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Jdanov, Andreï

Publié le 06/12/2021

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1 PRÉSENTATION

Jdanov, Andreï (1896-1948), homme politique, théoricien du « réalisme socialiste « et de la doctrine des blocs, qui a été l’un des principaux acteurs du raidissement idéologique de l’URSS stalinienne des années 1947-1953.

2 UN PARFAIT APPARATCHIK

Né à Marioupol (Ukraine), Andreï Aleksandrovitch Jdanov adhère au Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) dès 1916. Il devient secrétaire régional du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) en 1922, entre au Comité central en 1930, puis au Politburo en 1935 comme suppléant, un an après avoir succédé à Kirov (assassiné) à la tête du parti à Leningrad. Son ascension se poursuit rapidement : chargé de la propagande à partir de 1938, il devient l’un des principaux responsables de l'idéologie stalinienne. En 1939, il est titulaire du Politburo et joue aussitôt un rôle clef dans le domaine diplomatique, comme artisan du pacte germano-soviétique.

Il jouit, dès lors, d’un statut d’immunité auprès d’un Staline pourtant prompt à écarter ses hiérarques dès qu’il commettent un délit d’opinion ou une faute. Ainsi, en 1941, responsable avec Vorochilov de la défense de Leningrad, il ne fait pas évacuer les civils à temps lors de l’offensive allemande. Le siège de la ville fait des centaines de milliers de victimes. Vorichilov est limogé, mais pas Jdanov.

3 LE JDANOVISME : UNE NORMALISATION RÉPRESSIVE
3.1 Une politique de reprise en main de la société

Après guerre, Staline doit faire face à un raidissement critique d’une partie de la population et du PCUS. Ne souhaitant pas y répondre par la relance de la terreur (quoique la répression alimente le Goulag), il demande à Jdanov de mettre en place une plate-forme théorique de comportement à laquelle tout bon Soviétique devra se conformer. Jdanov se charge en particulier de la mise au pas des intellectuels, vitrine de l’URSS en même temps que ferment potentiel d’un développement de la dissidence. La politique de « normalisation « qu’il initie est connue sous l’expression « jdanovisme «, synonyme d’un renforcement du carcan idéologique qui pèse sur l’ensemble des partis communistes, à l’Est comme à l’Ouest.

Jdanov définit les « vrais « critères de la production intellectuelle, artistique, scientifique, pour le bien de Staline et de l’URSS. À ce titre, il formule des directives concernant la création artistique et la pensée scientifique réunies sous l'appellation de « réalisme socialiste «. Parallèlement, il lance une politique de censure et de vexation contre tous ceux qui sont susceptibles de générer des comportements déviationnistes.

3.2 Quelques accusations portées durant la jdanovchtchina

La jdanovchtina débute le 14 août 1946 par l’interdiction des revues culturelles Zvezda et Leningrad, condamnées pour avoir publié les écrivains Zochtchenko ou Akhmatova. Zochtchenko est taxé d’antisoviétisme pour avoir raconté l’histoire d’un singe qui, ayant fui sa cage, part en ville et, finalement, préfère revenir vers sa cage. Le motif de l’accusation repose sur une argumentation simple : comment peut-on préférer une cage à une ville soviétique ? La poétesse Akhmatova est traitée de « demi-putain « par Jdanov. L’un et l’autre sont expulsés de l’Union des écrivains soviétiques et privés de carte de rationnement.

En février 1948, cependant que la campagne d’intimidation s’est élargie au cinéma et au théâtre, Jdanov accuse Prokofiev, Chostakovitch et Khatchatourian de « formalisme «. Ceci revient, concrètement, à leur reprocher de ne pas composer des rengaines susceptibles d’être entonnées par les ouvriers. Il les convoque au Kremlin pour leur donner une leçon de piano et le Comité central promulgue un décret sur la « décadence « de la musique.

3.3 Du culte de Staline à celui de la vérité soviétique

Un des principaux aspects du jdanovisme est de mettre en exergue le culte de Staline comme une nécessité et, même, une vérité révélée. Le « généralissime « Staline est auréolé d’un statut de demi-Dieu.

Parallèlement, sur le plan scientifique, le raidissement idéologique entraîne la création de comités d’experts qui planchent sur le « communisme scientifique « et la « science prolétarienne «. En août 1948, cependant qu’on annonce la mort de Jdanov (entre-temps écarté par Staline), ces experts réprouvent en premier lieu les théories génétiques « bourgeoises et obscurantistes « de l’Ouest pour leur préférer celles du biologiste Lyssenko, qui se révéleront très contestables. Suivront les condamnations de la mécanique des quanta, de la psychanalyse et de la psychiatrie, de la cybernétique et une mise sous surveillance étroite des chercheurs en sciences humaines.

4 LA DOCTRINE DES BLOCS OU « DOCTRINE JDANOV «

Véritable idéologue du PCUS, Jdanov formule également la théorie des blocs, qui est au cœur de la crispation de l’URSS en 1947-1950, donc de l’aggravation de la guerre froide.

Là encore, il se fait le porte-parole d’un discours radical, dévoilé en octobre 1947, lors de la première réunion du Kominform, en réponse au plan Marshall. Il explique alors que les États-Unis cherchent, grâce au plan Marshall, à assujettir l’Europe de l’Ouest. Il qualifie les gouvernements signataires de « valets de l’impérialisme «. Il formule, dès lors, l’idée que, le monde étant divisé en deux blocs irréconciliables — le camp impérialiste et capitaliste des États-Unis et le camp anti-impérialiste et pacifique de l’URSS —, l’organe de liaison que constitue le Kominform est un indispensable outil permettant de contrer et de contenir, en Europe, les velléités hégémoniques et le bellicisme des États-Unis. Au-delà, il juge que l’hostilité des blocs implique l’acceptation de la guerre froide, dans laquelle l’URSS doit refuser toute tentation occidentaliste (ce qui éclaire la jdanovchtchina) et développer une active propagande pour accroître son aura et élargir le camp communiste.

Refusant de sous-estimer les forces communistes et d’adopter une position de repli, Jdanov parvient donc à ancrer l’idée, offensive, que le renforcement du bloc communiste (à travers l’épuration, les purges et les actions d’éclat comme la rupture avec Tito ou le coup de Prague) permettra, à terme, l’extension de son autorité et la victoire du communisme sur l’impérialisme. Partant de cet argumentaire, Jdanov justifie donc le gel de la situation de crise qui oppose les deux camps. Il favorise également le développement de l’active politique de l’URSS auprès des pays colonisés ou récemment décolonisés, car l’URSS se doit d’aider à la libération des peuples oppressés par l’impérialisme, en n’hésitant pas, dans cette perspective, à mener des actions subversives et de propagande.

De la théorie des blocs au discours sur le « réalisme socialiste «, Jdanov est donc l’un des personnages centraux de l’histoire de l’URSS et de la guerre froide dans les années 1945-1948, l’héritage de sa pensée s’étendant bien au-delà de sa mort.

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