

Juliette cherchait des auteurs dramatiques habiles à faire d'elle une vedette ; elle trouva degalants protecteurs prêts à l'entretenir sans l'estimer.

En 1833, le prince Demidoff, libertin richissime et cynique, la mit dans ses meubles, rue del'Échiquier. Cette année-là, Félix Harel, directeur de la Porte-Saint-Martin, s'apprêtait à faire créer par sa maîtresse, Mademoiselle George, le personnage redoutable deLucrèce Borgia.

Mademoiselle Juliette lui parut bonne à vêtir de drap d'or et de velours ciselé, pour enjoliver un second acte lugubre.

Dans la scène dusouper, la Negroni, princesse épisodique, brille de mille diamants, donne quelques répliques, puis glisse hors du drame.

Le public ne l'entrevoit qu'uninstant.

Mais Hugo, auteur de la pièce, fut conquis par l'interprète de ce rôle si court. Juliette, pleine de grâce et de coquetterie, contemplait le poète avec une évidente émotion.

Elle fit de son mieux pour le séduire.

Des regards limpides, ellepassa aux baisers furtifs.

Puis une avalanche de billets doux, portés à la main par un commissionnaire, submergea Hugo émerveillé. Il s'était marié à vingt ans.

D'Adèle Foucher, son amie d'enfance, il avait cru pouvoir faire l'épouse idéale d'un écrivain.

A dèle s'était révélée physiquementincapable de partager les ardeurs d'un mari sensuel.

Sa maison en désordre était fort mal tenue.

La possession de Juliette enivra Hugo.

"Belle comme on nel'est pas", follement éprise de lui, elle lui écrivait trois fois par jour.

Ayant écrit Marion de Lorme, il croyait à la rédemption de la courtisane pénitente.

Maisles conditions imposées à Juliette furent sévères.

Rupture avec Demidoff.

Liquidation de l'appartement luxueux.

Vente forcée des bijoux, pour régler lesnotes arriérées.

Logis minuscule.

Ameublement sommaire et nourriture frugale.

Dans un vertige d'expiation, Juliette accepta la pauvreté, la solitude et lerégime végétarien. L'année même de Lucrèce Borgia, sa carrière d'actrice s'était brisée sur un irrémédiable échec.

Hugo avait essayé de lui faire créer, dans Marie Tudor, unejeune fille séduite.

Elle avait joué une fois, une seule, dans un ouragan de sifflets.

A près ce désastre, le rôle de Jane lui avait été retiré. Par méfiance et jalousie, Hugo condamna Juliette à l'emprisonnement.

A toute heure du jour et de la nuit, elle devait se tenir prête à le recevoir dans sachambrette.

Défense de sortir à pied.

Interdiction de prendre l'air en fiacre, parce qu'un sapin coûte cher.

Isolée, enfermée, séquestrée, Juliette écrivait dèsl'aube une première lettre au despote adoré.

Puis elle vaquait aux soins domestiques, faisait mijoter "de bons petits plats" au cas où Victor, mal nourri placeRoyale, viendrait chercher pitance rue de Paradis.

Plus tard, elle dressait le bilan de ses pensées.

Quand le soir Hugo, retenu au théâtre ou dans le monde,ne venait pas du tout, le troisième gribouillis prenait forme d'élégie plaintive.

Mais la maîtresse-servante ne s'adonnait pas exclusivement à lacorrespondance : elle reprisait aussi les chaussettes, raccommodait les vêtements usagés de son "lion superbe et généreux".

Surtout elle s'occupait desmanuscrits. Toute femme amoureuse d'un écrivain veut être sa secrétaire.

A l'exception des ouvrages antérieurs à 1833, tous les textes de Hugo furent copiés parJuliette, puis recopiés plusieurs fois de suite.

Travail surhumain. Le temps passait...

En 1843, Hugo perdit sa fille Léopoldine et son gendre, noyés par accident.

A près ce drame, C laire (à laquelle Pradier refusaitobstinément un nom) mourut de mort lente, à vingt ans.

Hugo conduisit le deuil. A "Madame Drouet", Hugo Pacha avait distribué le rôle d'épouse N° 2, mais sans lui jurer fidélité.

Parce qu'elle ne voyait personne et lisait un seul journal,Juliette ignora longtemps qu'elle était la plus trompée des dupes.

C 'est ainsi que Victor eut à son insu, pendant sept ans, pour favorite, une femme du mondede petite noblesse et de blonde beauté (Léonie d'Aunet), mal mariée à un peintre en fresques militaires (A uguste Biard).

Le vicomte Hugo venait d'être faitpair de France quand il fut pris en flagrant délit d'adultère par le mari Biard, accompagné d'un commissaire de police.

Malgré l'énormité du scandale, Juliette,cloîtrée, n'en avait rien su. Pendant les dix-huit années d'exil aux îles anglo-normandes, Juliette gagna lentement du terrain.

Ce fut la période la plus heureuse de sa vie difficile.

MmeHugo, malade d'ennui, détestait Guernesey et prenait, sur le continent, des vacances conjugales.

Charles et François-V ictor dînaient, avec leur pèrissime,chez Mme Drouet.

L'île aux proscrits allait être, pour la réprouvée, un paradis terrestre. Adèle mourut la première.

A Guernesey, puis à Paris (quand il put y rentrer avec la République) Hugo fit à Juliette l'honneur de la loger sous son toit.

Mais iln'alla pas plus loin dans la réhabilitation de sa compagne.

Jamais il ne lui proposa de l'élever au rang d'épouse.

Mme Drouet mourut sans alliance, quinzeans après Mme Hugo.

Rongée par un cancer, elle avait supporté ses souffrances héroïquement, pour ne pas gêner le travail de son poète.

Jamais abnégationne fut aussi parfaite, jamais amour plus constant.. »

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