HALLAJ
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
HALLAJ
vers 858- 922
HALLAJ, ce « martyr mystique » de l'Islam, qui a été si diversement jugé, reste-une des per
sonnalités les plus mystérieuses de l'Islam au début du xe siècle de notre ère; excommunié par les
canonistes, longtemps emprisonné,
il fut cruellement mis à mort, après un procès mémorable où
toute la cour khalifale intervint,
au moment où l'unité du Khalifat allait sombrer, en plein épa
nouissement littéraire et intellectuel, sous l'assaut des crises économiques et de la révolution sociale.
Le surnom
« Hallâj », « cardeur (des consciences) », indique l'extraction artisanale, et la
vocation religieuse
de Hoceïn, fils de Mansûr, né à Beïza, près de Chiraz (en Perse), vers 858,
supplicié à Bagdad
en 922.
Un autre Hoceïn, son éponyme, le second petit-fils du prophète, avait
été, à
Ker béla, le « martyr shi'ite du légitimisme»; Hallâj, lui, apparaît dans l'histoire musulmane
comme le héros
d'une « Passion » encore plus configurée, par le dedans, à la Passion du Christ,
car il fut condamné, au fond, pour avoir enseigné une doctrine où Dieu, conçu comme «l'essentiel
Désir», surgit au fond du cœur, par le sacrifice de soi, dans un esseulement plénier; selon Hallâj,
cet expatriement de
soi est le véritable sens du Hajj, du pèlerinage à la Mekke, comme ce sacrifice
de soi, en victime offerte à la Loi (comme Socrate
mourant pour les lois d'Athènes) est le véritable
but du Jihâd, de la Guerre Sainte, où il désira mourir et dont il est mort.
En un temps où les mystiques, les sûfi's, restaient encore dans l'ombre, Hallâj émergea;
par ses relations familiales; sa mère devait être de la tribu des Belhârith-b-Ka'b; sa femme était
une Karnabâïya, d'un milieu de riches notables de Basra, qui avaient eu un rôle durant l'insur
rection des esclaves nègres, les ZaJÜ.
Hallâj put faire de grands voyages d'apostolat, non seulement
à la Mekke (trois fois), mais
au nord de la Perse, dans l'Inde (Kashmir), en Turkestan occidental
et oriental (il est resté vénéré dans
la poésie turque depuis Yesewi comme le saint par excellence,
« Mansûr »).
Après avoir rejeté le froc des sûfîs, tout en pratiquant un ascétisme rigoureux, il se
lia avec des« gens du monde», des secrétaires d'État d'ascendance chrétienne (Qunnâïya), des
généraux turcs, des médecins comme le
grand Râzî.
Il écrivit pour eux des traités théologiques,
tandis
qu'il continuait à prêcher dans les souks au menu peuple.
C'est au retour de son troisième pèlerinage à la Mekke; il y avait pris conscience, le jour
d' Arafât, de sa vocation de victime propitiatoire à l'image des animaux immolés le lendemain à
Mina pour que le pardon divin descende, non seulement sur les pèlerins présents, mais sur toute
la communauté musulmane, pour cette année-là.
Il serrible avoir cru qu'il ne s'agissait là que d'une
oblation symbolique, non sanglante, quoiqu'il ait écrit, un peu plus tard, sa célèbre « lettre à
Shâkir », le pressant de hâter la destruction de la Ka'ba, c'est-à-dire du temple de son corps, en
s'offrant au martyre.
Il fut pris au mot, puisque le tribunal canonique le condamna pour avoir
enseigné le remplacement votif
du pèlerinage à la Mekke (et donc la suppression de la Ka'ba),
par une offrande privée transférant les rites du Hajj n'importe où.
Avec
quatre années de poursuites, et huit années de prison à Bagdad, de 908 à 922, le procès
de Hallâj remplit tout le
début du règne de Muqtadir, depuis le premier vizirat d'Ibn al-Furât
persane.
Ms.
arabe 148g (xvu• siècle).
Bibl.
Nat., Parü.
Photo S.P.B • .N..
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