Hudibras

« Ce n 'est qu 'à l' âge de c inqu ant e ans que Samuel Butler (1612-1680) émergea de l 'anonymat en publiant son poème héro ï­ comique Hudibra s, en troi s partie s (166 3, 1664, 1678 ).

Il n'éc riv it d'ai lleur s plu s d 'autre ouvrage .

Le poème eut la chance de plaire à Charle s II -qui en fit même son livre de chevet- ainsi qu'à toute la cour.

Malgr é ce succè s et la pen sion que lui acco rda le souverain , Butler mourut dans l 'indigence.

« Son aspect était trait pour trait/ D'un preux Chevalier le portrait.

» Gravures de Schellenberg Hudibras Sur les routes d'Angleterre S ur le modèle des aventures de Don Quichotte et de Sancho Pança, Butler met en scè ne un couple antagoniste formé par le chevalier Hudibras et son écuyer Ralph.

Comme dans Don Quichotte, les deux personnages se lancent sur les routes de leur pays à la recherche d'aventures susceptibles de fournir au maître l'occa sion de s'illustrer et de montrer à son serviteur comment doit se comporter un chevalier digne de son rang.

Le burlesque étant le principal moteur du roman, il ne survient pas un épisode où le ridicule protagoniste ne démontre, par son manque tant d'intelligence que de bravoure , qu'il est irrémédiablement moins futé que son écuyer.

Dans la première partie, les héros se lancent dans une bataille mémorable contre une bande de manants dirigée par un unijambiste.

Dans la deuxième, Hudibras tente de séduire une veuve puritaine en lui proposant de se faire fouetter , puis en ayant recours aux services d'un astrologue charlatan, qui est battu et lais sé pour mort.

Dans la troi­ sième partie, Hudibras retourne au­ près de la veuve: mais sa bassesse et sa couardise éclatent au grand jour dans une scène digne des Fourberies de Scapin.

Une autre dimension, moins accessible au lecteur de notre temps , a grandement contribué au succès de l'ouvrage lors de sa paru­ tion : les longs dialogues des deux protagonistes servent de prétexte à une critique nourrie du puritanisme et de ses principes rigides.

L'absurdité comme ligne de conduite A u-delà du burlesque et des références poli­ tiques, le poème de Butler est admirable par le ni veau de maîtrise technique déployé ; à ·~ tel point que l'adjectif « hudibrastique » sert à désigner en anglais le type d'octosyllabe utilisé par l'auteur.

Par ailleurs, celui-ci se révèle un excel­ lent satiriste : la vigueur de ses portraits est tout à fait originale et fait pardonner les emprunts avoués à Cervantès, Scarron ou Rabelais.

Après les sanglantes guerres de religion, Hudibras et son écuyer Ralph décident d'arpenter lAngleterre à la recherche d 'une gloire chimérique.

«E t Talgal, redoublant d'audace Chargea de bois le Chevalier, Qui, faute d'autre bouclier , Du pistolet faisait usage, Pour parer du bâton l'outrage.

». »