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imprécations.

Publié le 08/12/2021

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imprécations.
Louis Napoléon se força néanmoins à lui confier des commandements
militaires en Crimée et en Italie, où la combinaison de ses qualités et de ses défauts ne lui valut pas mieux
u'une franche impopularité, à la fois dans les milieux politiques et chez les militaires. La tentative qu'il fit de le
ommer ministre des Colonies et de l'Algérie se solda par un échec. Il dut bientôt le cantonner dans quelques
issions diplomatiques mineures et à la présidence... des Expositions universelles.
u moins, Napoléon Jérôme eut-il la bonne idée d'accepter d'épouser la fille de Victor-Emmanuel et de servir --
ar un mariage de raison -- les intérêts diplomatiques de la France. On peut aussi lui accorder le mérite d'une
ertaine fidélité. Suffisante, en tout cas, pour alimenter les regrets de l'empereur devant un échec aussi
lagrant...
ne lettre de Louis Napoléon adressée à son cousin, après une intervention intempestive de celui-ci devant le
énat, exprime bien l'ampleur de la déception.
J'ai été surpris, je l'avoue, de voir combien tu rendais peu justice à ma conduite envers toi depuis douze ans
t combien tu t'abusais sur la tienne... Depuis le lendemain du jour où je fus élu Président de la République, tu
'as jamais cessé d'être, par tes paroles et par tes actions, hostile à ma politique, soit pendant la Présidence,
oit au 2 décembre, soit depuis l'Empire. Comment me suis-je vengé? En cherchant toutes les occasions de te
ettre en avant, de te faire une position digne de ton rang, et d'ouvrir une arène à tes brillantes qualités.
Ton commandement en Crimée, ta dotation, ton Ministère en Algérie, ton entrée au Sénat et au Conseil d'État
ont des preuves évidentes de mon amitié pour toi. Ai-je besoin de rappeler comment tu y as répondu?
En Orient, ton découragement t'a fait perdre le fruit d'une campagne bien commencée...
Ta dotation? On a droit de s'étonner que jamais tu ne reçoives, et que jamais ton nom ne paraisse dans
ucun acte de charité. Ton portefeuille en Algérie? Tu me l'as un beau jour renvoyé à cause d'un article du
oniteur. Quant à tes discours au Sénat, ils n'ont jamais été pour mon Gouvernement qu'un sérieux
mbarras... Je n'admettrai jamais qu'on parle au Sénat comme dans un club, jetant l'injure à la tête de tout le
onde... «
uant à Mathilde, l'Empire est pour elle une impasse, avant même d'avoir commencé.
ette beauté massive avait un autre handicap que son physique plantureux: elle avait été, on le sait, la fiancée
e Louis Napoléon et, on s'en souvient aussi, n'avait guère résisté à son père lorsque celui-ci lui avait intimé
'ordre de rompre avec le triste héros de l'équipée saugrenue de Strasbourg. Comme il arrive souvent, Mathilde
n voulait davantage à Louis Napoléon... de sa propre trahison que lui-même ne songeait à lui en faire
eproche.
e mariage qui lui avait été imposé par la suite s'était révélé, il est vrai, aussi tumultueux que malheureux. Son
ère l'avait littéralement cédée à un Russe richissime, le comte Demidov, qui lui avait rendu la vie impossible.
u moins, la séparation, organisée par le tsar, sous l'oeil intéressé du roi Jérôme, avait-elle été avantageuse :
00 000 francs de rente pour elle... et 40 000 francs pour le papa, qui ne s'était pas oublié...
ntre Mathilde et Louis Napoléon resta toujours ce souvenir en forme de blessure secrète. Il éprouvait de
'attachement pour elle, mais un mariage avec cette divorcée de fait était d'autant plus difficile à envisager
u'elle entretenait une liaison tapageuse avec le comte de Nieuwerkerke.
athilde se prit probablement à rêver que, du moins, Louis Napoléon ne se marierait pas : aussi longtemps que
e célibat de celui-ci se prolongerait, elle resterait en effet la première dame de France et ce rôle lui convenait
out à fait... Déjà, à l'Élysée, elle s'était vu reconnaître le rôle de maîtresse de maison, qu'elle continua de tenir
ux débuts de l'installation aux Tuileries et dont, au demeurant, elle s'acquitta fort bien.
a réaction fut particulièrement violente lorsque son ex-fiancé s'ouvrit devant elle de son intention de convoler
vec une autre. Pourtant une fois son intérim d'impératrice de fait achevé, elle sut conserver des relations plus
ue correctes avec Louis Napoléon. Si quelque chose en elle avait été brisé, elle n'en servit pas moins l'Empire
t son maître en assumant une fonction que nul n'eût pu lui contester et qu'en tout état de cause ni Louis
apoléon, ni son épouse n'étaient capables ou simplement désireux d'occuper. Femme de goût, d'esprit et de
ulture, elle anima, tour à tour à Saint-Gratien et dans son hôtel de la rue de Courcelles, le plus brillant salon de
'époque. Au moins, les revenus qui lui furent servis aidèrent-ils à la promotion des lettres et des arts; les grands
oms d'alors -- Théophile Gautier, les Goncourt, Taine, Sainte-Beuve - furent ses hôtes familiers.
arriet Howard n'accueillit pas mieux la nouvelle de l'union : un statut de maîtresse quasi officielle lui avait été
ttribué, que renforçait encore l'ampleur des services rendus. Elle, du moins, était célibataire. Mais l'origine de
a fortune de cette jeune femme autrefois entretenue n'était qu'un secret de polichinelle. On l'écartera donc le
oment venu, avec toute la correction désirable et de substantielles compensations: quelques millions, un titre
e comtesse et l'honneur de veiller au sort des deux enfants qu'au fort de Ham le prince avait eus d'Alexandrine
ergeot.

Mais que de scènes pénibles, décidément, quand Louis Napoléon fera connaître aux uns et aux autres son
hoix.
e choix, il s'y détermine comme il le fait pour toutes ses décisions importantes: une longue réflexion solitaire,
la maturation de l'idée qui s'élabore, et puis, la résolution foudroyante.
Mais pendant qu'il se prépare, seul, dans l'ignorance de tous -- y compris, dans le cas d'espèce, de la
principale intéressée -- beaucoup croient pouvoir penser pour lui.
On songe bien sûr à un mariage politique: avec l'infante Christine, ou la princesse Wasa de Suède, ou la
princesse Adélaïde de Hohenlohe... Mais qui pourrait bien avancer le nom d'Eugénie de Guzman, comtesse de
Téba? Louis Napoléon la connaît depuis plusieurs années, sans que cela ait jamais paru susceptible de
conséquences... Et pourtant...
Étrange jeune femme, au demeurant. Affublée d'une mère envahissante et calculatrice, qui, de toute évidence,
cherche à la caser glorieusement. Espagnole, de bonne famille -- son père a servi Napoléon Ier, ce qui ne gâte
rien --, elle est belle, très belle.
« Ce qui me plaisait, dira Stéphanie Tascher de La Pagerie, c'était son espèce de timidité et de doute d'ellemême, alliée à sa triomphante beauté. «
On ne saurait dire que l'étrange équipage qu'elle constitue avec sa mère ait gagné tous les coeurs. Parcourant
sans arrêt l'Europe, elles peuvent passer pour des intrigantes.
En tout cas, Louis Napoléon est profondément épris. A-t-il été le jouet des savantes machinations ourdies par
Mme de Montijo, laquelle aurait été utilement et intelligemment conseillée par ses proches : Mérimée, un ami de
longue date, et Ferdinand de Lesseps, son cousin? Louis Napoléon, qui n'avait certes pas l'habitude de voir les
femmes lui résister, s'est-il résigné, comme l'ont insinué quelques mauvaises langues, à passer par la chapelle
parce que c'était le chemin obligatoire de la chambre à coucher?
Là-dessus, les avis divergent. Mais ce sont paradoxalement les ennemis d'Eugénie qui vont précipiter sa
fortune. Lors d'une réception, le 1er janvier 1853, la femme d'un ministre l'humilie en public. Tout de go, elle
annonce à Louis Napoléon que, n'en pouvant supporter davantage, elle va quitter Paris.
Le lendemain, la voilà avec une demande en mariage, en bonne et due forme. Dès que la nouvelle est connue,
c'est la tempête. Si Morny, habilement, se range dans le camp -- quasi désertique -- de la jeune duchesse,
Persigny, lui, s'insurge et fait grand tapage. Napoléon Jérôme, qui l'avait trouvée « grotesque «, décrète qu'« on
n'épouse pas Mademoiselle de Montijo «. Le ministre des Affaires étrangères, Drouyn de Lhuys, parle de
démission. Mathilde fait à l'empereur une scène mémorable : « Dès lors que vous n'épousez pas une
Française, vous ne pouvez entrer que dans une maison souveraine. «
Hugo, de son exil, exulte: « Il faut se presser, car le Bonaparte me fait l'effet de se faisander. Il n'en a pas pour
longtemps. L'Empire l'a devancé, le mariage Montijo l'achève. «
Rien n'y fait, Louis Napoléon ne se laissera pas fléchir. D'autant que c'est pour lui une manière d'exprimer une
nouvelle fois sa fidélité à sa mère, qui -- Valérie Mazuyer nous l'assure -- lui avait fait jurer quelques jours
avant sa mort de ne se marier que selon son coeur.
Louis Napoléon va même, crânement, braver l'orage. Il convoque le 22 janvier le ban et l'arrière-ban du régime
-- Conseil d'État, Sénat et Corps législatif -- pour s'expliquer. Le discours qu'il prononce, pour présenter -- et
justifier -- son choix, est de haute tenue. Au moins autant que l'empereur, c'est Louis Napoléon qui parle:
Il le reconnaît d'entrée: « L'union que je contracte n'est pas d'accord avec les traditions de l'ancienne politique.
« Mais il précise aussitôt: « C'est là son avantage. «
Ayant expliqué pourquoi il s'était écarté « des précédents suivis jusqu'à ce jour «, faisant de son mariage une
affaire privée, il a ces mots restés célèbres dont l'humilité provocante confine à l'orgueil : « Quand, en face de la
vieille Europe, on est porté par la force d'un nouveau principe à la hauteur des anciennes dynasties, ce n'est
pas en vieillissant son blason et en cherchant à s'introduire, à tout prix, dans la famille des Rois qu'on se fait
accepter. C'est bien plutôt en se souvenant toujours de son origine, en
conservant son caractère propre et en prenant franchement vis-à-vis de l'Europe la position de parvenu, titre
glorieux lorsqu'on parvient par le libre suffrage d'un grand peuple. «
Huit jours après, par très beau temps, c'est la cérémonie à Notre-Dame. Tout est allé très vite. Mais pourquoi
aurait-on attendu? Et la France découvre son Impératrice.
Les premiers moments d'éblouissement passés, Eugénie ne va pas tarder, après une période d'indifférence
polie, à connaître l'impopularité. Une impopularité qui sera nourrie successivement de griefs contradictoires,
ainsi que le racontera plus tard, très lucidement, l'intéressée elle-même : « Au début du règne, je fus la femme
futile ne s'occupant que de chiffons et vers la fin de l'Empire, je suis devenue la femme fatale qu'on rend
responsable de toutes les fautes et de tous les malheurs! Et la légende l'emporte toujours sur l'Histoire. «

Elle qui avait tant souhaité échapper au destin de Marie-Antoinette ou de Marie-Louise, elle qui avait été choisie
contre la raison d'État, voilà qu'on la présente comme « l'Espagnole «, de la même façon que chacune des
deux autres s'étaient entendu appeler tour à tour « l'Autrichienne «. Voilà aussi qu'on la fait passer -- nouvelle
invention -- pour une bigote, voire une ultramontaine, alors que -- comme l'a si justement remarqué William
Smith -- elle partagea bien souvent les vues de son époux, y compris, finalement, sur la question romaine, et
qu'on ne saurait confondre la conduite irréprochable d'une femme bafouée avec un quelconque engagement
clérical.
Si réservée qu'elle soit, elle a parfois livré le fond de son âme, par exemple lorsqu'elle confie : « L'Empereur et
moi, nous appartenions à la même génération d'exaltés; il y avait dans nos deux natures du romantisme de
1830 et de l'utopisme de 1848. A quinze ans, je croyais conspirer avec Falco... et mon livre de chevet était Mes
prisons de Silvio Pellico... Le Prince, dans sa prison avait écrit un ouvrage sur l'extinction du paupérisme qui
m'avait passionnée; nous cherchions le moyen de mettre sa théorie en pratique et nous rêvions de travailler au
bonheur des peuples et d'améliorer le sort des ouvriers. «
Ces propos ne sont pas de simple convenance. Ils permettent de mieux comprendre un personnage qui vaut
certainement mieux que ce que la postérité a cru devoir retenir.
Faut-il rappeler aussi qu'à l'âge de douze ans c'est sur les
genoux de Stendhal, qu'elle appelle Monsieur Beyle, et dont elle aurait dit qu'il avait été le premier homme à «
faire battre son coeur «, qu'elle a appris la saga napoléonienne? Et que plus tard, beaucoup plus tard, elle prit
parti pour la cause de Dreyfus?
Sincèrement passionnée par les questions sociales, Eugénie n'hésite pas, quand il le faut, à aller sur le terrain.
Elle y montre même du courage comme pendant les années terribles de 1865 et 1866 où, en pleine épidémie
de choléra, elle visite en personne les malades, tant à Paris qu'à Amiens. De même, elle consacre beaucoup
d'efforts à l'amélioration du sort des jeunes détenus dont elle obtient qu'on les envoie désormais en colonies
agricoles, pendant que, de son côté, Louis Napoléon impose la suppression du bagne.
C'est avec beaucoup de simplicité, et de sincérité aussi, qu'elle explique les raisons de son engagement: « Si le
doigt de la Providence m'a marquée d'une place si élevée, c'est pour servir de médiatrice entre ceux qui
souffrent et celui qui peut y porter remède. «
Il existe un autre domaine où Eugénie donna sa pleine mesure, c'est celui de l'action en faveur des femmes.
Car elle était une féministe convaincue et résolue. Et rien ne l'arrêta dans cette voie, pas même les réticences
manifestes de l'Église à laquelle on la disait pourtant si soumise... Elle soutint énergiquement Victor Duruy, le
sulfureux ministre de l'Instruction publique, que le pape et Mgr Dupanloup vouaient aux gémonies, quand il fit
progresser la situation des filles dans l'enseignement primaire, quand il présenta son projet d'enseignement
secondaire féminin, et quand il voulut faire entrer les femmes à la Sorbonne. En 1862, elle s'était battue pour
qu'une jeune institutrice, Julie Victoire Daubié, dont -- circonstance aggravante -- les idées passaient pour fort
avancées, puisse se présenter au baccalauréat.
Elle ne s'en tint pas là.
Affichant son soutien aux personnalités féminines les plus en vue de l'époque, elle apporta son appui personnel
à George Sand, s'opposant à la suspension du journal où celle-ci faisait paraître en feuilleton un violent
pamphlet antipontifical. Elle exprima même le voeu public de la voir élue à l'Académie française... plus d'un
siècle avant que les Quarante ne se décident à y accueillir Marguerite Yourcenar.
Bien qu'elle ait tout fait pour cela, elle ne parvint pas à
obtenir la création d'une décoration spéciale en faveur des femmes émérites, mais s'accorda une revanche en
profitant de sa régence pour attribuer, de son propre chef, la Légion d'honneur au peintre Rosa Bonheur. Elle
soutint aussi par des commandes officielles le sculpteur Adèle d'Affry,alias Marcello, qui défrayait pourtant la
chronique, tant le métier qu'elle exerçait, fort avant Camille Claudel, passait alors pour réservé aux hommes.
Et comment omettre l'hostilité de l'impératrice aux poursuites dont, en 1857, avait fait l'objet l'auteur des Fleurs
du mal, la supplique que lui avait alors adressée Baudelaire s'étant traduite par la réduction à un niveau
symbolique de l'amende infligée à celui-ci?
Telle était Eugénie, dont la personne et le rôle furent pourtant si décriés. Sans doute montra-t-elle parfois trop
de raideur en cherchant à se montrer digne de son rang. Il reste qu'on lui attribue une influence probablement
plus grande que celle qu'elle exerça; qu'elle ne fit pas toujours preuve d'une grande constance de vues; qu'elle
prêtait trop aisément le flanc à la critique. Les reproches qui lui furent adressés n'étaient pas totalement dénués
de fondement. Mais sa personnalité était à la fois plus complexe et plus attachante qu'on ne le croit.
Émile Ollivier, qui l'a très bien connue, a observé qu'à tout prendre son principal handicap fut son innocente
maladresse: « La conduite de l'Impératrice a fort surpris ceux qui n'ont pas la clé de son caractère. C'est une
véritable héroïne de Cervantès. Elle a le goût de la grandeur, mais elle ne s'y connaît pas; néanmoins, parfois,

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