INDIVIDU
Publié le 06/12/2021
Extrait du document
INDIVIDU
Le mot individu (d'origine latine) signifie étymologiquement, comme le mot atome (d'origine grecque), indivisible. L'individu, c'est ce qu'on ne peut pas diviser, c'est-à-dire réduire à d'autres déterminations que lui-même. Il est d'emblée conçu ontologiquement comme une partie constitutive de la réalité.
Traditionnellement, la notion pose trois problèmes : 1 — Ce qu'on nomme individu, est-il bien un indivisible, une partie constitutive de la réalité ? 2 — Qu'est-ce qui fait qu'un individu est individué ? 3 — Comment peut-on définir un individu ? C'est la logique aristotélicienne qui a posé ce problème ; tout être se définit par des déterminations (genres et différences) qui sont des universaux : elles ne peuvent définir un individu (à moins de supposer comme le fera Leibniz que l'individuation correspond à une infinité de déterminations universelles), mais une classe d'individus (d'où la solution
d'Aristote et de saint Thomas : l'individu est saisissable dans sa seule matérialité déterminée par une espèce universelle).
On peut donner des définitions biologiques de l'individualité : c'est l'unité sans laquelle le vivant cesse d'exister. La pensée politique classique a défini une nouvelle notion d'individu : celle d'un sujet libre qui, par son association avec d'autres, donnerait naissance à la société. En remarquant que l'individu n'existe pas en dehors de la société, Marx et après lui tous les sociologues, transforment le sens ontologique de la notion : l'individu n'est pas à comprendre comme l'élément constitutif de la réalité qu'on considère, mais comme ce que différencie la totalité de cette réalité.
Loin d'être une réalité ontologique, l'individuation est peut-être relative à une sphère de déterminations à un point de vue sur le monde (pour le médecin, l'homme est un individu, pour le physicien, la particule est un individu, pour le sociologue, le groupe peut en être un).
Liens utiles
- "La mode satisfait à la fois le désir de réunion, de communauté avec les autres et celui de l'isolement, de la différenciation. L'individu à la mode se sent différent, original et, en même temps, l'objet de l'approbation du plus grand nombre, qui se conduit comme lui"
- Est-il vrai que seul l'individu pense ?
- En quoi peut-on dire que la société et la nature impitoyable sont utiles à la structuration morale de l'individu ?
- Le roman moderne, écrit André MALRAUX, est à mes yeux un moyen d'expression privilégié du tragique de l'homme, non une élucidation de l'individu. Commentez cette définition et montrez qu'elle convient exactement à la Condition humaine.
- « On oppose souvent le roman, au sens moderne du mot, c'est-à-dire tel qu'il apparaît en Occident en gros avec Cervantès, à l'épopée, en disant que celle-ci raconte les aventures d'un groupe, celui-là d'un individu; mais depuis Balzac au moins, il est clair que le roman dans ses formes les plus hautes prétend dépasser cette opposition et raconter par l'intermédiaire d'aventures individuelles le mouvement de toute une société ». Que pensez-vous de cet avis de Michel Butor ?