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Interpréter est-ce forcement trahir?

Publié le 10/12/2021

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L'histoire, dans son principe, est en effet hostile à tout jugement normatif. Et cependant, il faut bien se placer à un point de vue normatif, si l'on veut juger de l'efficacité d'une pensée. Tout ce qu'on rencontre dans l'histoire de la pensée scientifique est bien loin de servir effectivement à l'évolution de cette pensée. Certaines connaissances même justes arrêtent trop tôt des recherches utiles. L'épistémologue doit donc trier les documents recueillis par l'historien. Il doit les juger du point de vue de la raison et même du point de vue de la raison évoluée, car c'est seulement de nos jours que nous pouvons pleinement juger les erreurs du passé spirituel. D'ailleurs, même dans les sciences expérimentales, c'est toujours l'interprétation rationnelle qui fixe les faits à leur juste place. C'est sur l'axe expérience- raison et dans le sens de la rationalisation que se trouvent à la fois le risque et le succès. Il n'y a que la raison qui dynamise la recherche, car c'est la seule qui suggère, au-delà de l'expérience commune (immédiate et spécieuse), l'expérience scientifique (indirecte et féconde). C'est donc l'effort de rationalité et de construction qui doit retenir l'épistémologue.

Le sujet demande que l’on mette en question une équivalence entre deux éléments : « interpréter « d’une part, « trahir « d’autre part.

La définition de la notion d’interprétation peut être double : une interprétation est, en son sens premier qui est celui de « parler pour quelque chose, se faire le porte-parole de quelque chose «, une transposition, une traduction de l’objet à interpréter par une instance qui ne cherche pas à la modifier – ainsi, les interprètes des textes sacrés sont supposés en donner une expression intelligible par tous, et non pas une version particulière. De même, les interprètes linguistiques ne font que traduire. Cependant l’existence même d’une traduction qui ne soit pas en même temps la création d’une version de l’objet interprété peut être mise en doute, et on glisse alors vers le second sens de l’interprétation, qu’on lui attribue plus couramment : interpréter, ce serait proposer une certaine lecture, une certaine vision de l’objet que l’on interprète. Le sujet semble viser plutôt ce second sens : trahir en effet, c’est renier une fidélité, ne plus respecter un objet qui nous avait accordé une certaine confiance quant au traitement que l’on en ferait. Le travail d’interprétation est soupçonné de ne pas être fiable, d’être traître, de renier son objet. Le sujet présuppose donc une compréhension assez péjorative de l’interprétation.

C’est alors le rôle de l’interprétation qui est en question : interpréter, est-ce simplement donner un compte-rendu fidèle – mais la fidélité de ce compte-rendu est-elle seulement possible ? est-ce actualiser des puissances qui se trouvent dans une œuvre conçue pour être interpréter (un morceau de musique, par exemple, n’existe comme morceau de musique que par son interprétation, sinon il n’est qu’une partition – en ce sens l’interprétation l’actualise) ? est-ce enfin donner un sens à un objet, ce sens ne se trouvant pas nécessairement dans l’objet en question ? La réponse à la question posée par le sujet demande donc que l’on choisisse entre plusieurs compréhensions possibles de la notion d’interprétation.

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