GOUJON, Jean

« Il reste bien peu d'œuvres de ce sculpteur qui a été aussi architecte et dessinateur.

Ce sont les bas-reliefs du jubéde Saint-Germain-l'Auxerrois, ce sont les bas-reliefs des Quatre Saisons sur la façade de l'hôtel de Ligneris, ce sontles Nymphes de la fontaine des Innocents, et ce sont au Louvre quelques-unes des allégories d'une façade deLescot, et les cariatides de la tribune des musiciens.

Nul doute que Goujon ait sensuellement découvert la sculptureen Italie.

L'imperceptible étirement des membres, les déhanchements, les mouvements ébauchés, la fluidité deslinges mouillés qui soulignent et cachent la courbe d'une hanche ou d'une cuisse, semblent être l'écho des blasonsdu corps féminin que composent les poètes français du XVIe siècle comme Maurice Scève, Bonaventure Des Périers,Eustorg de Beaulieu ou Jacques Le Lieur.

Du dernier, ces vers : “ Cuisse où j'ai longtemps prétendu,/Plus ferme qu'unfort arc tendu,/Cuisse plus dure que le marbre...

”.

Ces vers anonymes “ O ventre rond, ventre joly,/ Ventre surtous le mieulx poly,/ Ventre plus blanc que n'est albastre,/ Ventre en esté plus froid que plastre,/ Dont le toucherrend rend la main froide,/ Et je ne sçai quoy chaud et roide ” sont une manière d'hommage à la sensualité deGoujon.... »