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j'ai oublié ?

Publié le 08/12/2021

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j'ai oublié ?
J'ai dit, Hé bien, c'est ça le lien. Vous savez, les Jäger aussi étaient des bouchers.
Ils ont parlé. Alena a tiré une bouffée de sa cigarette, a soufflé et dit, Il sait où se trouvait la
boucherie de Shmiel, à côté de la Magistrat. A cinq mètres de la Magistrat.
J'ai hoché la tête. Dans mon esprit, j'ai vu une feuille de papier à l'en-tête de parker-JAEGER
company, qui avait été soigneusement rangée, il y a bien longtemps, dans un livre à la reliure
au tissu bleu délavé. 67 -- En bas. Notre boucherie, A gauche.
A côté de la Magistrat, a répété Alena, c'est là que Shmiel avait sa boucherie. Pendant les
années 1930, a-t-elle continué, traduisant les souvenirs de son père, Shmiel avait acheté un
camion et s'était mis à expédier sa viande à Lwôw, à d'autres boucheries juives ; il avait la
réputation d'être très bon en affaires. Il était très intelligent, très intelligent pour les affaires. Et
- elle a écouté pendant que son père ajoutait quelque chose - il était plutôt très connu dans la
ville, dans la petite ville.
J'ai souri, mais je ne l'ai pas interrompu.
Adam expliquait à présent que son oncle, le frère de son père, avait été le chauffeur de Shmiel.
Il s'appelait Wolf Kulberg. Alena a dit, Et non seulement il travaillait pour Shmiel, mais ils
vivaient là, dans la maison de Shmiel !
Il vivait chez Shmiel ?
Adam a agité les mains, dessinant le plan de la maison. Alena a dit, Ils ont fait une addition à la
maison de Shmiel. Il vivait là, le frère de son père vivait dans cette addition. Et il avait amené sa
femme de Lwów et il louait cette pièce à Shmiel, et il vivait là avec sa femme et sa fille.
Il m'a semblé clair, à ce moment-là, que c'était le lien familial entre les Jäger et les Kulberg dont
Adam avait gardé le souvenir depuis son enfance ; cela expliquerait pourquoi il avait passé du
temps, petit garçon, dans la maison de Shmiel, et les avait connus si bien : Shmiel, le premier
dans son village, la jolie Ester, les filles - pas deux, pas trois, mais quatre -, se souvenant
clairement de Lorka et de Frydka. L'une au teint clair, l'autre au teint mat.
Adam avait l'air de lire mes pensées et il a dit quelque chose à Alena. Elle a dit, Mais si nous
sommes liés aux Jäger, il dit que ce n'est pas ça, il dit que c'est familial, les Jäger et les Kulberg.
Son père a corrigé ce qu'elle venait de dire et elle l'a écouté pendant un petit moment avant de
dire, Non, pas Kulberg... Kornblüh.
Adam m'a regardé et il a dit, Kornblüh !
Kornblüh ! ai-je répété d'une voix excitée. Nous sommes parents avec eux !
Non ! a dit Alena, incrédule. Lui aussi ! Sa grand-mère était une Kornblüh. Ryfka Kornblüh était
la mère de son père.
J'ai dit, Hé bien, c'est ce qui nous lie. La grand-mère de mon grand-père était une Kornblüh.
Neche Kornblüh. Elle venait d'une famille de bouchers, elle aussi.
Adam et Zofia observaient cet échange avec un sourire hésitant. A présent, Alena le traduisait
pour ses parents et leur sourire s'agrandissait à mesure qu'elle parlait. Adam a alors parlé à sa

fille, qui a hoché la tête de temps en temps, avant de me transmettre l'histoire racontée par
son père. Ryfka Kornblüh, a-t-elle dit, elle vivait... Euh, il y avait la Magistrat et puis l'église
russe, et elle vivait dans le quartier de l'église russe. Il parle d'elle très souvent. Ils avaient un
étal dans le marché, avec des légumes. Et elle avait seize... non, dix-sept petits-enfants ! Alors
les petits-enfants, lorsqu'ils se rencontraient, faisaient toujours des plaisanteries sur le fait
qu'ils mangeaient toujours les légumes avariés lorsqu'ils lui rendaient visite... les légumes
qu'elle n'avait pas vendus. Ce n'était pas vrai, bien sûr ! Elle est morte avant la guerre, mais son
mari était mort très jeune. Mon père porte son nom, il s'appelait Abraham Kulberg.
Adam a dit quelque chose. Alena a traduit, Mais il dit que son grand-père, lorsqu'il est né, a été
inscrit sur les registres d'état civil comme enfant illégitime, avec le nom de la mère, pas celui du
père - Abraham Kornblüh et pas Abraham Kulberg.
Naturellement, j'ai pensé à ce moment-là à un autre document que je connaissais depuis très
longtemps : le certificat de naissance de 1847 de l'oncle de mon grand-père, Ire Jäger. Der
Zuname der unehel, Kindes Mutter ist Kornblüh. Le nom de la mère de l'enfant illégitime est
Kornblüh. J'ai demandé à Alena de dire à son père que, par une curieuse coïncidence, dans
notre famille aussi, il y avait eu ces histoires d'enfants « illégitimes » ; et que, dans notre cas
aussi, la mère était une Kornblüh.
Nous sommes donc parents, a dit Alena en souriant.
Je l'ai regardée, puis son père, les murs couverts de livres, pas si différents de ceux de mon
appartement. Je me suis dit, Si tu avais inventé cette histoire, ça paraîtrait trop étudié :
l'homme que nous avons failli ne pas entendre, le voyage que nous avons failli ne pas faire, la
sensation ressentie immédiatement d'être lié à cette famille, le professeur d'université et le
musicien, une famille avec laquelle ma propre famille aux Etats-Unis, une famille d'écrivains, de
journalistes, de cinéastes, de pianistes et de clavecinistes, et autrefois de luthiers, avait tant de
choses en commun. Et puis la découverte, presque accidentelle, que cette famille était notre
famille.
J'ai regardé Alena et son père.
Nous sommes cousins ! ai-je répliqué.
 
 

Le même soir, après que nous nous sommes déplacés du salon à la table de la salle à manger,
sur laquelle nous attendait le canard rôti qu'avait préparé Alena, Adam nous a raconté ce qu'il
savait de Frydka et Ciszko.
Il a dit qu'il connaissait très bien les Szymanski, qu'ils vivaient dans le même quartier que les
Jäger. Alena s'est interrompue et Adam a alors raconté une anecdote que j'avais déjà entendue
: les Szymanski, qui avaient toujours eu la réputation d'entretenir des relations amicales avec
les Juifs de la ville, étaient aussi connus pour faire une excellente saucisse polonaise. Mais,
comme l'a dit Adam, ne pas manger cascher ou manger du jambon, c'était une chose terrible !
(Oh oui, me suis-je dit, nous le savions)
... une chose terrible. Mais dans la boucherie des Szymanski, il y avait une pièce secrète où les
Juifs venaient déguster du jambon avec un morceau de pain.

Adam a ri en racontant l'histoire, et Matt a dit, Une pièce secrète !
Les Szymanski, une pièce secrète. J'ai demandé, A quoi ressemblait Ciszko ?
Adam a répondu que Ciszko était énorme, très fort. Pas très grand, pas petit non plus. Il
entretenait de très bons rapports avec les enfants juifs de la ville. Il n'était pas étonné que ce
soit Ciszko qui ait essayé de sauver Frydka.
J'ai demandé à Alena de demander à son père quelle histoire il avait entendue exactement.
Puis, j'ai ajouté, Non, demandez-lui d'abord comment il en a entendu parler.
Immédiatement après la guerre, a dit Adam, tout de suite après, tout le monde était avide
d'informations. Les gens cherchaient donc à obtenir des informations, à connaître les histoires.
Il a dit que quelqu'un de Bolechow avait donné rendez-vous à tous les anciens de Bolechow
pour se retrouver à Katowice après la guerre, au début de 1946.
C'est là, a dit Adam, que tous ont parlé de ce qui était arrivé aux gens qu'ils avaient connus,
échangeant les histoires qu'ils avaient entendues, et c'est à ce moment-là qu'il a entendu pour
la première fois l'histoire de Frydka, de Shmiel et de Ciszko. Avec un sourire gêné, il a ajouté
qu'il ne se souvenait plus de la personne qui la lui avait racontée pour la première fois.
Mais Meg Grossbard était présente à cette réunion, a-t-il dit.
J'ai dit à Alena, Dites-lui que Meg refuse de raconter l'histoire.
Alena m'a jeté un regard troublé et a dit, Elle ne s'en souvient pas ?
Je lui ai expliqué ce qui s'était passé avec Meg, comment elle avait refusé d'en parler en
Australie.
Je lui ai raconté ce qui s'était passé plus récemment encore, le mois dernier seulement, deux
semaines après mon retour d'Israël...
 

Le téléphone avait sonné tard, un soir, dans mon appartement de New York : c'était Meg. La
connexion n'était pas très bonne, mais j'avais quand même pu sentir la tension dans sa voix.
Il faut que je prenne la défense de Frydka, m'avait-elle annoncé après que nous nous étions dit
bonjour. Il n'y a plus personne pour la défendre.
J'avais immédiatement compris ce qui se passait. D'une façon ou d'une autre, elle avait su que
j'avais entendu l'histoire de Frydka enceinte.
Ce ne sont que des histoires, avait dit Meg. Personne n'en a la preuve. N'écrivez que sur les
faits.
Je lui avais répondu que, moi aussi, je ne m'intéressais qu'aux faits, que nous avions commencé
cette longue série de voyages uniquement parce que nous voulions découvrir les faits. Mais
j'avais dit que, en raison de ce que nous avions entendu au cours de nos voyages, j'avais
commencé à m'intéresser énormément aux histoires, à la façon dont ces histoires se
multipliaient et donnaient naissance à d'autres histoires, et que même si ces histoires n'étaient
pas vraies, elles restaient intéressantes en raison de ce qu'elles révélaient des gens qui les
racontaient. Ce qu'elles révélaient des gens qui les racontaient, avais-je dit, faisait aussi partie

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