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Grèce

Publié le 02/12/2021

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1PRÉSENTATION

Grèce, en grec Ellás ou Elláda, pays du sud-est de l’Europe, à l’extrémité de la péninsule des Balkans. Sa capitale est Athènes.

La Grèce est bordée au nord-ouest par l’Albanie, au nord par l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) et la Bulgarie, au nord-est par la Turquie, à l’est par la mer Égée, au sud par la mer Méditerranée et à l’ouest par la mer Ionienne. Environ un cinquième du territoire est constitué d’îles situées dans les mers Égée et Ionienne.

2MILIEU NATUREL

Le pays couvre une superficie totale de 131 957 km². La Grèce continentale comprend, du nord au sud : la Thrace (le long de la frontière bulgare et turque) ; la Macédoine, prolongée au sud par la Chalcidique, presqu’île séparée du continent par le golfe Thermaïque, formant trois péninsules (Kassandra, Sithonia et le mont Athos, qui culmine à 2 032 m) ; l’Épire, près de la frontière albanaise, prolongée au sud par l’Étolie, séparée de la Thessalie par les montagnes du Pinde. Au sud de la Grèce centrale se détache le Péloponnèse, péninsule reliée au continent par l’isthme de Corinthe, qui sépare la mer Égée de la mer Ionienne et que traverse le canal de Corinthe. L’Eubée, île allongée faisant face à l’Attique, en Grèce continentale, est séparée de celle-ci par le canal de l’Euripe.

Toutes les îles de la mer Égée, à l’exception d’Imbros et de Ténédos, qui appartiennent à la Turquie, font partie de la Grèce : au nord, les Sporades du Nord (Skiathos, Skopelos, Skíros, Alonissos), au large de la Chalcidique et de la Thrace, les îles de Thasos, Samothrace et Limnos ; à l’est, les îles de Lesbos et de Chios face à la côte turque, et plus au sud les îles du Dodécanèse (ou Sporades du Sud), dont les principales sont Samos, Ikaria, Patmos, Leros, Kalymnos, Kos, Rhodes et Karpathos ; au centre, les Cyclades (Ándros, Délos, Tinos, Paros, Naxos, Milo, Amorgos, Santorin ou Thira, etc.), séparées de la Crète, au sud, par la mer de Crète ; proches du continent, les îles du golfe Saronique (principalement Égine, Poros, Hydra, Spétsai).

À l’ouest du continent et au nord du Péloponnèse se trouvent les îles de la mer Ionienne (principalement Corfou, Leucade, Ithaque, Céphalonie et Zante), appelées également Heptanèse (« sept îles «).

2.1Relief et hydrographie
2.1.1Relief

L’aspect physique de la Grèce se caractérise par la prédominance de reliefs montagneux découpés, qui occupent environ 45 % du territoire, le morcellement de 20 % du pays en îles, un paysage côtier très tourmenté qui se prolonge sur 13 676 km, et la rareté des plaines.

L’épine dorsale du pays, dans le prolongement des Alpes Dinariques, est constituée par les montagnes du Pinde, qui traversent la Grèce depuis la frontière albanaise jusqu’au golfe de Corinthe ; elles abritent le mont Parnasse (2 457 m), culminent au mont Smolikas (2 637 m), et se prolongent dans le Péloponnèse (monts Taygète, mont Érymanthe et mont Silène). À l’est du Pinde, d’autres massifs, parcourus par la vallée de l’Aliákmon, s’abaissent jusqu’à la mer Égée et culminent au mont Olympe (2 917 m), le sommet le plus élevé du pays. Véritable barrière séparant la côte ionienne du reste du pays, notamment de la plaine de Thessalie, cet ensemble montagneux constitue la région la plus accidentée et la moins peuplée de Grèce. Au nord-est, en Thrace et en Macédoine orientale, le long de la frontière bulgare, le Rhodope descend jusqu’à la plaine côtière. Ces régions montagneuses sont entrecoupées de vallées recouvertes de forêts ou de pâturages.

Les principales régions de plaines sont la Thessalie, la plaine de l’Axios, en Macédoine centrale, et le littoral de la Thrace. Elles sont essentiellement tournées vers l’agriculture, en particulier vers la céréaliculture et le tabac.

2.1.2Hydrographie

La Thrace et la Macédoine sont parcourues d’est en ouest par le Nestos, le Strimonas, l’Aliákmon et l’Axios , ces deux derniers cours d’eau se jetant dans le golfe de Thermaïque. L’Évros, né en Bulgarie sous le nom de Marica, longe la frontière gréco-turque. La Struma traverse les monts Rhodope avant de se jeter dans la mer Égée. Le territoire compte divers lacs, dont le lac Kastorias, le lac Verghoritis et le lac de Prespa, partagé avec l’Albanie. Le Pinios, qui prend sa source dans les montagnes du Pinde, est le principal fleuve de Thessalie ; l’Arkhatos et le Thiamis coulent en Épire, tandis que la Grèce centrale est arrosée par l’Aspheloos, coupé par le lac de Kremasta, le Sperhios et l’Achéloos, qui déversent leurs eaux dans le golfe de Patras. Les principaux fleuves du Péloponnèse sont le Penée et l’Alphée, qui déversent leurs eaux dans la mer Ionienne ; l’Assopos, coupé par le lac de Stymphale, qui se jette dans le golfe de Corinthe, et l’Eurotas, qui rejoint la mer de Crète dans le golfe de Laconie.

2.2Climat

Dans l’ensemble, la Grèce jouit d’un climat méditerranéen avec, partout, des étés très secs. Cependant, le relief explique les contrastes entre les plaines, où les étés sont généralement chauds et secs et les hivers pluvieux, et les régions de montagnes, beaucoup plus fraîches et recevant de fortes précipitations (1 m sur la côte ionienne, contre 500 mm sur les côtes de la mer Égée). Les différences de latitude font contraster nettement le climat de la Macédoine (où les températures varient entre 4 et 10 °C en hiver ; 25 °C en été) et de la Thrace, toutes deux soumises aux vents froids hivernaux et subissant l’influence continentale des Balkans, avec le climat chaud et sec des îles égéennes et du Péloponnèse.

2.3Végétation et faune

La Grèce possède une riche végétation de type méditerranéen, en particulier le long des côtes et dans les îles de la mer Ionienne et de la mer Égée : les plaines et le bas des pentes sont propices à la vigne, à la culture des olives et des fruits (figues, mûres, grenades), et l’on y trouve en majorité des hêtres, des chênes et des châtaigniers. La Crète et l’Attique sont réputées pour la variété de leurs plantes et fleurs sauvages. Les reliefs plus élevés sont occupés par du maquis, des arbustes épineux, des conifères et des chênes verts ; de vastes forêts s’étendent dans les montagnes du Pinde, de Macédoine et de Thrace.

Les régions montagneuses et boisées sont peuplées d’une faune variée composée notamment d’ours, de lynx, de chamois, de daims et de renards. Le pays abrite diverses espèces d’oiseaux tels que les faucons, les pélicans et les cigognes. Parmi les produits de la mer, les éponges constituent une ressource traditionnelle.

3POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1Caractéristiques démographiques

En 2008, la Grèce comptait 10 722 816 habitants. La densité moyenne de 82 habitants au km² masque une répartition très inégale. La population urbaine (61 %) se concentre principalement autour d’Athènes (un tiers de la population totale) et dans l’ouest du Péloponnèse.

Le dynamisme démographique de la Grèce est faible : avec un indice de fécondité de 1,36 enfant par femme, la croissance annuelle a été de 0,15 % en 2008.

La population du pays est grecque à environ 93 % ; les principales minorités sont les Turcs (en Thrace en particulier), les Albanais et les Arméniens. La Grèce a longtemps été un pays à forte émigration, et une importante diaspora grecque s’est constituée dans le monde entier (estimée à 4,3 millions de personnes), en particulier en Australie, en Amérique du Nord (États-Unis et Canada) et en Allemagne. Le pays est aujourd’hui confronté à l’arrivée d’immigrés d’Asie du Sud-Est et d’Europe centrale, et la situation de la minorité albanaise, dont le nombre est difficile à évaluer (autour de 500 000 personnes), est un sujet de tensions entre Athènes et Tirana.

3.2Divisions administratives et villes principales

La Grèce est divisée en 13 régions administratives (Attique, Grèce-Centrale, Grèce-Occidentale, Péloponnèse, Thessalie, Macédoine-Centrale, Macédoine-Occidentale, Macédoine-Orientale et Thrace, Épire, Îles de la Mer Égée-Méridionale, Îles de la Mer Égée-Septentrionale, Îles Ioniennes, Crète), subdivisées en 51 préfectures (nomes), et une région autonome, celle du Mont Athos.

De très loin, la ville la plus importante est Athènes, la capitale 3,22 millions d’habitants, agglomération comprise, en 2003). Son port, Le Pirée, est le premier port du pays. Depuis les années 1950, le développement industriel, nourri par l’exode rural et le départ des insulaires, a entraîné une forte croissance de la capitale et de son agglomération, accentuant les difficultés de la vie urbaine — la ville est l’une des plus polluées d’Europe — et stigmatisant l’insuffisance des infrastructures. Dans un pays fortement centralisé, Athènes concentre plus du tiers de la population et la moitié des emplois industriels.

Les autres grandes villes sont Thessalonique (363 987 habitants), la deuxième ville du pays, grand centre industriel et tertiaire situé en Macédoine ; Patras (163 446 habitants), port et ville industrielle du Péloponnèse ; Héraklion (137 711 habitants), capitale de la Crète ; Vólos (82 439 habitants), grand port et centre industriel de Thessalie ; Larissa (126 076 habitants), marché agricole et ville industrielle de Thessalie. Citons également La Canée (53 373 habitants), capitale de la Crète jusqu’en 1971 ; Ioánnina (56 699 habitants), capitale de l’Épire et centre de commerce ; Rhodes (43 619 habitants) ville principale de l’île du même nom et port important ; Corinthe, (27 412 habitants), près de l’ancienne cité antique de Corinthe, et Argos (22 289 habitants), une des plus anciennes villes grecques.

3.3Langues et religions

La Grèce est caractérisée par une grande homogénéité linguistique et religieuse. La quasi-totalité de la population parle le grec. Deux formes coexistent dans le grec moderne, plongeant toutes deux leurs racines dans le grec ancien : le démotique, langue populaire issue de la culture orale, devenue la langue officielle en 1976, et la katharevoussa, langue « savante « lancée par des érudits de la diaspora au xviiie siècle, utilisée par l’administration mais en forte régression.

98 % des Grecs appartiennent à l’Église orthodoxe grecque. Les musulmans représentent 1,3 % de la population, notamment dans le Dodécanèse et en Thrace.

3.4Éducation

L’enseignement est gratuit et obligatoire pour tous les enfants entre six et quinze ans. En 2002, 97 % des enfants appartenant à la classe d’âge concernée étaient scolarisés dans le secondaire. En ce qui concerne l’enseignement supérieur, il est fréquenté par 74 % de la classe d’âge concernée. Les dépenses publiques, consacrées à l’éducation et rapportées au PIB s’élevaient à 4 % (en 2003).

Le pays possède une dizaine d’universités (dont Athènes, Thessalonique, Patras, Ioánnina), auxquelles s’ajoutent d’autres institutions d’enseignement supérieur comme l’École d’économie et de commerce d’Athènes, l’École supérieure des beaux-arts et l’École française d’archéologie d’Athènes (1846).

3.5Institutions et vie politique
3.5.1Organisation des pouvoirs

Le retour à la démocratie qui suivit, en 1974, la « dictature des colonels «, et l’instauration de la République — après le référendum du 8 décembre 1974 — ont été entérinés par la Constitution du 11 juin 1975. Le pouvoir exécutif appartient au président de la République, le chef de l’État, élu pour cinq ans par le Parlement, mais surtout au Premier ministre, qui est élu par un quorum représentatif des partis dominants au Parlement et qui forme le gouvernement. Le mandat du président de la République est renouvelable une fois.

Le pouvoir législatif relève du Parlement, Chambre unique (Vouli) composée de 300 membres ; le vote est obligatoire, sous peine d’amende et de retrait de passeport.

3.5.2Partis politiques

Deux grands partis dominent la vie politique en Grèce depuis 1974 : la Nouvelle Démocratie (ND, droite libérale), créée par Constantin Caramanlis, et le Parti socialiste panhellénique (PASOK), longtemps dominé par la figure d’Andréas Papandréou. Autrefois puissant, le Parti communiste de Grèce (KKE), fondé en 1918, conserve une audience non négligeable, aux côtés de la Coalition radicale de gauche (Syriza, extrême gauche) et de l’Alarme populaire orthodoxe (LAOS, extrême droite).

3.5.3Défense nationale

Le service militaire est obligatoire pendant une période de deux ans. En 2004, l’armée grecque comprenait 110 000 hommes dans l’armée de terre, 19 250 dans la marine et 23 000 dans l’aviation ; en 2003, l’État a consacré 4,1 % du produit intérieur brut (PIB) aux dépenses de la défense nationale.

La Grèce est membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

4ÉCONOMIE
4.1Généralités

Entrée dans la Communauté européenne (aujourd’hui l’Union européenne) en 1981, après vingt ans d’association (le premier accord fut signé en 1961), la Grèce demeure, avec le Portugal, placée en retrait par rapport à ses partenaires européens malgré les importantes subventions dont elle bénéficie. Le PIB par habitant atteint en effet seulement 70 % de la moyenne communautaire. L’économie grecque repose largement sur la marine marchande, la première au monde, et sur le tourisme, qui représente 20 % du PIB.

En 2006, le PIB de la Grèce était de 308,4 milliards de dollars. La Grèce, longtemps terre d’émigration, est devenue depuis la fin des années 1980 une terre d’immigration, attirant des candidats au travail, souvent venus illégalement de pays voisins (Albanie, Roumanie, Pologne, Bulgarie) ou d’Asie du Sud-Est.

La politique économique du gouvernement de Costas Simitis s’intègre à partir de 1996 dans le projet européen et la réalisation des critères du traité de Maastricht ; pour ce faire, la Grèce bénéficie d’apports de fonds communautaires. Afin de favoriser le développement de l’économie, l’inflation et le déficit public doivent être réduits ; une politique monétaire forte doit également être maintenue. Dans cette optique, le gouvernement lance un vaste plan d’austérité en 1998. Alors qu’en janvier 1999, la Grèce ne respectait pas encore les critères de convergence définis par le traité de Maastricht, son taux d’inflation chute (2,7 % en 2000, alors qu’il atteignait 20 % en 1990) et son déficit budgétaire descend à 1,6 % du PIB en 1999 (le seuil limite étant fixé à 3 %). Même si son endettement public demeure encore trop élevé, la Grèce voit ses efforts couronnés en entrant dans la zone euro le 1er janvier 2001. En 2004, les jeux Olympiques d’Athènes nécessitent de lourds investissements et génèrent une facture de plus de 6 milliards d’euros ; à la fin des années 2000, la Grèce apparaît comme le pays le plus endetté de la zone euro.

4.2Agriculture, forêts, pêche

En 2006, le secteur primaire employait 12 % de la population active (contre 24,5 % en 1995) et constituait 3,3 % du PIB (contre 18 % en 1995).

Faiblement mécanisée, l’agriculture reste peu productive en raison de l’aridité, de l’érosion des sols et de la faible surface agricole utile (29,2 % de la superficie du pays) ; elle se concentre uniquement dans les plaines irrigables. La taille moyenne des exploitations n’excède pas 5 ha. D’importantes subventions européennes ont soutenu, depuis 1981, des efforts de modernisation (irrigation, engrais, amélioration des espèces cultivées), mais la balance agricole reste déficitaire.

La Grèce est un producteur important d’olive, de coton, de tabac, de raisin et de tomates. Elle produit également des céréales (blé, orge, maïs), des agrumes et des betteraves à sucre.

L’élevage, surtout ovin (8 790 192 têtes en 2006) et caprin (5 417 243 têtes), est secondaire. La pêche reste assez limitée (198 951 t en 2005), et les éponges sont le principal produit marin destiné à l’exportation.

4.3Mines et industries

En 2006, le secteur secondaire employait 22,4 % de la population active et constituait 20,8 % du PIB.

La Grèce produit un peu de pétrole, extrait en mer Égée (1 million de barils en 2004), du charbon (68,3 millions de tonnes), de la bauxite (2,4 millions de tonnes), du nickel (21 700 t) et du fer (575 000 t).

Environ 89 % de l’électricité du pays est produite par des centrales thermiques alimentées par le lignite et des hydrocarbures importés (2003). Le reste provient des centrales hydroélectriques, situées principalement sur l’Achéloos.

Fortement étatisé, le secteur industriel se caractérise par son manque de vitalité. L’essentiel de l’activité est le fait de petites et moyennes entreprises, et concerne les domaines de l’agroalimentaire, du textile, de la chimie et de la métallurgie.

4.4Secteur tertiaire

En 2006, le secteur tertiaire employait 65,1 % de la population active (contre 48,1 % en 1995) et constituait 75,9 % du PIB (contre 50 % en 1995).

Jusqu’à l’entrée en vigueur de la monnaie unique européenne, l’unité monétaire de la Grèce était la drachme, divisée en 100 lepta. Le 1er janvier 2002, l’euro est devenu la monnaie officielle de la Grèce, selon le taux de conversion suivant : 1 euro = 340,750 drachmes. Les faces nationales des pièces en euros émises en Grèce, toutes différentes, illustrent les liens qui unissent la Grèce à la mer avec la représentation d’une trirème (1 cent), d’une corvette (2 cents) et d’un pétrolier moderne (5 cents) ; de figures historiques grecques en la personne de Rhigas Vénestinlis-Ferrarios (10 cents), Jean Capo d’Istria (20 cents) et Éleuthérios Venizélos (50 cents) ; ainsi que d’une chouette (1 euro) et de l’enlèvement d’Europe par Zeus métamorphosé en taureau (2 euros).

Le secteur tertiaire est dominé par les revenus de la flotte marchande, la première au monde, et par les recettes du tourisme, en constante augmentation (2,99 milliards de dollars en 2006) ; le pays accueille en effet chaque année plusieurs millions de visiteurs (16 millions en 2006), attirés par la richesse du patrimoine culturel et la douceur du climat méditerranéen.

Les communications internes sont rendues difficiles par le relief. Le réseau ferroviaire est limité (la ligne principale relie Athènes à Thessalonique), et les communications dans la Grèce continentale se font surtout par la route. En revanche, la grande majorité du commerce extérieur passe par voie de mer (ports du Pirée, de Patras et de Thessalonique). Le tourisme a considérablement développé l’usage des voies aériennes.

4.5Commerce extérieur

La balance commerciale de la Grèce était constituée de 52,8 milliards de dollars d’importations et 15,2 milliards de dollars d’exportations en 2004.

Le pays importe principalement des matières premières, des hydrocarbures, des biens d’équipement et des machines. Les exportations concernent surtout le domaine de l’agroalimentaire (fruits, huile d’olive, boissons), le textile et le tabac. Les deux tiers des échanges s’effectuent avec les pays de l’Union européenne, et notamment l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni, ainsi que la Russie.

5HISTOIRE

Pour l’histoire de la Grèce antérieure au Moyen Âge, voir l’article Grèce antique.

5.1La Grèce byzantine

Après le partage de l’Empire romain (395 apr. J.-C.), la Grèce est intégrée à l’Empire romain d’Orient. L’histoire du pays et de la zone égéenne doit alors se confondre avec celle de l’Empire byzantin, marqué par un mélange de culture hellénique, d’influences orientales et de christianisme. Malgré le poids de Byzance, les Grecs restent prépondérants dans l’administration, et la langue grecque demeure la langue de culture. Avec Héraclius Ier, l’influence hellénique se manifeste par le titre de basileus autocrator adopté par l’empereur.

Attachée à la tradition païenne jusqu’à la fermeture des écoles philosophiques d’Athènes par Justinien Ier en 529, la Grèce se trouve mêlée aux querelles théologiques qui déchirent l’Empire, comme le monophysisme (ve-vie siècles) ou l’iconoclasme (viiie-ixe siècles), hérésie qui doit laisser à la religion orthodoxe, adoptée après le schisme de 1054, la ferveur des icônes.

Le territoire grec n’est pas à l’abri des incursions étrangères, qui contribuent à son appauvrissement et à son repli : du vie au viiie siècle, les Wisigoths, les Ostrogoths, les Huns, puis les Slaves et les Avars entrent massivement dans la péninsule, occupant l’Illyrie, la Macédoine et la Thrace ; les Arabes prennent Chypre (649), Rhodes (654), la Crète (826), puis Thessalonique (904) ; les Bulgares, battus par Basile II en 996, s’avancent jusqu’en Thessalie ; les Normands, arrivés en Épire à la fin du xie siècle, ravagent l’Attique et l’Eubée.

5.2Les croisades

Alors que les croisades sont destinées, à l’origine, à venir en aide aux Byzantins dans leur lutte contre les Infidèles en Terre sainte, la quatrième croisade, en 1204, est détournée vers Constantinople. La ville est saccagée et l’Empire byzantin s’effondre sous le coup des attaques franques : un Empire latin de Constantinople, confié à Baudouin de Flandre, est instauré ; la péninsule hellénique est divisée en territoires, dont les plus importants sont le duché d’Athènes et le royaume de Thessalonique, et l’Empire byzantin est réduit au despotat d’Épire et aux petits empires de Trébizonde (voir Trabzon) et de Nicée. En récompense de sa participation à la quatrième croisade, la république de Venise, toujours soucieuse d’obtenir des bases commerciales, se voit attribuer une partie de la Thrace, le Péloponnèse, les îles Ioniennes et égéennes et la Crète.

5.3La Grèce ottomane
5.3.1L’émergence des Ottomans

Les Byzantins tentent à plusieurs reprises de reconquérir leurs territoires : Michel VIII Paléologue réinvestit Constantinople en 1261, puis l’Empire se rétablit dans le Péloponnèse et institue le despotat de Morée, à Mistra en 1348. Cependant, les Turcs, déjà présents en Asie Mineure depuis le xie siècle, s’emparent de Constantinople en 1453. Le sultan Mehmet II lance ensuite ses armées en direction du Péloponnèse et de l’Attique : dès 1460, l’ensemble de la Grèce, à l’exception des îles Ioniennes — possessions vénitiennes — et de quelques poches de résistance comme Rhodes (1522), Chypre (1571) ou la Crète (1699), est sous le contrôle de l’Empire ottoman. Cette expansion favorise l’idée de reconstitution d’une « nation « orthodoxe, que l’Église appelle de ses vœux.

Pendant une courte période (1699-1718), Venise reprend le contrôle du Péloponnèse, mais la Grèce va rester sous la domination des Ottomans jusqu’au xixe siècle.

5.3.2Une province favorisée

Comme dans l’ensemble des Balkans, les Turcs sont plutôt bien accueillis en Grèce. Les paysans, opprimés par les propriétaires fonciers, ainsi que l’Église orthodoxe, maintenue dans ses privilèges, se rallient sans difficulté à l’Empire ottoman. De surcroît, les sultans accordent une place privilégiée aux Grecs parmi les peuples de l’Empire, respectant à la fois l’héritage hellénique et la religion orthodoxe. Le nombre important de conversions à l’islam n’est pas le fruit d’une politique autoritaire, mais plutôt le résultat d’une tolérance religieuse et du mélange des influences.

En outre, en frappant de lourdes taxes le commerce latin, les Turcs s’allient la bourgeoisie marchande grecque, qui, au xviiie siècle, contrôle 75 p. 100 du commerce du Levant. Dès le xviie siècle, une aristocratie nouvelle est formée, au moins à Istanbul (ancienne cité de Constantinople) : les Phanariotes, issus des rescapés de l’ancienne nobilitas byzantine et proches de l’Église orthodoxe, ainsi qu’une nouvelle bourgeoisie d’affaires, qui se rassemble autour du poète Konstantinos Rhigas (dit Vélestinlis), à l’origine de la fondation de la société patriotique de l’Hétairie. Le système, relativement équilibré, fonctionne pendant deux siècles en dépit des soulèvements qui se produisent périodiquement.

Il est pourtant remis en cause, au xviiie siècle, par le recul de l’Empire ottoman dans les Balkans, l’émergence d’un rival ambitieux, la Russie orthodoxe, et l’apparition d’une noblesse ottomane musulmane, foncière et militaire, qui conteste le pouvoir central, brisant l’équilibre acquis. Sipahis et janissaires déclassés, notables provinciaux, grands propriétaires fonciers accentuent leur emprise sur la terre et sur les hommes, menaçant tous ceux, Grecs et Arméniens, qui ont profité du centralisme ottoman.

5.3.3L’émergence du nationalisme

Parallèle aux débuts de la décadence ottomane, la montée du sentiment national grec est fortement encouragée par la Russie, attachée à défendre le sort des frères orthodoxes mais surtout à contrer les Turcs dans les Balkans et à s’ouvrir la route des Détroits. En 1770, pour le compte de Catherine II, le comte Orlov fait débarquer une flotte russe dans le Péloponnèse et soutient une révolte contre les Turcs qui s’avère infructueuse. Une seconde insurrection éclate en 1786 : provoquée par les Souliotes d’Épire et d’Albanie du Sud et à nouveau soutenue par la Russie.

Plus tard, la Révolution française marque fortement les patriotes grecs. La Société amicale, puissante société secrète fondée en 1814, réunit des fonds et des armes en vue d’une révolution à venir. En 1821, Alexandre Ypsilanti, ancien aide de camp du tsar Alexandre Ier et chef de la Filiki Etéria, ou Hétairie amicale, véritable organisation politique, entre dans Jassy (l’actuelle Iaşi), la capitale de la Moldavie (alors territoire turc), avec une petite force armée et proclame l’indépendance de la Grèce. La révolte se solde par un désastre quelques mois plus tard, car le tsar refuse d’aider le mouvement révolutionnaire, qui, par son aspect purement hellénique, ne réussit pas à mobiliser les populations non grecques. Ypsilanti tente de fomenter une autre rébellion en Roumanie, en soutenant les chrétiens orthodoxes contre les Turcs, mais là encore, sa tentative échoue. Puis le 25 mars 1821, un soulèvement général a lieu dans le Péloponnèse, sous l’égide du métropolite de Patras, Germanos : l’indépendance grecque est en marche. Voir aussi Nationalisme.

5.4La guerre d’indépendance
5.4.1La première phase

La cause grecque enthousiasme les Occidentaux, qui se mobilisent au sein de comités philhellènes pour récolter des fonds (Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Delacroix, etc.) ou participent personnellement aux combats (lord Byron, mort à Missolonghi en 1824, le colonel Fabvier, etc.), mais les patriotes grecs sont bien seuls durant les premières années de leur combat.

Les hommes de Théodore Colocotronis, d’Andréas Vokos Miaoulis ou de Markos Botzaris obtiennent néanmoins de nombreux succès militaires contre les Turcs, sur terre comme en mer. Dès le début de l’année 1822, le Péloponnèse est reconquis et, le 12 janvier, un congrès national présidé par Alexandros Mavrocordatos proclame à Épidaure l’indépendance de la Grèce. Cependant, les Turcs ne tardent pas à se ressaisir, et après une première victoire en février 1822, ils perpètrent des massacres (comme ceux de Chios, en avril 1822, immortalisés par Delacroix) qui contribuent à rallier la communauté internationale à la cause des insurgés.

En 1824, le sultan Mahmud II demande de l’aide au vice-roi d’Égypte, son puissant vassal, qui accepte d’envoyer des hommes en échange du contrôle de la Crète. Les troupes égyptiennes de Méhémet Ali, dirigées par son fils Ibrahim Pacha, débarquent dans le Péloponnèse en février 1825, prennent la Morée, Missolonghi et Athènes (1827). Affaibli militairement, divisé politiquement, le camp grec, qui compte déjà 200 000 morts, finit par trouver une solution de conciliation en élisant Jean Capo d’Istria à la tête du gouvernement provisoire grec, en avril 1827.

5.4.2L’intervention des puissances étrangères

Après de multiples tergiversations autour de la question d’Orient, les gouvernements de la France, du Royaume-Uni et de la Russie proposent enfin d’offrir leur médiation en 1827. La Turquie écarte toute proposition, rejetant catégoriquement la possibilité de reconnaître l’indépendance de la Grèce. Les Européens décident alors d’intervenir militairement : la force navale envoyée en Grèce coule la flotte turque lors de la bataille de Navarin (octobre 1827), puis le Péloponnèse est reconquis.

Le 14 septembre 1829, les Turcs sont contraints d’accepter le traité d’Andrinople, qui accorde à la Grèce son indépendance. En 1830, le protocole de Londres confirme l’existence d’un État grec indépendant placé sous la protection des puissances alliées ; cet accord est reconnu par la Turquie en 1832, par le traité de Constantinople. Le territoire du royaume inclut le Péloponnèse, l’Attique, l’Eubée et les Cyclades ; en revanche, la Thessalie, l’Épire, la Macédoine, la Thrace, la Crète restent sous contrôle ottoman. Voir Indépendance grecque, guerre de l’.

5.5Le royaume de Grèce
5.5.1Les princes étrangers

Les premières années de l’indépendance se révèlent difficiles ; la division de la classe politique, scindée en factions appuyées par les différentes puissances étrangères, la question de la terre, aux mains d’une oligarchie, la déception générale face à un territoire grec réduit sont parmi les problèmes que doit affronter Capo d’Istria, à la tête d’un gouvernement autoritaire basé à Nauplie. Son assassinat, en 1831, déclenche une guerre civile qui s’achève l’année suivante avec l’arrivée sur le trône d’Othon de Bavière (Othon Ier), soutenu par les Européens.

La venue au pouvoir de ce prince étranger, appuyé par la Russie, autoritaire et entouré d’une bureaucratie de langue allemande, exacerbe les mécontentements. En septembre 1843, un coup d’État l’amène à accorder une Constitution au pays (1844) ; pourtant, l’institution d’une Chambre des députés élue au suffrage censitaire et d’un Sénat nommé par l’État, semblants de vie parlementaire, ne font en rien des progrès vers une libéralisation du régime. Les relations avec l’Empire ottoman demeurent conflictuelles et s’inscrivent dans le contexte de la guerre de Crimée (1853-1856).

En octobre 1862, la garnison de Nauplie se soulève contre Othon, qui est destitué, avec le soutien des Britanniques, particulièrement inquiets de la prépondérance russe en Grèce. Ces derniers, soucieux d’asseoir leur position en Méditerranée, poussent le prince Guillaume de Danemark sur le trône ; en 1863, il devient roi de Grèce sous le nom de Georges Ier. La Grande-Bretagne cède alors les îles Ioniennes, sous son contrôle depuis 1815, à la nouvelle monarchie. En 1864, une nouvelle Constitution plus démocratique est mise en place, établissant le suffrage universel, accordant le droit de vote aux hommes et instituant un pouvoir législatif unicaméral, permettant la normalisation de la vie politique du pays.

5.5.2L’union de tous les Grecs

La politique extérieure du royaume ne cesse d’être guidée par la volonté de rassembler tous les Grecs, aux dépens de la Turquie. Le rattachement de la Thessalie, en 1881, fait suite à la guerre russo-turque de 1877-1878, et la question de la Macédoine et de la Crète, toujours aux mains des Turcs, se pose avec une plus grande acuité. La Grèce encourage alors la révolte des Crétois, en 1896, mais la guerre qui éclate quelques mois plus tard avec la Turquie, est vite un désastre pour Athènes, qui doit, au terme du conflit, verser à son ennemi une importante indemnité. Tandis que la Crète devient autonome au sein de l’Empire ottoman, la situation financière de la Grèce se fragilise, ce qui renforce encore les possibilités d’ingérence des pays européens dans ses affaires intérieures.

Pourtant, en 1898, sous la pression de nouvelles révoltes, la Turquie est contrainte de retirer toutes ses forces armées de Crète, et le prince Georges (1869-1957), deuxième fils de Georges Ier, est nommé au poste de haut commissaire. Les Européens n’autorisent cependant pas l’union de l’île avec la Grèce, et pendant les dix années suivantes, l’île est secouée par des conflits internes. En 1905, le député crétois Éleuthérios Venizélos, favorable au rattachement, prend la tête d’une insurrection qui s’achève par la démission du prince Georges en 1906. Deux ans plus tard, l’Assemblée crétoise proclame l’union tant attendue et, en 1912, des représentants crétois siégent pour la première fois au Parlement grec.

5.5.3Les guerres balkaniques

Dans les Balkans, la montée du nationalisme, en particulier en Serbie, en Bulgarie et en Roumanie, trouve un terrain favorable dans la désagrégation progressive de l’Empire ottoman. Au moins unis par leur antagonisme commun à l’égard de la Turquie, ces jeunes États entretiennent des relations pacifiques. En 1912, la Grèce adhère avec la Serbie, la Bulgarie et le Monténégro à l’Entente balkanique, qui déclare la guerre à la Turquie. Cette première guerre des Balkans (octobre 1912-mai 1913) est un véritable désastre pour les Turcs, qui doivent, selon les termes du traité de Londres, abandonner toutes leurs revendications sur la Crète et sur les îles de la mer Égée, ainsi que sur les territoires situés sur le continent européen, à l’exception de la région d’Istanbul.

Les dissensions entre les membres de l’Entente balkanique débouchent sur la seconde guerre des Balkans, dans laquelle la Grèce et la Serbie combattent la Bulgarie, vaincue au bout d’un mois. En 1913, le traité de Bucarest permet à la Grèce de doubler son territoire et sa population grâce au rattachement de la Macédoine, y compris Thessalonique et Kavalla.

5.5.4La Première Guerre mondiale et ses conséquences

Lorsque le conflit mondial éclate, la Grèce proclame sa neutralité. Une neutralité stricte est toutefois impossible. Favorable à l’Allemagne, Constantin Ier, fils et successeur de Georges Ier depuis mars 1913, rencontre bientôt l’opposition du Premier ministre Venizélos, chef du Parti libéral et favorable aux Alliés. En 1915, son gouvernement cherche à deux reprises à soutenir ouvertement les Alliés, mais le roi, qui refuse tout engagement, met son veto. Révoqué en 1916, Venizélos fonde à Thessalonique un gouvernement insurrectionnel qui est reconnu par le Royaume-Uni et la France. C’est en 1917 que les Alliés obligent le roi à abdiquer en faveur de son deuxième fils, Alexandre, et que la Grèce peut faire son entrée officielle dans la guerre aux côtés de la Triple-Entente dès le mois de juin (voir Première Guerre mondiale). En contrepartie de son engagement, les traités de Neuilly (1919) et de Sèvres (1920) attribuent à la Grèce la Thrace, le territoire de Smyrne (voir Izmir) et de nombreuses îles égéennes.

Après la mort d’Alexandre Ier et l’échec de Venizélos aux élections de 1920, un plébiscite rappelle le roi Constantin, malgré la désapprobation des Alliés, qui retirent leur soutien aux Grecs, alors engagés dans une offensive en Anatolie. En effet, les traités de paix qui ont mis fin à la Première Guerre mondiale sont dénoncés par la Turquie de Mustafa Kemal Atatürk, et de nouveaux affrontements opposent les troupes turques à l’armée grecque.

Après la défaite de la Crète en 1922 face à l’armée turque, une dictature militaire, sous l’égide du général Nikolaos Plastiras, partisan de Venizélos, oblige Constantin à abdiquer. Son fils aîné, Georges II, souverain fantoche aux mains de l’armée, lui succède en octobre 1922. Les victoires éclatantes des Turcs contraignent les Grecs à signer, en 1923, le traité de Lausanne : Smyrne et la Thrace orientale sont rendues à la Turquie, et près d’un million et demi de Grecs d’Asie Mineure sont échangés avec les minorités turques de Grèce. Cet épisode, resté dans la mémoire collective des Grecs comme la « Grande Catastrophe «, n’est pas sans répercussion sur la situation économique déjà fragile du pays.

5.6La République et la restauration de la monarchie
5.6.1Des débuts difficiles

La dégradation de la situation du pays contribue à l’émergence de partis d’opposition et au développement du mouvement syndical. Les républicains et la puissante faction militaire mènent une campagne contre le roi, qui doit s’exiler en 1923. À l’issue d’un plébiscite, le 25 mars 1924, le Parlement proclame la république sous la présidence de Koundouriótis. Une période de grande instabilité sociale et politique s’ouvre alors. En 1925, le général Pangalos prend le contrôle du gouvernement et se fait élire un an après président de la République. Véritable dictateur, il est renversé en août 1926 par un coup d’État organisé par le général Condylis. Lors des élections qui ont lieu quelques mois plus tard, la majorité républicaine est si faible qu’un gouvernement de coalition comprenant des royalistes doit être formé ; il finit de rédiger la Constitution en 1927, et la fait promulguer.

En pleine période de crise, Venizélos fait son retour dans l’arène politique. Après avoir été nommé Premier ministre, il obtient, à la tête du Parti libéral, une victoire écrasante aux élections de 1928 et œuvre dès lors à la stabilisation du pays, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Une politique de bon voisinage conduit à la signature d’un pacte avec l’Italie en 1928, d’un accord avec la Yougoslavie un an plus tard, et d’un traité avec la Turquie en 1930. L’Entente balkanique est scellée en février 1934. Toutefois, Venizélos a moins de succès en politique intérieure. Sa modération envers Chypre et le Dodécanèse, désireux d’obtenir leur rattachement à la Grèce, l’incapacité de son gouvernement à apporter une solution à la crise économique et sociale qui sévit sur fond de crise internationale contribuent à le rendre impopulaire aussi bien auprès des royalistes qu’auprès des républicains radicaux. Battu lors des élections de 1932, il doit démissionner ; la victoire du Parti populaire de Tsaldharis ouvre la voie à une restauration monarchique.

5.6.2Le rétablissement de la monarchie

Un coup de force du général Condylis permet à Georges II de rentrer à Athènes et de remonter sur le trône à la fin de l’année 1935, après la tenue d’un plébiscite. La Constitution républicaine de 1927 est abolie au profit de la Constitution monarchique élaborée en 1911 et révisée. C’est dans un contexte de grande agitation sociale que le général Metaxas, soutenu par l’armée et par le roi, arrive au pouvoir en août 1936 après un coup d’État. Il préserve l’indépendance du pays, proclame la loi martiale et établit un régime dictatorial imposant une censure stricte de la presse, interdisant les partis politiques et les syndicats.

5.7La Seconde Guerre mondiale
5.7.1Un conflit éclair

Au début de la Seconde Guerre mondiale, le général Metaxas essaie de maintenir la neutralité du pays. Mais les troupes italiennes stationnées en Albanie depuis le début du conflit constituent une réelle menace pour la Grèce, qui bénéficie du soutien de la France et du Royaume-Uni. La frontière nord est attaquée par les Italiens depuis l’Albanie en octobre 1940. L’armée grecque remporte alors un succès inattendu : en décembre, après avoir chassé les envahisseurs du pays, elle est en possession d’un quart du territoire albanais. Les Italiens n’échappent à la déroute complète qu’avec l’intervention, en avril 1941, des troupes allemandes qui viennent à bout de la résistance grecque. Après la capitulation de son armée, la Grèce est obligée de signer un armistice le 23 avril et les Allemands entrent dans Athènes quatre jours plus tard. Le gouvernement grec s’effondre : Metaxas meurt en janvier, et son successeur se suicide. Un gouvernement national-socialiste est alors instauré à Athènes. Le roi Georges II s’enfuit en Crète et, après l’occupation de l’île, prend le chemin de l’exil. Il met en place un gouvernement, d’abord au Caire, puis à Londres.

5.7.2La Résistance

L’occupation du territoire grec par les troupes allemandes, italiennes et bulgares est particulièrement dure et extrêmement mal vécue par la population. Des mouvements de résistance apparaissent, dont le plus important, l’EAM (Front national de libération), à majorité communiste, rassemblant diverses organisations politiques et syndicales de gauche et disposant d’une branche armée, l’ELAS (Armée populaire grecque de libération), bénéficie du soutien de la très grande majorité des Grecs. Ces mouvements participent à des opérations armées en Italie ou en Afrique et, sur le terrain, pratiquent des opérations de guérilla et de sabotage.

À la fin de 1943, après le débarquement des Alliés en Italie et dans la perspective de la libération de la Grèce, l’EAM entre ouvertement en conflit avec l’EDES (Armée grecque démocratique nationale), frange conservatrice de la Résistance, et l’EKKA (Ligue nationale et sociale de libération). Les Alliés soutiennent d’abord l’EAM, majoritaire, mais, craignant ensuite la prépondérance communiste au sein de cette organisation, ils donnent leur appui à l’EDES-EKKA. À l’issue de longues négociations, un Comité provisoire de libération nationale, gouvernement de coalition, est formé en mai 1944.

5.8La guerre civile

Au mois d’octobre 1944, l’armée allemande se retire de Grèce ; le nouveau gouvernement de Georgios Papandréou, soutenu par le roi depuis son exil, précédé par les troupes britanniques du général Scobie débarquées au Pirée au même moment, entre à Athènes. Dans un contexte de guerre froide, les Occidentaux veulent avant tout éviter que le scénario qui se joue en Europe de l’Est ne se reproduise en Grèce et redoutent que le pays, où les communistes sont si populaires et si fortement armés, puisse tomber dans l’orbite soviétique.

Malgré les sommations des Britanniques, les partisans de l’ELAS, commandés par le général Markos, refusent de rendre les armes, déclenchant dès le mois de décembre de violents combats entre l’armée britannique et l’ELAS. Le roi remet alors ses pouvoirs aux mains d’un régent, Mgr Damaskinos, le métropolite d’Athènes, qui confie le gouvernement au général Plastiras. Finalement, le 12 février 1945, l’ELAS accepte la trêve de Varkiza. En échange de la démobilisation de son armée, l’EAM reçoit la promesse d’une participation à la vie politique du pays.

La question du régime politique — royauté ou république — est au centre des premières élections, qui se déroulent dans un climat de terreur. Boycottées par tous les partis républicains, les élections de mars 1946 sont remportées par les royalistes du Parti populiste. Un plébiscite hâtif (septembre 1946) permet le retour du roi, mais Georges II meurt en 1947, et son frère Paul Ier lui succède.

Cependant, la terreur s’accentuant, les partisans de l’EAM se retirent dans les montagnes. Ils constituent, en octobre 1946, l’Armée démocratique de la Grèce et instituent, en décembre 1947, un Gouvernement provisoire de la Grèce libre, basé en Épire et soutenu par les Soviétiques. La guerre reprend avec encore plus d’acharnement. L’armée royaliste, soutenue par la Grande-Bretagne puis par les États-Unis, dans la logique de l’application de la doctrine Truman, inflige de sévères défaites aux communistes, qui rendent les armes en octobre 1949.

5.9La Grèce de l’après-guerre
5.9.1Papagos et Caramanlis

Après la guerre civile, l’aide financière américaine octroyée dans le cadre du plan Marshall permet à la Grèce de restaurer son économie et d’augmenter sa production agricole et industrielle. Parallèlement, le pays est intégré militairement au bloc occidental (adhésion au Conseil de l’Europe en 1949) et à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en 1952.

Les années d’après-guerre sont marquées par une grande instabilité politique. En 1952, lors des élections, le parti du Rassemblement hellénique, un groupe de droite dirigé par le maréchal Alexandros Papagos, remporte la majorité parlementaire. Un nouveau cabinet, avec Papagos au poste de Premier ministre, prend ses fonctions le 19 novembre et demeure au pouvoir jusqu’à la mort de celui-ci. Durant son mandat, la Grèce renforce son alliance avec la Yougoslavie et la Turquie.

Constantin Caramanlis, qui lui succède en octobre 1955, annonce le 4 janvier 1956, la formation du nouveau parti de l’Union nationale radicale, pour remplacer le parti du Rassemblement hellénique, qui cesse d’exister après la mort de Papagos. Aux élections législatives de février, l’Union nationale radicale remporte 165 sièges sur 300, bien que l’Union démocratique, une coalition des partis d’opposition, ait reçu la majorité du vote populaire.

5.9.2La question de Chypre

Pendant les années 1950, la Grèce soutient avec ardeur le mouvement Enosis (Union avec la Grèce) sur l’île de Chypre, qui est une possession britannique depuis 1878. Le Royaume-Uni s’oppose à une requête faite par le gouvernement de Papagos pour organiser un plébiscite sur la question de l’union, et la Turquie insiste sur le fait que si les Britanniques se retirent de Chypre, l’île devra alors être cédée à la Turquie. Toutefois, en 1955, la Grèce, le Royaume-Uni et la Turquie engagent des pourparlers pour régler la question. En 1959, par les traités de Londres et de Zurich, les trois gouvernements parviennent finalement à un arrangement qui aboutit à l’indépendance de Chypre le 16 août 1960.

5.9.3Le changement de majorité

Fin 1961, une coalition de partis centristes, l’Union du centre, est formée sous l’égide de Georgios Papandréou. Lorsque Caramanlis remporte la majorité législative aux élections générales du 29 octobre, la coalition refuse de reconnaître son nouveau gouvernement, prétendant que les électeurs ont agi sous la contrainte. L’opposition persiste jusqu’à l’affrontement des partisans de Papandréou avec la police d’Athènes, à la mi-avril 1962. Caramanlis annonce que toute nouvelle tentative d’émeute sera réprimée. En 1963, il démissionne après l’assassinat d’un dirigeant de l’EDA (Gauche démocratique unifiée).

Lors des élections du 3 novembre, le parti de Papandréou obtient une courte majorité, et ce dernier devient Premier ministre. Refusant de compter sur le soutien des communistes pour maintenir son gouvernement au pouvoir, il démissionne le mois suivant. Cependant, les nouvelles élections législatives de février 1964 lui donnent une majorité suffisante, et il devient encore une fois Premier ministre.

Après la mort de Paul Ier, le 6 mars 1964, son fils accède au trône sous le nom de Constantin II, et, en 1965, Papandréou subit les attaques de l’opposition de droite, qui accuse le gouvernement d’adopter une attitude « indulgente « à l’égard des groupes procommunistes en Grèce et du rapatriement des résidents grecs emmenés en URSS et dans les pays satellites, après la guerre civile. En outre, des journaux de droite révèlent l’existence d’une organisation antimonarchiste, Aspidha (bouclier), à laquelle appartiennent des officiers et que côtoie le fils du Premier ministre. Le gouvernement s’engage à débarrasser l’armée de toute influence d’extrême droite, et un décret permettant au Premier ministre de reprendre le contrôle du ministère de la Défense est soumis à l’approbation de Constantin. Mais le roi, craignant d’être privé du soutien des officiers de haut rang, refuse de signer ce décret. Le 15 juillet 1965, Papandréou menace de démissionner. Cependant, avant même qu’il ne le fasse, le roi nomme un nouveau Premier ministre, qui ne parvient pas à gagner l’approbation du Parlement. Plusieurs gouvernements soutenus par la droite se succèdent. Le chef de l’opposition, Kanellopoulos, n’étant pas parvenu à obtenir l’investiture du Parlement, décide de le dissoudre le 14 avril 1967 et organise de nouvelles élections en mai.

5.10Le régime des colonels
5.10.1Le temps de la répression

Entre-temps, un groupe d’officiers de l’armée, dirigé par le colonel Papadopoulos, fait tomber le gouvernement et s’empare du pouvoir le 21 avril 1967. Plusieurs milliers de personnalités politiques, en particulier des hommes de gauche et des communistes, des artistes ainsi que des écrivains sont arrêtés. La junte militaire instaure un régime de terreur, publie une série de décrets abolissant la plupart des libertés civiles, imposant la censure aux médias, supprimant les partis politiques et de nombreuses organisations. Ayant échoué dans sa tentative de renverser la junte en décembre, le roi Constantin part en exil en Italie ; la régence est attribuée au général Zoïtakis. Cependant, l’opposition se manifeste avec virulence. Le 15 mars 1968, Papadopoulos riposte en présentant l’avant-projet d’une nouvelle Constitution, qui renforce le pouvoir exécutif et limite les libertés individuelles. Elle est ultérieurement révisée et ratifiée par un référendum populaire, en septembre.

Le régime poursuit sa politique autoritaire, et des centaines d’opposants sont arrêtés. Après avoir étudié des plaintes relatives à l’utilisation de la torture sur des prisonniers politiques, la Commission des droits de l’homme du Conseil de l’Europe conclut qu’il s’agit d’une « pratique administrative courante « du gouvernement et en condamne l’usage. La Grèce préfère alors se retirer du Conseil plutôt que d’être expulsée. Toutefois, le gouvernement réussit à établir des relations plus étroites avec les nations communistes, y compris avec la République populaire de Chine en 1970. Les États-Unis résistent aux pressions visant à priver d’armes le régime de Papadopoulos.

5.10.2Le déclin du régime

Au début des années 1970, le gouvernement rétablit certains droits civils qui ont été supprimés. Le 1er juin 1973, il abolit la monarchie ; le 29 juillet, la junte proclame la république et nomme Georgios Papadopoulos à la présidence jusqu’en 1981. Après son investiture en août, il accorde une vaste amnistie et promet de nouvelles élections pour 1974. Un cabinet civil entre en fonction en octobre.

Dans le même temps, les mouvements de résistance s’organisent à l’extérieur et à l’intérieur du pays. Après une première vague de contestations en 1972, des manifestations estudiantines tournent à l’automne 1973 en émeutes antigouvernementales, à Patras et Athènes ; elles conduisent au rétablissement de la loi martiale et des tribunaux militaires d’exception. Le 25 novembre, les militaires destituent Papadopoulos, qui n’a pu maintenir l’ordre et nomment le général de corps d’armée Phaidon Ghizikis à la présidence.

Le pouvoir des militaires est encore affaibli par la crise de Chypre. En effet, le régime des colonels décide de soutenir le coup d’État qui renverse le chef de l’État chypriote, Makarios III. En réaction et alors que les tensions grandissent entre les communautés grecque et turque, le gouvernement turc envahit l’île, ce qui entraîne la partition du territoire. La Grèce mobilise ses troupes, mais, à la suite des pressions des États-Unis, elle renonce à intervenir. Dès lors, le sort de la junte militaire est scellé. En juin 1974, elle doit se retirer.

Ghizikis fait revenir Caramanlis de son exil pour former le premier gouvernement civil depuis 1967. Après une élection en novembre, Caramanlis, chef du parti de la Nouvelle Démocratie, forme un nouveau gouvernement et organise un référendum qui est favorable à l’instauration d’une république. Une nouvelle Constitution mettant en place un régime démocratique est approuvée en juin 1975.

5.11Le retour de la démocratie
5.11.1L’adhésion à la CEE

En novembre 1977, le gouvernement organise des élections générales, dont les principaux thèmes sont l’entrée future de la Grèce dans la Communauté économique européenne (voir Union européenne), ses relations tendues avec la Turquie au sujet de Chypre et ses droits de forage en mer. Le parti de la Nouvelle Démocratie l’emporte, d’une courte majorité, sur le Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) d’Andréas Papandréou, le deuxième parti du pays.

Après la crise de Chypre en 1974, la Grèce se retire de l’OTAN. Les conditions du maintien des bases militaires américaines en territoire grec sont toutefois renégociées en 1975 et en 1976 ; en 1980, le pays réintègre l’organisation militaire de l’OTAN. Dans les années 1980, les principaux problèmes auxquels le gouvernement doit faire face étaient toujours l’inflation et les relations tendues avec la Turquie. Cependant, la résolution rapide de chacun d’entre eux semble improbable. Caramanlis quitte son poste en mai 1980, lorsqu’il est élu président de la République. Le ministre des Affaires étrangères, Georgios Rallis, lui succède au poste de Premier ministre. Membre lui aussi du parti de la Nouvelle Démocratie, il préside en janvier 1981 à l’entrée de la Grèce dans la Communauté européenne.

5.11.2Les gouvernements socialistes

Lors des élections législatives qui ont lieu en octobre 1981, le PASOK remporte une victoire décisive, et Andréas Papandréou devient le premier chef de gouvernement socialiste du pays. En mars 1985, Christos Sarzetakis, un juge de la Cour suprême qui a soutenu les socialistes, est élu à la présidence pour succéder à Caramanlis. Le programme du gouvernement repose sur une politique d’austérité afin de combattre l’inflation et le chômage grandissants. Les élections de juin 1985 confirment la suprématie du PASOK.

Cependant Papandréou perd la majorité parlementaire lors des élections de juin 1989, à la suite de scandales politico-financiers. Après le gouvernement de Tzannis Tzannétakis (Nouvelle Démocratie) et la coalition de Xénophon Zolotas, un nouveau scrutin porte au pouvoir Constantin Mitsotakis, du parti de la Nouvelle Démocratie, qui acquiert une faible majorité au Parlement, en 1990. En mai 1990, Caramanlis accède de nouveau au poste de président de la République. La priorité est toujours le redressement économique.

En octobre 1993, Papandréou revient au pouvoir grâce à la victoire du PASOK, qui remporte 170 sièges sur 300 lors des élections législatives. Une élection présidentielle a lieu en mars 1995 : Costis Stephanopoulos, le candidat soutenu par le parti au pouvoir, est élu à la présidence pour remplacer Caramanlis, qui a déjà effectué deux mandats.

Hospitalisé en novembre 1995, Papandréou annonce sa démission du poste de Premier ministre, laissant, en janvier 1996, la place au jeune réformiste du PASOK Costas Simitis. Ce dernier prend la tête du parti en juin 1996, peu de temps après la mort de Papandréou. Dès son arrivée au pouvoir, Simitis, vainqueur des élections anticipées de septembre 1996, n’a de cesse de poursuivre l’assainissement et la modernisation économique du pays. Très attaché à l’intégration européenne de la Grèce et au respect des critères de convergence définis par le traité de Maastricht, il s’engage à maîtriser l’inflation et à réduire le déficit du budget de l’État.

5.11.3Les difficiles relations de voisinage

À la suite de l’éclatement de la Yougoslavie, la république de Macédoine, située sur la frontière nord de la Grèce, déclare son indépendance en 1991. Ces bouleversements entraînent une confrontation directe avec la Grèce, qui, mettant en avant l’aspect hellénique de l’« héritage macédonien «, vit l’événement comme une atteinte à son intégrité. Le conflit aboutit à un blocus économique imposé à l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) début 1994, contribuant à déstabiliser le nouvel État, déjà fragile. Les relations entre les deux pays se sont toutefois normalisées depuis l’automne 1995.

La Grèce est également impliquée dans des conflits avec l’Albanie après l’effondrement du communisme dans ce pays. Au cœur des débats, le statut de la minorité grecque en territoire albanais. Tandis qu’Athènes prétend que cette minorité est persécutée, Tirana affirme que les cercles nationalistes en Grèce veulent provoquer une crise et cherchent à annexer les régions du sud de l’Albanie, appelées Épire du Nord en Grèce. Des tensions incessantes entraînent des tirs de frontière sur des réfugiés albanais, l’expulsion hors de Grèce de milliers de travailleurs albanais clandestins et l’emprisonnement de cinq leaders de la minorité grecque en Albanie pour cause d’espionnage et de contrebande d’armes.

Enfin, la question chypriote, les relations avec la Turquie et les problèmes de la répartition des zones d’influence sur les eaux de la mer Égée dominent également la politique extérieure de la Grèce.

Costas Simitis tente un rapprochement avec la Turquie, concrétisé en juillet 1997, par un accord signé à l’instigation des États-Unis, « excluant le recours à la force armée « pour résoudre les contentieux entre les deux pays. Les dissensions restent toutefois importantes, les Turcs accusant la Grèce non seulement de bloquer toute négociation avec l’Union européenne (UE) en vue de leur intégration, mais aussi de favoriser l’adhésion à l’UE de Chypre sans que soit au préalable trouvé un statut pour la partie nord de l’île aux mains des Chypriotes turcs. En novembre 1997, lors d’une réunion rassemblant la Grèce, la Turquie, la Bosnie, l’Albanie, la Roumanie et l’ARYM sur la stabilité et la sécurité des pays balkaniques, les dirigeants turcs et grecs reprennent les négociations, notamment sur la question de Chypre ainsi que sur celle des eaux territoriales. En février 1999, cependant, l’arrestation par les services turcs du chef rebelle kurde, Abdullah Öcalan, alors qu’il se trouvait dans l’ambassade grecque de Nairobi au Kenya, provoque un grave incident diplomatique entre les deux pays et déstabilise le gouvernement Simitis, provoquant le départ de plusieurs ministres. En raison du regain de tension entre les deux pays, la Grèce renforce sa défense aérienne contre la Turquie en mai 1999.

L’opération « Force alliée «, engagée en mars 1999 par treize des dix-neuf membres de l’OTAN contre la Serbie, met la Grèce, « impliquée « par sa position géographique même dans les Balkans, dans une situation délicate ; le pays se trouve en effet tiraillé entre son devoir de solidarité envers l’Alliance atlantique et l’Union européenne, et les liens qui l’unissent aux « frères orthodoxes serbes «. Le gouvernement prône une solution politique et diplomatique à la crise au Kosovo.

5.11.4L’approfondissement de l’intégration européenne

La préoccupation majeure du gouvernement grec reste, sans conteste, l’Union européenne. Non retenue pour faire partie du premier groupe de pays adhérant à l’Union économique et monétaire (UEM) en 1999, la Grèce ratifie le traité d’Amsterdam courant 1999. Afin de satisfaire aux critères de convergence définis par le traité de Maastricht, le gouvernement lance un vaste plan d’austérité au début de l’année 1998 : relance des privatisations, réduction des dépenses publiques, réforme du système de protection sociale, ainsi qu’une plus grande flexibilité du travail. En dépit de la contestation que suscitent ces mesures, Simitis poursuit son plan de convergence européen qui lui permet de faire, en mars 2000, une demande officielle de candidature à l’UEM.

Lors des élections européennes de juin 1999, les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) obtiennent 36 p. 100 des suffrages (soit 9 sièges au Parlement européen), devançant les socialistes (PASOK) qui totalisent près de 33 p. 100 des voix (9 sièges également). Les communistes, qui ont profité de leur position anti-OTAN, obtiennent 8,65 p. 100 des suffrages (3 sièges). Enfin, un nouveau parti, populiste, Dikki, issu d’une scission du PASOK, obtient 6,87 p. 100 et 2 sièges. Grâce à l’union des voix du PASOK et de ND au sein du Parlement, le président Konstantinos Stéphanopoulos est réélu pour cinq ans à la tête de l’État en février 2000. En repli lors des élections municipales et régionales d’octobre 1998 et aux européennes de juin 1999, le PASOK remporte de justesse les élections législatives d’avril 2000 (43,79 p. 100 des suffrages exprimés et 158 sièges) devant la ND (42,73 p. 100 des voix et 125 sièges). Reconduit à son poste, le Premier ministre socialiste Costas Simitis affirme vouloir donner la priorité au social et cherche à normaliser ses relations avec la Turquie. Georges Papandréou, ministre des Affaires étrangères effectue ainsi, en janvier 2000, la première visite d’un chef de la diplomatie grecque en Turquie depuis 1962. Toutefois cette politique d’apaisement avec la Turquie demeure fragile, comme en témoignent les difficiles pourparlers entre les communautés grecque et turque dans l’île de Chypre.

Le 1er janvier 2001, la Grèce voit ses efforts couronnés en entrant dans la zone euro. Elle est le douzième État de l’Union européenne à en faire partie, vingt ans jour pour jour après avoir adhéré à ce qui était alors la Communauté économique européenne (CEE). La parité de sa monnaie est de 340,75 drachmes pour 1 euro. Un an plus tard, le 1er janvier 2002, la drachme laisse la place à l’euro qui devient la monnaie unique de 304 millions d’Européens.

Depuis janvier 1999, date à laquelle elle ne respectait pas encore les critères de convergence définis par le traité de Maastricht, son taux d’inflation a chuté (2,7 p. 100 en 2000, alors qu’il atteignait 20 p. 100 en 1990) et son déficit budgétaire est descendu à 1,6 p. 100 du PIB en 1999 (le seuil limite étant fixé à 3 p. 100). Mais son endettement public demeure encore trop élevé.

Au cours de l’été 2002, les autorités grecques parviennent à démanteler le groupe terroriste « 17 novembre «, auteur d’une vingtaine d’assassinats et d’une cinquantaine d’attentats depuis 1975. Alors que la Grèce est engagée dans de vastes travaux destinés à accueillir les jeux Olympiques à l’été 2004, elle préside l’Union européenne au cours du premier semestre 2003.

5.11.5L’alternance politique

À l’approche des élections législatives, Georges Papandréou, ministre des Affaires étrangères et fils d’Andreas Papandréou, est élu à la présidence du PASOK. Mais sa popularité et le bilan exceptionnel du gouvernement socialiste ne suffisent pas face à l’usure du pouvoir qui touche le PASOK, au gouvernement depuis 1981, à l’exception des années 1990-1993. Au mois de mars 2004, la Nouvelle Démocratie, emmenée par Costas Caramanlis, obtient 45,4 % des voix (165 députés sur 300) face au PASOK qui recueille 40,5 % des voix (117 députés). Costas Caramanlis, âgé de 47 ans, neveu de l’homme d’État Constantin Caramanlis, devient Premier ministre.

La Nouvelle Démocratie remporte un nouveau succès lors du scrutin européen de juin 2004, avant que ne se déroulent à Athènes les 28e jeux Olympiques d’été. Au mois de février 2005, Carolos Papoulias est élu par le Parlement à la présidence de la République, un poste honorifique. Figure historique du PASOK, il succède à Costis Stéphanopoulos. En avril 2005, le Parlement approuve le traité établissant une Constitution pour l’Europe. En 2007, le Premier ministre souhaite obtenir la confiance populaire pour poursuivre les réformes structurelles qu’il a commencé à engager. Comme il l’espérait, la Nouvelle Démocratie remporte les élections anticipées, et conserve la majorité absolue au Parlement avec 41,85 % des suffrages (152 sièges).

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