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ISLAMISME

Publié le 02/12/2021

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Le terme « islamisme » a généralement désigné, à partir du début des années 1980, les mouvements politiques radicaux dont le but est l'établissement de l'État islamique, en opposition à l'État moderne de type occidental, considéré par les idéologues de ces mouvements comme étant une structure importée, antireligieuse et défaillante. L'islamisme se distingue du fondamentalisme islamique par la place centrale qu'il attribue à la question de la prise du pouvoir, alors que l'objectif du fondamentalisme classique était de mettre en oeuvre une politique sociale d'inspiration islamique répondant aux besoins immenses de réforme, en favorisant l'action multiforme : culturelle, sociale et économique (les banques islamiques par exemple). Cependant, l'islamisme hérite du fondamentalisme une grande tradition d'organisation politique. De la Ligue musulmane à la confrérie des Frères musulmans. La Ligue musulmane indienne aura été le premier parti islamique à être fondé (1906). À partir de 1913, son nom sera associé à Muhammad Ali Jinnah, futur fondateur du Pakistan. La Ligue se donne pour mission de faire face à un parti du Congrès dominé par les nationalistes hindous et tendant à exclure les musulmans du mouvement national indien. Elle va surtout tenter de protéger ces derniers de cette domination, du moins dans les provinces où les musulmans sont majoritaires. L'attitude de la Ligue vis-à-vis de la puissance coloniale britannique sera sensiblement identique à celle du Congrès. Cependant, certains courants islamiques n'étaient pas favorables à la partition en 1947. Le mouvement Jamiat-e Islami dirigé par Abul ala-Mawdudi s'opposait à l'idéologie du nationalisme musulman territorial au nom d'un fondamentalisme ne reconnaissant aucune frontière au sein de la communauté musulmane. Quant au Jamiat al-Tabligh, il représente une autre tradition, dont l'influence est maintenant internationale, évangéliste et missionnaire, tournée vers la société et non vers le pouvoir politique d'État. En Turquie, l'Union mohamadane, fondée le 5 avril 1909 à Istanbul par réaction au coup d'État moderniste de 1908 des Jeunes-Turcs, appelle à l'application de la charia et s'oppose au tafarnoj (occidentalisation). La Ligue musulmane et l'Union mohamadane ont fondé deux traditions qui, en se rejoignant, allaient donner naissance à de multiples partis frères. La première, tournée vers le prosélytisme, a reflété la condition minoritaire de l'islam indien d'avant la partition de 1947. La seconde, politisée et antipouvoir, a été le produit de l'opposition au nationalisme turc. Hassan al-Banna, chef de l'Association des Frères musulmans d'Égypte (fondée en 1928), et A. ala-Mawdudi dans le monde indien ont tous deux développé une vision se voulant islamique des réformes politiques et sociales, s'opposant à la vision « occidentaliste » du nationalisme montant à la veille des indépendances. Leur projet est par définition international et missionnaire. Il ne s'agit pas, par exemple, de rejeter la liberté comme valeur politique, mais de prouver que l'exercice de la liberté risque de conduire à son contraire si elle n'est pas intégrée dans un cadre islamique. Si l'essor du nationalisme a été le fruit des modernisations, l'islamisme contemporain est le fruit amer de leur échec et, en premier lieu, celui du nationalisme qui a conduit ces modernisations au xxe siècle. Il n'est pas difficile de constater en effet que l'islamisme ne prend de l'ampleur que là où la faillite d'un nationalisme vigoureux a laissé un grand vide. Les populations qui, dans le sillage des indépendances ou des révolutions nationalistes, s'enflammaient pour des idéaux chargés de promesses de lendemains meilleurs, ont pu en effet mesurer dans leur vie quotidienne et leurs frustrations sociales combien était large le fossé entre rêve et réalité. L'islamisme s'est ainsi développé sur les ruines du nationalisme avant de se poser en substitut et adversaire de ce dernier. L'écho de la révolution islamique iranienne. La révolution islamique dirigée par l'ayatollah Ruhollah Khomeyni en 1979 en Iran aura dans une large mesure été une réplique à la mise en échec de la révolution nationaliste qu'avait dirigée en 1953 Muhammad Hedayat Mossadegh. Même en Turquie, les difficultés rencontrées par le kémalisme allaient inciter l'État, dès les années 1950, à lever le tabou portant sur les activités religieuses et à autoriser l'émergence d'une opposition islamiste représentée par le parti Fazilet (Parti de la vertu) à la suite de l'interdiction du Refah (Parti de la prospérité) en 1997. Dans les pays arabes, où les régimes nationalistes vont sombrer dans la corruption, le clientélisme et l'autoritarisme, la percée des partis islamistes sera fulgurante. Mis à part le régime wahhabite saoudien qui tend davantage à exercer son influence par la distribution de sa fabuleuse rente pétrolière que par son idéologie, tous les États musulmans subissent le contrecoup de la crise du nationalisme. Le Front islamique du salut (FIS) en Algérie, comme l'indique bien son nom, se pose dès 1988 comme la seule force capable de sauver un pays tombé, économiquement et moralement, en ruine. La fin morose du « bourguibisme » dans les années 1980, a ouvert la voie, en Tunisie, à l'émergence du mouvement Ennahda (La Renaissance, ex-Mouvement de la tendance islamique - MTI -, fondé en 1981), dirigé par Rached Ghanouchi (1939-), et fortement réprimé. Le Front national islamique (FNI) de Hassan al-Tourabi, au pouvoir à Khartoum à compter de 1989, avait hérité du régime nationaliste corrompu de Gaafar Nimeyri (1930-), après l'intermède pluraliste de Sadiq al-Mahdi (1986-1989). La stratégie de répression adoptée par les autorités égyptiennes à l'égard de l'extrémisme islamique a semblé renforcer la radicalité de ce dernier. La pression des islamistes semble continuer d'augmenter, parallèlement à l'immobilisme des gouvernants et à la rigidité des systèmes. Luttes pour le pouvoir. La dégénérescence du nationalisme accentue la rupture entre une élite sociale prisonnière de ses intérêts étroits et une masse populaire condamnée à la marginalisation. L'éclatement du nationalisme engendre simultanément deux conceptions antagonistes et mutuellement diabolisées : le laïcisme et l'islamisme. Ce dernier apparaît pour la première fois majoritaire, imposant les termes du débat politique face à des élites en repli, s'accrochant au pouvoir. Cependant, ce mouvement ascendant de l'islamisme ne marque pas la fin de la sécularisation. Il ne recouvre pas le recul des revendications matérielles, sociales, culturelles, et le retour des aspirations spirituelles ou identitaires. Contrairement à certaines apparences, les enjeux fondamentaux ne sont pas religieux, mais profanes. La politisation de l'islam n'est que l'expression de l'aggravation de la lutte pour le pouvoir et, au-delà, pour le contrôle des ressources. Aussi bien au Pakistan de Zia ul-Haq (1978-1988) que dans l'Afghanistan de la guerre civile ou du régime taliban, l'introduction de la charia n'aura rien changé aux données fondamentales de la crise. Burhan GHALIOUN

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