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Hippolyte Taine

Publié le 09/12/2021

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Hippolyte Adolphe Taine est né à Vouziers (Ardennes) en 1828. Il mourut à Paris en 1893. Ses soixante-cinq années de vie ont été remplies par une seule passion : le travail. On ne trouve pas dans toute la littérature française de biographie plus simple, de vie plus limpide. Il naquit, travailla et mourut. Une enfance difficile, un pays natal grave et mélancolique, des études sévères accentuèrent encore son goût pour un certain sérieux. Lui-même s'en est rendu compte et, chercheur obstiné des causes, il en a rendu responsable son époque : "Aujourd'hui la lutte est partout, et aussi le sérieux triste.... La vie n'est plus un salon où l'on cause, mais un laboratoire où l'on pense. Croyez-vous qu'un laboratoire ou un concours soient des endroits gais ?" Ces lignes furent écrites pendant la période la plus brillante et la plus douce du second Empire, au temps des opérettes d'Offenbach et des bals de Compiègne. La gaieté, c'est comme la nourriture des auberges espagnoles, il faut l'apporter avec soi. La postérité a fait rudement payer à Taine le soin qu'il avait pris de modeler son portrait : celui d'un savant à la triste figure. Elle se détourne de lui. De nos jours aucun critique, surtout s'il ne l'a pas lu, n'oserait imprimer son nom sans faire remarquer combien ses théories sont "dépassées". Les quelques fidèles de Taine, il faut les chercher chez les écrivains. Colette, qui ne prodigue pas ses admirations, a rendu hommage à Taine voyageur. Philippe Soupault, poète surréaliste, affirme qu'on le découvrira un jour comme on a découvert Stendhal. Taine "touriste" est très supérieur à Stendhal.

« Hippolyte Taine Hippolyte Adolphe Taine est né à Vouziers (Ardennes) en 1828.

Il mourut à Paris en 1893.

Ses soixante-cinq années de vie ont été remplies par une seulepassion : le travail.

On ne trouve pas dans toute la littérature française de biographie plus simple, de vie plus limpide.

Il naquit, travailla et mourut.

Uneenfance difficile, un pays natal grave et mélancolique, des études sévères accentuèrent encore son goût pour un certain sérieux. Lui-même s'en est rendu compte et, chercheur obstiné des causes, il en a rendu responsable son époque : "Aujourd'hui la lutte est partout, et aussi lesérieux triste....

La vie n'est plus un salon où l'on cause, mais un laboratoire où l'on pense.

C royez-vous qu'un laboratoire ou un concours soient desendroits gais ?" Ces lignes furent écrites pendant la période la plus brillante et la plus douce du second Empire, au temps des opérettes d'Offenbach et desbals de Compiègne.

La gaieté, c'est comme la nourriture des auberges espagnoles, il faut l'apporter avec soi. La postérité a fait rudement payer à Taine le soin qu'il avait pris de modeler son portrait : celui d'un savant à la triste figure.

Elle se détourne de lui.

De nosjours aucun critique, surtout s'il ne l'a pas lu, n'oserait imprimer son nom sans faire remarquer combien ses théories sont "dépassées".

Les quelques fidèlesde Taine, il faut les chercher chez les écrivains.

C olette, qui ne prodigue pas ses admirations, a rendu hommage à Taine voyageur.

Philippe Soupault, poètesurréaliste, affirme qu'on le découvrira un jour comme on a découvert Stendhal.

Taine "touriste" est très supérieur à Stendhal. Pourtant, il avait peu de goût pour le pittoresque.

S'il le recherchait, s'il savait le saisir, c'est que pour lui les apparences faisaient partie de la réalité : cetteréalité, il prétendait la découvrir dans son laboratoire plutôt que sur les chemins.

A l'un de ses amis, qui partait pour un pays lointain, il demandait : quellesidées allez-vous vérifier ? On s'est montré surpris par cette méthode.

C'est cependant celle de tous les savants.

Quel mathématicien, quel biologisteoserait se passer de ses prédécesseurs ? Dans les livres, Taine se formait donc des idées, de celles qu'on nomme préconçues, il allait ensuite les appliquersur place, prêt à les abandonner avec regret, il faut le reconnaître si elles se révélaient inutilisables.

La réflexion n'interdit pas "l'impression".

Elle lui donnedes éléments nouveaux.

Une grande partie de l'oeuvre de Taine pourrait porter ce titre "C hoses vues...

et réfléchies". Sa méthode le conduisait à quelques excès.

Barrès, dans une page fameuse, l'a montré en excursion sur le lac de Côme et passant la journée dans sacabine à écrire le récit de sa visite à Venise.

Le lendemain, sur le bateau qui le promène sur le lac des Quatre-Cantons, il reprend sa plume et commencetout aussitôt l'évocation du lac de Côme. Taine fut bien vengé et par Barrès lui-même.

Beaucoup d'années plus tard, devenu lui-même un grand voyageur, le pèlerin du Jardin sur l'Oronte confiait àson secrétaire Tharaud : "J'ai fini mon livre sur la Perse, l'ennui maintenant, c'est qu'il faut aller là-bas pour quelques imbéciles." Taine acceptait l'ennui de voyager.

Mais il allait vite et se moquait des "collectionneurs de voyages à pied qui rapportent des ampoules et point d'idées".Laboureur, il était assez artiste pour deviner qu'un paysage, un tableau, cela se caresse mais ne se pioche pas.

Et, après avoir tout prévu, il exigeait d'êtreétonné.

Dès qu'il avait subi le choc visuel, il fuyait avant de le perdre.

Regarder beaucoup est un excellent moyen de ne rien voir.

Bien des étudeslonguement méditées par des esprits de premier plan ne valent pas en intérêt un simple reportage écrit à la volée par un Journaliste "toutes mains". Et ce professeur bourru se trouve - malgré lui, on peut le croire - le père de tous les "reporters" modernes.

Avant lui, le récit de voyage était un genremineur, un peu confidentiel, réservé à une élite d'amateurs.

Le voyageur restait constamment au premier plan : songez à Sterne, à Chateaubriand, à Hugo, àDumas, à Stendhal même.

A Taine revient l'honneur d'avoir écarté l'auteur, filtre épais, pour laisser la lumière frapper de face le sujet.

La méthode fit, auXIXe siècle de l'école journalistique française l'une des premières du monde en date et en qualité. Cependant, aux yeux des lecteurs des manuels de littérature, Taine apparaît surtout comme le philosophe qui a prétendu expliquer l'inexplicable apparitiondu génie.

La race, le climat, le milieu déterminent l'homme.

Il en fit dans La Fontaine et ses Fables une démonstration brillante, mais qui ne nous convaincplus aujourd'hui.

Il eut le tort de donner à ses suppositions un ton définitif qui nous gêne.

Mais ce fut en pleine connaissance de cause.

Parlant d'un historienphilosophe, il plaida pour sa propre technique devenue non seulement celle du journalisme moderne, mais aussi celle de la propagande politique : "Selon lacoutume des novateurs, il poussa la vérité jusqu'à l'erreur : exagérer est la loi et le malheur de l'esprit de l'homme : il faut dépasser le but pour l'atteindre." Sainte-Beuve, qui aimait en tout la nuance, était choqué par de telles phrases et la postérité lui a donné raison.

Dépassant volontairement son but, Taine lemanque souvent, alors que Sainte-Beuve fait mouche à tous coups.

On lit, on relit Les Lundis comme on lit les classiques, on se contente de puiser dans laPhilosophie de l'Art, dans L'Histoire de la littérature anglaise, dans L'Intelligence comme dans un arsenal dont les armes sont un peu démodées.

Rien nerouille plus vite que les idées neuves. Les idées de Taine sont mortes sur les barricades, non pas en vain.

Elles ont prodigieusement enrichi le paysage français.

A vant Taine, un artiste n'étaitqu'un accident.

La Fontaine était tombé à Château-Thierry, mais c'eût pu être à Cassis...

On ne songeait pas que Montaigne était Gascon, BossuetBourguignon, Corneille Normand.

Sur l'origine des grands hommes, les critiques étaient comme l'adjudant de C ourteline : ils ne cherchaient ni à voir ni àcomprendre.

Taine fut le premier à humer le parfum de nos terroirs (il aura dans cette spécialité un successeur direct en Thibaudet).

Il n'a pas seulementcherché à surprendre l'âme "littéraire" d'une région.

Toujours et partout, devant n'importe quel spectacle, devant n'importe quel homme, il a voulu voir au-delà, comprendre.

Il l'a dit lui-même dans son Voyage aux Pyrénées : "Cette expression est l'âme du paysage ; or, autant d'expressions diverses, autant debeautés différentes, autant de passions remuées.

Le plaisir consiste à voir cette âme.

Si vous ne la démêlez pas ou qu'elle manque, une montagne vous ferajustement l'effet d'un gros tas de cailloux." Taine, comme il arrive aux hommes de génie, s'est constamment trompé lui-même.

Il se prenait pour un savant : "Je fais de la physiologie en matièresmorales, rien de plus...

Je traite des sentiments et des idées comme on fait des fonctions et des organismes." De l'examen des "petits faits", il avait tiré desgrandes conclusions : "Les impressions incessantes du corps et de l'âme finissent par modeler le corps et l'âme ; la race façonne l'individu, le pays façonnela race...

Le sol, la lumière, la végétation, les animaux, l'homme, sont autant de livres où la nature écrit en caractères différents la même pensée." Il est singulier de trouver sous la plume de ce savant qui se voulait impartial, la plus ardente défense de la passion et de l'originalité.

Butant contre lesfureurs et les injustices parfois comiques de Saint-Simon, il ose les approuver : "C'est à ce prix qu'est le génie ; uniquement et totalement englouti dansl'idée qui l'absorbe, il perd de vue la mesure, la décence, le respect.

Il y gagne la force ; car il prend le droit d'aller jusqu'au bout de la sensation." Taine letimide, Taine le mélancolique, Taine le bon élève (Barrès lui prête cette réponse à un étudiant : "Jusqu'au bout, j'espère travailler") est le Saint-Simon desidées.

Il les attrape au vol, les ramène sur sa page, les groupe par la force s'il le faut et les mène tambour battant vers la conclusion. Et le lecteur est obligé d'applaudir à ce "travail" qui ressemble un peu à celui du cirque.

Car, cherchant des "vérités scientifiques", donc provisoires, Taine atrouvé la plus incertaine, la seule qui dure, la poésie.. »

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