Franz Kafka

 

 « H fallait qu'on ait calomnié Joseph K. : un matin, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté. «

 Chacun a prononcé un jour le mot kafkaïen pour désigner une situation aberrante, une logique implacable qui frôle l'absurde. Vous vous êtes donc déjà trouvé aux prises avec l'univers de Franz Kafka, l'un des plus célèbres écrivains du XXe siècle.

 La justification ! Question romanesque par excellence. Vécue par Kafka lui-même pendant quarante et un ans. Ce sentiment d'étrangeté dans l'angoisse d'une place à tenir. D'autant plus terrifiant qu'il se situe en vase presque clos. Celui de sa ville natale où il voit le jour le 3 juillet 1883 et qu'il ne peut jamais quitter en dépit de toutes ses tentatives. « Prague ne nous lâche pas... cette petite mère a des griffes «. Le futur écrivain est isolé dès sa plus tendre enfance au milieu de parents juifs qu'il qualifie lui-même de « tyranniques «. À l'écart également de ses collègues, gratte-papier à la Compagnie d'assurance ouvrière de Bohème. Assis à son bureau, Kafka rêve de littérature et d'évasion.

 Le décor est planté, désormais seule compte cette quête passionnée vers l'écriture. C'est l'isolement dans la nuit qui, en quelque dix ans, lui permet d'élaborer une des œuvres majeures de notre siècle. En 1912, il écrit en quelques semaines la Métamorphose (publiée en 1915), histoire terrible de la lente agonie d'un homme « transformé dans son lit en véritable vermine «. Deux ans plus tard, il récidive avec le

 Procès (publié en 1925) qui dénonce la condamnation sans aucun fondement d'un homme, Joseph K., victime de l'absurde machine bureaucratique. Univers cauchemardesque que l'on retrouve également dans la Colonie pénitentiaire (1919), le Château (1926) ou l'Amérique (1927). Kafka dénonce une bureaucratie toute-puissante, incohérente et arbitraire, et pousse un cri contre l'absurdité de la vie.

 En dépit de quelques amitiés (Max Brod ou Milena) et de plusieurs fiançailles, c'est la solitude toujours qui transparaît chez l'écrivain praguois, en particulier dans sa Correspondance (1946) et dans son Journal (1952). Franz Kafka, méfiant par nature, demande qu'on brûle ses manuscrits après sa mort. Un souhait qui n'est pas exaucé puisque, quarante ans plus tard, des millions de personnes lisent Kafka.