IBN HAZM

« IBN HAZM 384-456 H 1994-1064 apr f-C A LA fois poète, littérateur, historien, écrivain politique, polémiste, jurisconsulte, théologien, exégète, logicien, métaphysicien et psychologue, Abû Muhammad 'Alî ibn Ahmad ibn Sa'îd IBN HAZM al-Andalusî az-Zâhirî est certainement l'un des représentants les plus raffinés et les plus féconds de la culture arabe en Espagne.

Sa famille, dont on ne connaît pas sûrement l'origine -espagnole et chrétienne, ou ira­ nienne -s'était établie dans la région de Niebla; cependant son père Ahmad avait été nommé ministre par al-Mansûr en 38rjggr, si bien qu'Ibn Hazm naquit à Cordoue et passa sa jeunesse dans un milieu fort distingué; la compagnie des femmes du harem aurait pu avoir une influence néfaste sur la formation de son caractère, mais il dut à l'ambiance de romantisme poétique qui régnait alors dans la capitale, de conserver une pureté de mœurs plutôt rare dans la psychologie musulmane.

Ibn Hazm a quinze ans quand son père se voit contraint d'abandonner ses fonctions; l'ancien ministre ne survit guère à sa disgrâce et meurt en 402jror2, laissant son fils ruiné et sans abri car le palais familial a été saccagé.

Obligé de quitter Cordoue, le jeune homme trouve un refuge à Alméria, mais sa fidélité à la dynastie umayyade qui s'éteint lui vaut son premier empri­ sonnement.

En 408jror7, Abd ar-Rahmân IV est proclamé calife à Valence: Ibn Hazm le rejoint, est nommé ministre, puis tombe aux mains de l'ennemi en combattant devant Grenade; après sa libération, il se réfugie à Jativa.

C'est seulement en 414/r023 qu'il rentre dans la vie publique et participe à la restauration des Umayyades; son candidat, 'Abd ar-Rahmân V, est élu et le prend pour ministre, mais moins de deux ans plus tard, le calife est assassiné et Ibn Hazm de nouveau emprisonné.

Il a alors trente ans.

Jusque-là, sa principale préoccupation a été la politique qui lui a pro­ curé plus de déboires que d'honneurs; dès lors, il prend la résolution de se consacrer à l'étude et à la littérature et c'est probablement à cette époque, vers 418jro27, qu'il écrit son Collier de la Colombe sur l'amour et les amants.

La base de sa culture, plus profane que religieuse, est la grammaire, la lexicographie, la poésie, l'éloquence, la logique et l'histoire; mais quelques années plus tôt, une bévue commise à la mosquée l'a décidé à entreprendre l'étude du droit musulman.

Après s'être tourné tout naturellement vers l'école malékite - qui s'appuie, pour l'élaboration de la loi, sur les sources révélées puis sur la coutume médinoise, le consensus omnium et l'opinion personnelle­ il est attiré par l'école chaféite qui fait une large place au raisonnement par analogie.

Mais, encore insatisfait, il ne tarde pas à réaliser sa conversion définitive au zâhirisme qui n'accepte que la lettre du Coran et de la Tradition comme source du droit, répudie l'analogie et réduit le consensus; c'est en somme un mouvement de protestation contre l'autorité humaine en matière juridique.. »