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Gustave Flaubert

Publié le 09/12/2021

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Gustave Flaubert Avant que fussent publiées les OEuvres de Jeunesse et la Correspondance de Flaubert, Emile Faguet put prétendre qu'il y avait en lui un romantique et un réaliste acharnés à se combattre, et qui écrivirent, le premier La Tentation de saint Antoine, Salammbô, Hérodias, le second Madame Bovary, L'Education sentimentale, Un Coeur simple. Explication séduisante, à première vue, d'une dualité qui n'est qu'apparente : quand on y regarde de plus près, on aperçoit vite qu'il y a tout autant de réalisme dans les oeuvres de Flaubert que l'on dit romantiques, que de romantisme dans celles que l'on dit réalistes. Dès sa jeunesse, Flaubert haïssait les mots en -isme, sous lesquels on range les écoles et l'on étiquette les artistes. Peut-être pressentait-il qu'un de ces mots-là amènerait l'auteur de Madame Bovary à s'asseoir au banc des prévenus de la Sixième chambre correctionnelle pour y répondre du délit d'outrage aux moeurs, et que les deux ensemble feraient porter sur son oeuvre d'absurdes jugements. Aujourd'hui, avec le recul des années, nous prenons plus exactement sa mesure. Exempts de parti pris, nous voyons qu'il n'est point un Janus à deux visages, mais qu'il apparaît, au milieu du XIXe siècle, à un carrefour où se joignent deux époques. Il est l'aboutissement des courants qui ont entraîné la génération romantique, et qui ont porté sa propre jeunesse ; mais il est le point de départ du mouvement qui va décider l'orientation de la génération suivante. C'est lui qui va lui donner l'impulsion, parce que lui seul en a la force. Ceux qui, autour de lui, se réclament des mêmes doctrines, professent les mêmes idées, ne laisseront que des oeuvres mineures, tandis que la postérité vivra longtemps de son héritage : de Madame Bovary, de L'Éducation sentimentale, sortiront en foule romans français et étrangers, et l'on imitera tout autant Salammbô sans parvenir à l'égaler jamais. Quant à La Tentation de saint Antoine, elle demeurera dans la littérature française ce que Faust est dans la littérature allemande, une oeuvre d'un caractère si spécial qu'elle ne cessera sans doute point de rester unique. Albert Thibaudet a pu dire pour toutes ces raisons que Flaubert "était fait pour donner le tableau et la synthèse de son siècle", et qu'il est, à la manière d'un La Bruyère "par le pouvoir de son art, par le bienfait de son influence, indiscutablement et pleinement un classique".

« Gustave Flaubert Avant que fussent publiées les OEuvres de Jeunesse et la Correspondance de Flaubert, Emile Faguet put prétendrequ'il y avait en lui un romantique et un réaliste acharnés à se combattre, et qui écrivirent, le premier La Tentationde saint Antoine, Salammbô, Hérodias, le second Madame Bovary, L'Education sentimentale, Un Coeur simple.Explication séduisante, à première vue, d'une dualité qui n'est qu'apparente : quand on y regarde de plus près, onaperçoit vite qu'il y a tout autant de réalisme dans les oeuvres de Flaubert que l'on dit romantiques, que deromantisme dans celles que l'on dit réalistes.

Dès sa jeunesse, Flaubert haïssait les mots en -isme, sous lesquels onrange les écoles et l'on étiquette les artistes.

Peut-être pressentait-il qu'un de ces mots-là amènerait l'auteur deMadame Bovary à s'asseoir au banc des prévenus de la Sixième chambre correctionnelle pour y répondre du délitd'outrage aux moeurs, et que les deux ensemble feraient porter sur son oeuvre d'absurdes jugements. Aujourd'hui, avec le recul des années, nous prenons plus exactement sa mesure.

Exempts de parti pris, nous voyonsqu'il n'est point un Janus à deux visages, mais qu'il apparaît, au milieu du XIXe siècle, à un carrefour où se joignentdeux époques.

Il est l'aboutissement des courants qui ont entraîné la génération romantique, et qui ont porté sapropre jeunesse ; mais il est le point de départ du mouvement qui va décider l'orientation de la génération suivante.C'est lui qui va lui donner l'impulsion, parce que lui seul en a la force.

Ceux qui, autour de lui, se réclament desmêmes doctrines, professent les mêmes idées, ne laisseront que des oeuvres mineures, tandis que la postérité vivralongtemps de son héritage : de Madame Bovary, de L'Éducation sentimentale, sortiront en foule romans français etétrangers, et l'on imitera tout autant Salammbô sans parvenir à l'égaler jamais.

Quant à La Tentation de saintAntoine, elle demeurera dans la littérature française ce que Faust est dans la littérature allemande, une oeuvre d'uncaractère si spécial qu'elle ne cessera sans doute point de rester unique.

Albert Thibaudet a pu dire pour toutes cesraisons que Flaubert "était fait pour donner le tableau et la synthèse de son siècle", et qu'il est, à la manière d'un LaBruyère "par le pouvoir de son art, par le bienfait de son influence, indiscutablement et pleinement un classique". Son oeuvre est donc à l'image de sa vie, d'une singulière unité.

Il a, depuis ses premiers pas, suivi une routerectiligne, non point celle qui se dirige vers le succès, mais celle qui monte vers un idéal.

Il savait le sieninaccessible, puisqu'il le nommait "perfection".

Il n'a pas moins cherché à s'en rapprocher chaque jour davantage.

Ila dit, et c'était scrupuleusement vrai : "J'écris pour le seul plaisir d'écrire, pour moi seul, sans aucune arrière-penséed'argent ou de tapage." Et s'il a fait au collège des rêves de gloire comme en font tous les écoliers, jamais d'autresouci ne s'y est mêlé que de créer quelque oeuvre qui s'imposerait par sa nouveauté et par sa force.

Jamais il n'apensé que sa vie pourrait suivre une autre pente que celle où il l'incline déjà lorsqu'à quatorze ans il fonde unepetite revue, et qu'il y insère une "physiologie" de forme balzacienne, Une leçon d'histoire naturelle : genre commis-mais qui déjà contient le germe de sa dernière oeuvre, celle-ci posthume, Bouvard et Pécuchet. Cette unité surprenante, où tout se tient et se rejoint d'un bout à l'autre d'une carrière étonnamment remplie, a pudonner le change - ou plutôt servir de prétexte à tenter d'égarer l'opinion : révélant la maladie nerveuse dontsouffrit Flaubert à partir de la vingtième année, son "ami" Maxime Du Camp prétendit qu'il avait été semblable à cesenfants "noués" qui ne peuvent se développer, et qu'il ne fit, à l'âge mûr, que reprendre les sujets déjà traités autemps de l'adolescence.

On peut retourner les choses : les trois versions de saint Antoine, les ébauches deL'Éducation diffèrent assez entre elles pour qu'on n'aperçoive, en les comparant, que l'effort d'une volonté tenduevers la perfection, au lieu d'une marque d'impuissance.

Pareil souci de se reprendre et de se corriger sans cesse, ces"affres du style" qui le font gémir sur la page ébauchée, ce calvaire gravi pour chacun de ses livres, ont fait dire qu'ileût mieux fait de s'abandonner à l'inspiration, de laisser aller sa plume au caprice de sa fantaisie.

On a trouvé dansses lettres un argument très fort pour appuyer ce dire : c'est qu'à la vérité sa Correspondance dont le style négligé,indifférent aux répétitions de mots et souvent même aux fautes de syntaxe, restera peut-être comme son chef-d'oeuvre.

L'artiste qui fit de la complète objectivité l'article unique de son credo littéraire, le romancier qui disait "lepremier venu est aussi intéressant que le nommé Gustave Flaubert", et répétait, sous une autre forme, un aphorismede même signification : "L'oeuvre appartient au public, mais point l'auteur qui doit rester absent de ce qu'il créecomme Dieu est absent de la nature", "l'impassible" Flaubert se montre dans ses lettres un homme généreux,sensible, un être de tendresse ingénue.

En sommes-nous surpris ? Non : le romancier à qui certains de sescontemporains ont fait grief de sa "cruauté" envers Emma Bovary, aurait-il su créer des personnages si pleins de vie,si près de nous, s'il n'avait été ce qu'il fut, si son coeur était demeuré fermé sous une carapace d'indifférence auxmisères d'autrui ? Aurait-il eu cette sensibilité qui lui permit de se faire femme lui-même pour tracer avec quelledélicatesse du trait et quelle profondeur des ombres lumineuses les portraits de Marie Arnoux, de Rosanette, deFélicité, de Salammbô, qui lui permit de répondre à qui le questionnait sur son modèle : "Madame Bovary, c'est moi !"Rien n'était plus exact.

Rien de plus vrai non plus que ce constat : "Ma pauvre Bovary souffre et pleure en cemoment dans vingt villages de France !" Les moeurs ont changé, point les misères du coeur humain, et c'est dansvingt, dans cent villages d'un monde d'où les Homais n'ont point disparu, ni les Rodolphe, ni les Léon, que desfemmes continuent de souffrir et de pleurer parce qu'elles ont cru comme Emma aux mirages séducteurs et se sonttrompées sur elles-mêmes bien plus encore que sur leurs maris et leurs amants. On lui a pareillement fait reproche de sa méthode, de la préparation minutieuse de ses livres, de sa recherche dudocument exact sur lequel il appuie la moindre allégation.

Lui aurait-on imputé à crime toutes ses immenses lecturess'il ne s'en était plaint dans ses lettres ? On oublie que ses gémissements et ses confidences n'étaient pointdestinés à être entendus du public ni des critiques, ni des historiens de la littérature, mais adressés à des amisintimes.

Trouve-t-on tant que cela dans les romans de Flaubert trace excessive de cette "documentation" si. »

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