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Irlande (île).

Publié le 06/12/2021

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Irlande (île).
1

PRÉSENTATION

Irlande (île), île appartenant aux Îles Britanniques, dans l'océan Atlantique Nord, la plus à l'ouest, séparée de la Grande-Bretagne par le canal Saint George au sud-est, par
la mer d'Irlande à l'est et par le canal du Nord au nord-est. La partie nord-est de l'île, appelée Irlande du Nord, fait partie du Royaume-Uni ; la partie sud constitue un État
souverain, la république d'Irlande.
L'île est divisée en quatre provinces historiques. Le Connacht, le Leinster et le Munster appartiennent à la république d'Irlande ; l'Ulster est divisé entre la république
d'Irlande et le Royaume-Uni. La superficie de l'île est de 84 431 km2 dont 70 283 km2 pour la république d'Irlande et 14 148 km2 pour l'Irlande du Nord. La population de
l'île en 1991 était de 5 103 555 habitants, dont 3 525 719 pour la république d'Irlande.
Du nord au sud, la longueur maximale de l'Irlande est de 486 km ; sa largeur extrême est de 280 km. Le cap Malin, à 55° 27' de latitude nord, et le cap Mizen, à 51° 27' de
latitude nord, sont respectivement le point le plus au nord et le point le plus au sud de l'île ; les points les plus à l'est et à l'ouest se trouvent à 5° 25' de longitude ouest et
10° 30' de longitude ouest.

2

GÉOGRAPHIE PHYSIQUE

La côte orientale de l'Irlande est relativement régulière et peu découpée. La côte occidentale, constituée de vallées inondées ou submergées et de falaises escarpées, est
bordée de plusieurs centaines de petites îles. Le centre de l'île est constitué de plaines. Les reliefs sont situés sur le pourtour.
Dans le nord se trouvent les monts Sperrin, entre Londonderry et Belfast, avec le mont Sawel à 680 m ; dans le nord-ouest, à l'ouest de Londonderry, les monts de
Donegal, dont le mont Errigal culmine à 752 m ; à l'ouest, les Nephin Beg (806 m) et le Connemara (730 m) ; dans le sud-ouest, la péninsule de Dingle (953 m) ; le mont
Carrauntoohil, le plus culminant de l'île, avec ses 1 041 m, dans le Kerry ; dans le sud, les monts Knockmealdown (792 m) et les monts Galty (920 m) ; dans le sud-est, au
sud de Dublin, les monts Wicklow (926 m) ; dans le nord-est, au sud de Belfast, les monts Mourne (850 m).
La plaine centrale, ou région des plaines, a des dimensions maximales de 160 km d'est en ouest et de 80 km du nord au sud. Cette plaine comporte de nombreux lacs et
tourbières. Les principaux cours d'eau d'Irlande sont l'Erne et le Shannon, qui sont en réalité des chaînes de lacs joints par des sections fluviales. La partie nord de la plaine
centrale est arrosée par l'Erne, et le centre est arrosé par le Shannon, qui se jette dans l'océan Atlantique par un large et long estuaire. Près de la moitié du Shannon, en
amont de l'estuaire, est constituée des lacs Allen, Ree et Derg. Les principaux fleuves d'Irlande coulent dans la plaine et un réseau de canaux facilite les communications.
L'Irlande a un climat océanique tempéré. En raison de l'influence modératrice des vents dominants tièdes et humides de l'océan Atlantique, la température hivernale
moyenne oscille entre 4,4 et 7,2 °C, environ 14 °C de plus que d'autres lieux à la même latitude en Europe ou sur la côte est de l'Amérique du Nord. L'influence océanique
est aussi très prononcée en été, la température estivale moyenne de l'Irlande, 15 à 16,7 °C, étant plus basse de 4 °C que celle d'autres lieux aux mêmes latitudes. Les
précipitations, abondantes, sont en moyenne de 1 016 mm par an.
La flore de l'Irlande, principalement originaire de Grande-Bretagne, est surtout constituée de roseaux, de joncs, de fougères et d'herbes. La faune irlandaise ne diffère pas
de façon marquée de celle de la Grande-Bretagne ou de la France. Le grand cerf irlandais et le grand pingouin ont été exterminés à l'époque préhistorique ; l'île a aussi
perdu ses ours, ses loups, ses chats sauvages, ses castors et son bétail indigène. Il reste de petits rongeurs et des oiseaux des bois, des champs et du littoral. Le seul reptile
est le lézard.

3

HISTOIRE

Peuplée dès la préhistoire (des ossements humains datant de 9000 ans av. J.-C., ont été découverts dans le comté de Waterford), l'Irlande est touchée par la civilisation
mégalithique (mégalithes de Boyne) venue du sud.

3.1

Les origines celtes

Au VIe siècle av. J.-C., le territoire irlandais subit l'invasion des guerriers celtes (ou gaëls). Selon des légendes locales, l'Irlande est d'abord habitée par différentes tribus,
dont les plus importantes sont celles des Némédiens, des Fomoriens, des Firbolgs et des Tuatha De Danann. Ces tribus auraient été par la suite assujetties par les Milésiens
(venus d'Écosse). Bien que l'Irlande soit mentionnée sous le nom d'Ierne, dans un poème grec du Ve siècle av. J.-C., et sous les noms d'Hibernia et de Juverna par
différents auteurs classiques, on sait peu de choses sur ses habitants avant le IVe siècle apr. J.-C. (l'Irlande n'a jamais fait partie de l'Empire romain).
Au IVe siècle, les tribus celtes du royaume de Scot (Écosse) harcèlent la province romaine de Bretagne. Ces expéditions s'étendent jusqu'aux côtes de la Gaule, avant le
règne de Loigare, le roi MacNeill (428-463).

3.1.1

La société gaélique

Depuis des temps reculés, chaque province d'Irlande semble avoir eu son propre roi ; selon la légende, ces rois se rangent sous l'autorité du Ard-Ri, ou « roi suprême «,
auquel est attribué le territoire central, appelé Meath, et qui généralement réside à Tara, colline qui domine l'actuel comté de Meath. Chaque clan est dirigé par un chef élu
dans la famille la plus importante. Les lois sont dispensées par des juristes professionnels appelés brehons, qui possèdent des terres et jouissent d'importants privilèges.

3.1.2

La christianisation

C'est pendant le règne du roi MacNeill (428-463) que saint Patrick tente de convertir les autochtones. Bien que le christianisme ait été précédemment introduit dans
certaines parties de l'Irlande, Patrick rencontre une forte opposition et ce n'est qu'un siècle après sa mort (en 461) que le christianisme est implanté dans toute l'île.
Au VIe siècle, de vastes monastères sont fondés en Irlande, où l'on prodigue un enseignement réputé au début du Moyen Âge. De ces monastères partent, au cours des
siècles suivants, de nombreux missionnaires, tels que les saints Colomba, Colomban et Brendan, tandis que beaucoup d'étudiants de Grande-Bretagne et du continent se
rendent en Irlande pour parfaire leur éducation. Recherchant la solitude, des ermites irlandais sont aussi les premiers explorateurs connus des îles Féroé, de l'Islande et du
Groenland.

3.1.3

Les invasions vikings

Le rayonnement de la civilisation irlandaise est interrompu par les incursions de Scandinaves (Danes, en fait surtout des Norvégiens), qui commencent à partir de 795 et se
poursuivent pendant plus de deux siècles. Les Vikings établissent des colonies sur la côte est de l'Irlande et conduisent des raids vers l'intérieur. Au IXe siècle, ces
Scandinaves fondent plusieurs villes, dont Dublin en 841. Leur domination prend fin en 1014 lors de la bataille de Clontard, près de Dublin, où ils sont écrasés par l'armée
du roi celtique Brian Boru.

En complément, voir les articles langues celtiques et littérature gaélique.

3.2

La progressive domination anglaise

3.2.1

La bulle Laudabiliter de 1155

En 1155, le roi Henri II d'Angleterre reçoit du pape Adrien IV (un Anglais) la bulle Laudabiliter l'autorisant à prendre possession de l'île irlandaise, contre le versement d'un
revenu annuel au trésor papal. Même si historiens considèrent cette bulle comme apocryphe, la situation ne change pas jusqu'à ce que Dermot MacMurrough, le roi déchu
du Leinster, cherche refuge à la cour du roi Henri II Plantagenêt ; en 1169, il obtient du souverain la permission de lever une armée de sujets anglais pour la reconquête de
son royaume. De retour en Irlande avec une armée de mercenaires normands commandée par Richard Strongbow, deuxième comte de Pembroke (1170), Dermot parvient à
reconquérir une partie de ses territoires et à prendre plusieurs villes de la côte est, dont Dublin. À sa mort en 1171, Richard Strongbow, qui a épousé la fille de Dermot, lui
succède.
Immédiatement, Henri II Plantagenêt accompagné d'une importante armée, se rend en Irlande pour mater le comte normand. Il se fait reconnaître seigneur suzerain de
l'île, reçoit les hommages des chefs celtes, des princes de l'Église et des barons normands. Il accorde à ces derniers une charte les autorisant, en tant que sujets de la
Couronne d'Angleterre, à prendre possession des royaumes de l'île. En 1175, le traité de Windsor consacre la suzeraineté d'Henri II sur toute l'île : le territoire irlandais est
devenu une colonie anglaise.

3.2.2

L'insoumission des Celtes

Les Anglais rencontrent cependant une importante opposition avant de parvenir à s'établir sur les terres qu'ils revendiquent. Le gouvernement est confié à un vice-roi et les
lois normandes sont introduites dans les parties de l'île soumises à l'obédience de l'Angleterre. Héritier de la couronne d'Angleterre, le jeune prince Jean est envoyé par
Henri II en 1185 en Irlande, mais la conduite maladroite de son conseil provoque de violentes réactions. Il est vite rappelé en Angleterre. Jean, devenu roi en 1199,
entreprend une seconde expédition en 1210 pour soumettre ses barons normands qui ont contracté des alliances avec les Irlandais.
Au cours du XIIIe siècle, plusieurs aventuriers anglo-normands parviennent à s'implanter en Irlande, en s'alliant ou en exterminant des clans locaux. Le clan des Fitzgerald
prend le pouvoir à Kildare et dans le Munster oriental ; les Butler, dans le Munster occidental ; le clan des Burke, dans le Connacht.
Après la victoire des Écossais contre les Anglais à Bannockburn (1314), Édouard Bruce -- frère cadet du nouveau roi Robert Bruce d'Écosse -- envahit l'Irlande et tente en
vain d'y battre les Anglais. Le pape, à l'instigation de l'Angleterre, excommunie Bruce et ses alliés irlandais. Malgré l'échec de son invasion, Bruce contribue au déclin de la
suprématie anglaise en Irlande.

3.2.3

Les statuts de Kilkenny de 1366

Les descendants des colons anglo-normands les plus puissants d'Irlande s'identifient progressivement aux Gaëls, dont ils adoptent la langue, les coutumes et les lois. En
réaction, le Parlement anglo-normand adopte, en 1366, les statuts de Kilkenny : contraignant Anglais et Irlandais à vivre séparément et interdisant les lois et coutumes
irlandaises dans le « Pale « (région côtière entre Dublin et Dundalk sous autorité anglaise), les statuts prévoient l'excommunication et de lourdes peines pour tout sujet
suivant les coutumes des Gaëls ou s'alliant à eux. Toutefois, les humiliants statuts ne sont pas appliqués jusqu'à la fin du XIVe siècle en dépit de l'intervention armée de
Richard II d'Angleterre (roi de 1377 à 1399). Le pouvoir et l'influence des Gaëls se sont considérablement accrus à l'époque de la guerre des Deux-Roses qui oppose en
Angleterre la maison d'York et celle de Lancastre (1455-1485) : ainsi, alors que l'Irlande soutient la maison d'York, l'autorité de la couronne d'Angleterre se limite à la
région côtière du « Pale « anglais.

3.3

La main mise anglaise

3.3.1

L'autoritarisme des Anglais

3.3.1.1

La loi de Poynings de 1494

La participation de l'aristocratie anglo-normande du « Pale « dans la guerre des Deux-Roses a considérablement affaibli la domination anglaise en Irlande. Quand Henri VII
Tudor devient roi d'Angleterre en 1485, il nomme vice-roi d'Irlande Gerald Fitzgerald, huitième comte de Kildare -- bien que Kildare soutienne les York. Mais effectivement,
Kildare aide si ouvertement les prétendants York que le roi le remplace en 1494 par le militaire et diplomate anglais sir Edward Poynings. Représentant exclusivement les
intérêts anglais, il convoque immédiatement le Parlement de Drogheda, qui adopte des lois assurant la défense de la zone côtière du « Pale « et la réduction du pouvoir des
seigneurs anglo-irlandais. Il est désormais interdit aux nobles d'opprimer leurs vassaux, de commettre des exactions contre les fermiers ou de constituer une armée avec
leurs serviteurs. Edward Poynings fait également confirmer les status de Kilkenny de 1366. Toutes les charges d'État, y compris celle de juge, sont affectées par le roi
d'Angleterre, au détriment du vice-roi, et la législation anglaise devient officielle au « Pale «. La plus importante des lois est la loi dite de Poynings (1494), qui assujettit le
Parlement irlandais à la couronne anglaise, en soumettant tout projet de loi à l'assentiment royal, avant qu'il ne soit adopté par le Parlement -- la loi de Poynings régit les
relations entre l'Angleterre et l'Irlande pratiquement jusqu'à l'Acte d'union de 1800.

3.3.1.2

L'acquisition par le souverain anglais du titre de roi d'Irlande

Henri VII rétablit finalement Kildare, le plus puissant des aristocrates irlandais, comme vice-roi. Sous le gouvernement de ce dernier, le « Pale « s'agrandit et prospère. Mais
sa famille, les Fitzgerald ou Geraldine, se rebelle sous le règne d'Henri VIII (1509-1547) ; il est battu et sa puissance détruite. Lorsque Henri VIII, après la promulgation de
l'Acte de suprématie en 1534, tente d'introduire la Réforme en Irlande en 1537, la dissolution des monastères commence. Elle s'achève quelque temps plus tard par la
destruction des reliques et des statues religieuses. Les chefs gaëls se réconcilient grâce à un partage des dépouilles et reçoivent des titres anglais, leurs terres leur étant
rétrocédées sous le régime foncier anglais. Les Irlandais restent régis par leurs propres lois. Une commission anglaise tient des sessions dans toute l'île, mais le droit
irlandais est respecté et le pays demeure en paix. Au Parlement de 1541, où sont pour la première fois présents chefs gaëls et seigneurs du Pale, le titre d'Henri seigneur
d'Irlande, conféré par le pape, est remplacé par celui de roi d'Irlande.

3.3.1.3

La division religieuse

Les évolutions religieuses sous les règnes de l'anglican Édouard VI (1547-1553), notamment l'abolition de la messe, accroissent l'hostilité des Irlandais. Son successeur au
trône d'Angleterre, Marie Ire Tudor (1553-1558), est de confession catholique. Néanmoins, elle est à l'origine de la colonisation de l'Irlande par les Anglais. La population
irlandaise des comtés rebaptisés de Kings et Queens (respectivement les actuels Offaly et Laois) est chassée et les terres données à des colons anglais. La reine Élisabeth I re
(1558-1603) suit d'abord la politique de son père Édouard visant à réconcilier les chefs irlandais, mais la rébellion du chef de l'Ulster, Shane O'Neill, l'incite à adopter des
mesures plus strictes ; une loi est promulguée, divisant toute l'Irlande en comtés, et les officiers de justice sont investis de pouvoirs militaires, dont ils usent de façon
arbitraire. Les guerres de religion de la reine Élisabeth sont accompagnées par les rébellions des catholiques irlandais. Seizième comte de Desmond et membre de la grande
maison des Geraldine, James Fitzgerald, qui gouverne la plus grande partie du Munster, est vaincu après une longue lutte. Le militaire irlandais Hugh O'Neill, troisième
baron de Dungannon et deuxième comte de Tyrone, anéantit une armée anglaise sur la rivière Blackwater et bat aussi Robert Devereux, deuxième comte d'Essex, envoyé

par Élisabeth. Aux environs de 1603, cependant, O'Neill est contraint de se soumettre aux Anglais. Pendant cette guerre, les plus grandes cruautés et perfidies sont
commises dans les deux camps. Afin de détruire la résistance irlandaise, les Anglais dévastent les villages, les récoltes et le bétail, massacrant la population. La plus grande
partie du Munster et de l'Ulster est ravagée, et beaucoup d'habitants meurent de faim.
Sous Élisabeth et Jacques Ier Stuart, le pouvoir de l'Église d'État anglicane est étendu à l'Irlande. L'Église d'Angleterre obtient tout ce qui appartient à l'Église du Pale (Dublin
et sa région) et reçoit aussi les établissements appartenant à l'Église celtique. Une ancienne inimitié existe entre ces deux Églises irlandaises. L'Église du Pale est affectée
par la Réforme, alors que l'Église celte confirme ses attaches catholiques romaines. La quasi-totalité de la population celtique d'Irlande et la majorité des habitants du Pale
restent catholiques, et l'Église anglicane sert d'instrument politique aux dirigeants anglais du château de Dublin.

3.3.2

L'anglicisation et la colonisation

Durant le règne de Jacques Ier Stuart (1603-1625), le droit anglais est proclamé seul droit du pays. Privés de leur indépendance, le comte de Tyrone et Rory O'Donnell,
premier comte de Tyrconnel, ainsi que quelque cent autres chefs gaëls, s'enfuient en 1607 pour Rome. Les terres de six comtés de l'Ulster septentrional sont confisquées et
attribuées à des colons venus de Grande-Bretagne. Les derniers vestiges de l'indépendance du Parlement irlandais sont détruits par la création de quarante circonscriptions
à partir de petits hameaux, une manoeuvre politique qui assure la majorité à la couronne anglaise.
Le gouvernement austère et ferme de Thomas Wentworth, premier comte de Strafford et vice-roi de Charles I er, assure l'ordre et la prospérité en Irlande. En équilibrant le
nombre de catholiques et de protestants au Parlement et en tenant la précédente promesse de tolérance, il parvient à obtenir des fonds abondants pour le roi dans son
conflit avec le Parlement anglais. Les Gaëls, dépossédés de leurs terres en Ulster et ailleurs, profitent de la situation en Angleterre pour reconquérir leurs biens.
Sous le commandement du chef gaël Rory O'More, une conspiration est fomentée en 1641 afin de prendre Dublin et chasser les Anglais. Les Irlandais parviennent à
expulser les colons anglais hors de l'Ulster. Des chroniqueurs anglais estiment à 30 000 le nombre de personnes tuées par les Irlandais -- chiffre sans doute exagéré ; les
Écossais d'Ulster ont, en règle générale, été épargnés. Les insurgés sont bientôt rejoints par les seigneurs catholiques du Pale ; ensemble, ils choisissent un conseil suprême
pour gouverner l'Irlande. Charles Ier (1625-1649) envoie Édouard Somerset, comte de Glamorgan, traiter avec eux ; ce dernier va jusqu'à leur promettre la prédominance
de l'Église catholique romaine en Irlande en récompense de leur assistance à Charles I er. En 1647, l'alliance entre les seigneurs du Pale, qui ne désirent rien d'autre que de
pratiquer leur religion en paix, et les Gaëls, qui espèrent la restauration de l'ancien système foncier, prend fin. En 1648, l'homme d'État et militaire irlandais James Butler,
douzième comte d'Ormonde, revient en tant que vice-roi de Charles Ier et s'allie aux seigneurs catholiques, gagnant ainsi l'Irlande à la cause royaliste.

3.3.2.1

Les massacres de Drogheda et de Wexford

En 1649, le militaire et homme politique anglais Oliver Cromwell débarque à Dublin, que les seigneurs catholiques ne sont pas parvenus à prendre. Se considérant comme
les vengeurs protestants du soulèvement de 1641, 10 000 soldats prennent d'assaut Drogheda et passent sa garnison de 2 000 hommes par les armes. L'attaque de
Wexford a un résultat similaire. Les successeurs de Cromwell, les militaires et régicides anglais Henry Ireton et Edmund Ludlow, gagnent la guerre. Une grande partie des
meilleures terres du Munster, du Leinster et de l'Ulster est confisquée et distribuée aux soldats de l'armée parlementaire. Les propriétaires catholiques et royalistes sont
bannis dans le Connacht. Une partie des terres confisquées à cette époque est restituée sous le règne de Charles II (1660-1685), mais au moins les quatre cinquièmes des
terres d'Irlande restent entre les mains des protestants. La vice-royauté d'Ormonde, tout en maintenant la domination protestante, fait beaucoup pour restaurer l'ordre et
promouvoir l'industrie.
Le roi Jacques II (1685-1688), cependant, inverse la politique de Charles II. Avec son vice-roi en Irlande, Richard Talbot, duc de Tyrconnell, les catholiques ont accès à des
charges administratives et prennent le contrôle de la milice qu'Ormonde a préalablement organisée. En conséquence, la totalité de la population catholique se range du côté
de Jacques II dans ce qu'on appelle la « Glorieuse Révolution « de 1688. Ainsi, en 1689, lorsque Jacques II débarque à Dublin avec des officiers français, il reçoit l'aide
d'une armée irlandaise. Les colons protestants sont chassés de leurs foyers et trouvent refuge dans les villes d'Enniskillen et de Londonderry, que Jacques II tente de
prendre. L'absence d'artillerie l'en empêche, et la ville est libérée par la mer. La session parlementaire de 1689 restitue toutes les terres confisquées aux catholiques depuis
1641 et promulgue un décret de confiscation des biens des partisans du roi Guillaume III d'Orange-Nassau. En 1690, Guillaume III débarque en Irlande avec une armée
protestante et, le 1er juillet, il bat les forces irlandaises à la bataille de la Boyne. Il ne parvient toutefois pas à prendre la ville de Limerick. Une brillante tactique du patriote
irlandais Patrick Sarsfield détruit l'artillerie de Guillaume III, qui est forcé de battre en retraite. En 1691, les généraux de ce dernier écrasent l'armée irlandaise devant la
ville d'Aughrim, et Limerick doit capituler. Au terme du traité de Limerick (1691), les catholiques obtiennent une certaine liberté religieuse et les terres qu'ils possédaient
sous Charles II leur sont restituées.

3.3.2.2

Les lois pénales envers les catholiques

Par la suite, le Parlement d'Angleterre oblige Guillaume III à rompre les clauses du traité de Limerick sur la restitution des terres ; de son côté, le Parlement d'Irlande viole
les termes accordant la tolérance religieuse, en promulguant les lois pénales à l'encontre des catholiques (1702-1705). Les lois leur interdisent tout emploi public, d'aller à
la messe, d'acheter ou d'hériter de terres. L'oppression est aussi économique : l'Irlande n'ayant qu'un statut colonial, elle ne doit pas concurrencer l'Angleterre, et des
mesures sont prises pour limiter les importations anglaises de bétail et de produits textiles en provenance d'Irlande. Le commerce et les industries irlandais sont ainsi
délibérément brisés par les Anglais. Déjà, par les lois de 1665 et de 1680, l'exportation du bétail, du lait, du beurre et du fromage vers l'Angleterre a été interdite. Le
commerce des laines a également été ruiné par une loi promulguée en 1699, interdisant toute exportation des laines d'Irlande. En conséquence, de nombreux Irlandais
émigrent : les catholiques vers l'Espagne et la France, les protestants vers l'Amérique.
La guerre de l'Indépendance américaine (1776-1783) suscite beaucoup de sympathie en Ulster, en particulier chez les presbytériens qui, écartés des fonctions officielles,
souhaitent une émancipation générale, y compris des catholiques. En 1778, le Parlement irlandais vote le Relief Act (décret de délivrance), supprimant certaines des lois les
plus oppressives. Pendant ce temps, les protestants irlandais, sous prétexte de défendre le pays contre les Français, qui se sont alliés aux Américains, ont formé des
associations de volontaires militaires, fortes de 80 000 membres. Ainsi soutenus, ils demandent l'indépendance législative pour l'Irlande, et, sur l'initiative de l'homme
politique britannique Charles Jacques Fox, le Parlement britannique abroge la loi Poynings et une grande partie de la législation anticatholique. Le Parlement irlandais est
toutefois composé entièrement de protestants de l'Église officielle, qui refusent d'étendre le droit de vote aux catholiques.
Les principes de la Révolution française trouvent un puissant écho en Irlande au sein de la Société des Irlandais unis, qui organise une rébellion en 1798. Les paysans se
soulèvent à Wexford et, quoique insuffisamment armés, combattent avec bravoure. Dublin est en danger, mais les insurgés sont défaits par les forces régulières à Vinegar
Hill. Une force française de 1 100 hommes débarque dans la baie de Killala, mais arrive trop tard pour apporter une assistance efficace.

3.4

L'Acte d'union de 1800 et ses conséquences

3.4.1

La difficile création du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande

Le Premier ministre britannique William Pitt, dit le Second Pitt, estime que l'union législative du Royaume-Uni et de l'Irlande ainsi que l'émancipation des catholiques sont le
seul remède à la rébellion catholique et à la tyrannie protestante en Irlande. Par sa prodigalité et ses promesses de protection, il incite le Parlement irlandais à voter l'Acte
d'union en 1800 et, le 1er janvier 1801, l'union est proclamée. Mais, en raison de l'opposition de George III (roi de 1760 à 1820), Pitt ne parvient pas à tenir sa promesse
d'émancipation pour les catholiques.

L'histoire de l'Irlande après l'Acte d'union est principalement marquée par la lutte pour la liberté civique et religieuse irlandaise, et pour l'autonomie. À peine l'union a-t-elle
été établie que le mécontentement en Irlande donne lieu à un soulèvement armé, le 23 juillet 1803, sous la direction du patriote irlandais Robert Emmet. Ce soulèvement
est facilement réprimé et pendant un temps aucune révolte armée ne se produit. En 1823, Daniel O'Connell fonde l'Association catholique, qui réclame et finalement obtient
l'émancipation complète des catholiques en Irlande. En 1828, les catholiques sont autorisés à tenir des offices religieux et, en 1829, ils obtiennent le droit de siéger au
Parlement. La lutte porte alors sur les dîmes, que tous les Irlandais, catholiques inclus, sont contraints de payer pour l'entretien de l'Église anglicane en Irlande. De
nombreuses cruautés sont perpétrées dans les deux camps pendant la guerre dite des dîmes (Tithe War), qui est associée à une demande répétée de l'abrogation de l'Acte
d'union. Différentes sociétés sont constituées pour poursuivre le mouvement, et un désordre considérable s'ensuit, entretenu par la Société dite du Ruban (Ribbon Society).
La réforme du Parlement britannique en 1832 augmente le nombre de membres irlandais de 100 à 105. En outre, elle donne à la « classe moyenne « davantage de pouvoir,
affaiblissant l'aristocratie pro-anglaise. En 1838 une loi est promulguée, convertissant les dîmes en charges fermières, payées par les propriétaires ; l'agitation liée à l'Église
anglicane s'apaise alors pendant un temps.

3.4.2

La grande famine

De 1846 à 1848, l'Irlande souffre d'une grande famine imputable aux désastreuses récoltes de pommes de terre. Une fois encore, un grand nombre d'Irlandais émigrent, en
particulier vers l'Amérique ; on a estimé que, à la fin de 1848, en raison de l'émigration et des décès dus à la famine, la population d'Irlande a diminué de plus de 2 millions
d'habitants.

3.4.3

L'émergence d'organisations révolutionnaires

Dans les trente-cinq dernières années du XIXe siècle, de nombreuses réformes ecclésiastiques et agraires sont menées dans le pays. L'agitation pour le Home Rule
(autonomie), cependant, prend une place majeure dans la politique irlandaise. Cette cause trouve un champion charismatique en la personne du nationaliste Charles
Stewart Parnell. À cette époque également, de nombreuses sociétés secrètes fomentent l'avènement d'une république irlandaise. Dès 1867, les membres les plus radicaux
de ces sociétés, s'appelant eux-mêmes les Invincibles, ont commencé une rébellion avortée dans les comtés de Dublin et de Kerry. En 1886, les mêmes révolutionnaires
sont responsables du meurtre du ministre britannique chargé de l'Irlande, lord Frederick Charles Cavendish, et du secrétaire d'État, Thomas Henry Burke, en protestation
contre le Coercion Act (loi de coercition) de 1881, donnant au lord lieutenant d'Irlande le pouvoir d'arrêter toute personne simplement soupçonnée de trahison,
d'intimidation ou autres. Le Crimes Act (loi sur la criminalité), qui est votée peu après le double meurtre, rend les dispositions du Coercion Act plus rigoureuses.

3.4.4

La question irlandaise

À Londres, le Premier ministre William Gladstone tente de résoudre la question irlandaise par un Home Rule Bill (projet de loi d'autonomie), qu'il présente en 1886. Cette loi
doit donner au Parlement irlandais le droit de désigner le pouvoir exécutif d'Irlande, bien que le pouvoir fiscal reste du domaine du Parlement britannique. Charles Parnell
accepte le projet, mais il rencontre une forte opposition en Ulster et au Royaume-Uni, et ne passe pas à la Chambre des communes. William Gladstone présente un autre
projet de Home Rule en 1893, qui n'est pas adopté par la Chambre des lords.
Pendant le dernier quart du XIXe siècle et la première décennie du XXe siècle, deux nouvelles forces se développent dans la vie irlandaise, qui dans une large mesure se
tiennent à l'écart des luttes politiques et religieuses : la Société de l'organisation agricole irlandaise ( Irish Agricultural Organization Society), créée en 1894, et la Ligue
gaélique, fondée en 1903. La première vise à faire dans le domaine économique ce que la seconde tente de faire dans le domaine intellectuel, c'est-à-dire réhabiliter
l'Irlande depuis l'intérieur. En 1902, le leader politique et journaliste irlandais Arthur Griffith fonde le Sinn Féin, qui devient un parti politique en 1905. Conçu d'abord
comme une organisation visant à promouvoir le bien-être économique irlandais et à atteindre la complète indépendance de l'Irlande, le Sinn Féin devient le plus important
parti politique du pays et une force prépondérante en vue de l'obtention finale de l'indépendance.

3.5

La révolution irlandaise (1916-1921)

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, l'Irlande se trouve au bord de la rupture. Le vote du Home Rule n'a fait qu'attiser les tensions entre nationalistes catholiques,
qui réclament désormais l'indépendance de l'île, et unionistes protestants, qui veulent maintenir l'Ulster au sein du Royaume-Uni. Malgré cette situation de crise, la majorité
des Irlandais adopte une attitude loyaliste dans le conflit mondial. Cependant, les nationalistes les plus radicaux, encouragés dans leur attitude par une série de maladresses
du gouvernement britannique, refusent de collaborer avec l'Angleterre. C'est le cas de la Citizen Army, fondée en 1913 par James Connolly, et d'une partie des Irish
Volunteers (volontaires irlandais), placés sous les ordres de l'Irish Republican Brotherhood (Fraternité républicaine irlandaise, IRB), la société secrète des Fenians.

3.5.1

L'insurrection nationaliste

Dès le mois d'août 1914, les dirigeants de l'IRB décident de tenter un soulèvement avant la fin du conflit. Le 24 avril 1916, un millier de combattants nationalistes
s'emparent du quartier de l'hôtel des Postes, qu'ils tiennent pendant cinq jours. L'insurrection demeure minoritaire, mais ces Pâques sanglantes, qui font environ cinq cents
victimes civiles, ont de profondes répercussions dans les esprits. La violence de la répression anglaise et l'exécution de quinze dirigeants nationalistes, dont Patrick Pearse
et James Connolly, favorisent le ralliement de la population au Sinn Féin, le parti nationaliste irlandais.
Lors des élections de 1918, les candidats du Sinn Féin remportent 73 des 106 sièges dévolus à l'Irlande au sein du Parlement britannique. Parmi les élus figurent Eamon
De Valera, ancien chef de l'insurrection de 1916, dont la condamnation à mort a été commuée en peine de prison à vie, Arthur Griffith et Michael Collins, le chef des Irish
Volunteers -- futurs Irish Republican Army (IRA). Exigeant l'instauration d'une République irlandaise indépendante, englobant la totalité du territoire de l'île, les députés du
Sinn Féin, du moins ceux qui ne sont pas en prison, boycottent le Parlement de Westminster et se constituent, le 21 janvier 1919, en une Assemblée d'Irlande (Dáil
Éireann), qui adopte une Constitution provisoire et élit De Valera président de la nouvelle République irlandaise. Évadé de sa prison en février 1919, De Valera constitue en
avril le premier gouvernement républicain irlandais.

3.5.2

La partition de l'île (1920-1921)

La réplique britannique est immédiate, et des unités formées d'anciens combattants de 1914 et de loyalistes protestants sont chargées de « pacifier « le pays. Les « Black
and Tans « font régner une véritable terreur, à laquelle répond l'action déterminée de l'IRA. Sous la pression de l'opinion internationale, et notamment des États-Unis, le
Parlement britannique promulgue le Government of Ireland Act, en décembre 1920 : l'île est partagée en deux parties dotées d'une large autonomie. La partition ne
respecte ni les limites provinciales ni les clivages confessionnels : trois des neuf comtés de l'Ulster sont rattachés aux trois provinces formant l'Irlande du Sud ; parmi les six
comtés formant l'Irlande du Nord, deux comtés sont à majorité catholique.
Le traité du 6 décembre 1921 reconnaît par la suite à l'Irlande le plein statut de dominion. Le régime ulstérien, doté d'une Constitution et d'un Parlement gérant les affaires
locales, reste subordonné au Parlement de Londres. La séparation entre les deux Irlande devient définitive en 1925, avec l'établissement d'une frontière officielle.
Pour l'histoire ultérieure de l'Irlande, voir les articles Irlande du Nord et république d'Irlande. Pour l'histoire du conflit religieux, voir conflit anglo-irlandais.

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