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France.

Publié le 08/12/2021

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France. Comme nous l'explique Bergson: « Désavouer l'acte de l'Empereur, c'était, au cas où la guerre
éclaterait, avoir déclaré, avoir déclaré solennellement, devant l'Europe et devant l'Histoire que l'Empire était
agresseur et que la France était dans son tort. C'était aussi laisser la place libre à un Ministère de Droite, qui
attendait dans la coulisse, et qui eût été un Ministère de guerre. En restant, on pouvait essayer de réparer le
al. Par le fait, Ollivier le répara dans la mesure du possible, puisqu'il obtenait du Conseil des Ministres,
uelques heures après, la décision ferme de ne pas maintenir la demande d'un engagement pour l'avenir si l'on
e heurtait à un refus du Roi de Prusse. «
ien d'irrémédiable n'était encore accompli. Guillaume Ier est visiblement agacé par la demande qui lui est
ransmise. Pour autant sa réponse est rien moins que belliqueuse. Dans le résumé de sa journée qu'il transmet
Berlin le 13, il fait savoir qu'il a appris le désistement et qu'il l'a approuvé.
uand il lit ce texte, Bismarck est atterré. Alors, cyniquement, il en rédige une nouvelle version, tronquée, qui
a sonner le glas des espoirs d'apaisement.
Après que les nouvelles de la renonciation du Prince héritier de Hohenzollern eurent été communiquées au
ouvernement Impérial Français par le Gouvernement Royal Espagnol, l'Ambassadeur Français à Ems a exigé
ncore de Sa Majesté l'autorisation de télégraphier à Paris que Sa Majesté le Roi pour tout l'avenir s'engageait
ne plus jamais donner son autorisation si les Hohenzollern devaient poser de nouveau leur candidature. Làessus, Sa Majesté le Roi a refusé de recevoir encore une fois l'Ambassadeur et lui a fait dire par l'adjudant de
ervice que Sa Majesté n'avait rien de plus à communiquer à l'Ambassadeur. «
ransformée en provocation par la volonté de Bismarck, la dépêche d'Ems, largement diffusée par ses soins,
ut l'effet escompté sur l'opinion française. A Paris, dans la journée du 13, la foule est dans la rue, s'excite
ontre la Prusse et réclame la guerre.
e gouvernement est chahuté. Gramont déclare à Louis Napoléon et à ses collègues « que le Ministère ne
ourrait pas se maintenir s'il se présentait à la Chambre, le lendemain, sans avoir reçu une concession précise
e la Prusse «.
out se passe comme Bismarck l'a espéré et voulu. Sa dépêche a fait l'effet d'un camouflet. Le 14, l'Empereur
arle encore en Conseil d'un congrès général, qui aurait à évoquer la question des garanties. Ollivier s'accroche
cette idée; un texte est rédigé. Louis Napoléon, le soir, voit s'attrouper les Parisiens et les entend crier : « A
erlin! «
e 15, au cours d'un nouveau Conseil, Ollivier reconnaît à son tour: « Si nous portions notre déclaration à la
hambre, on jetterait de la boue sur nos voitures et on nous huerait. « A peu près au même moment, les
arisiens lancent des pierres dans les vitres anciennes de l'ambassade de Prusse.
e sort en est jeté ; dans la nuit du 15 au 16, Ollivier fait voter, par 245 voix contre 10, les premiers crédits pour
a mobilisation de la garde mobile et pour la guerre. « Nous avons fait, déclare-t-il, tout ce qu'il était
onorablement et humainement possible de faire pour éviter la guerre... Notre cause est juste... Elle est confiée
l'armée française. «
ourtant, la situation diplomatique n'est pas favorable, loin de là. Bismarck a joué assez habilement pour que la
France fasse
figure... d'agresseur. L'Allemagne du Sud, en dépit de nos espoirs, choisit le camp de la Prusse et la Bavière
s'apprête à mobiliser. Il n'y a rien à attendre, du moins dans l'immédiat, de l'Autriche où joue contre la France
l'influence hongroise dans la double monarchie, conséquence indirecte de la défaite de Sadowa dont l'«
établissement « autrichien est tenu pour responsable. Rien à attendre non plus de l'Italie, avec laquelle Rome
reste une pomme de discorde -- l'évacuation, le 19 août, de la Ville éternelle intervenant beaucoup trop tard.
Ollivier, exténué, a pourtant la tragique imprudence de laisser entendre que cette guerre, il l'accepte « d'un
coeur léger «. Ce n'est pas ce qu'il a vraiment dit. C'est ce qu'on a retenu.
Louis Napoléon, lui, n'a pas le coeur léger. Bientôt, sur le chemin de la Lorraine, et de la guerre -- dont la
déclaration est notifiée le 18 à Berlin --, il sera salué de gare en gare, par des foules qui crient : « Vive
l'Empereur ! Vive le Prince Impérial ! Vive la France ! «
Sans doute éprouve-t-il des sentiments analogues à ceux que, soixante-huit ans plus tard, au retour de la
ésastreuse conférence de Munich et face à la même allégresse, traduira Édouard Daladier dans une formule
ussi lapidaire que triviale. L'empereur montra plus de tenue : « L'enthousiasme, écrit-il à Gramont, est une
elle chose, mais parfois bien ridicule. «
***
ette guerre est probablement perdue avant même d'avoir commencé. De Gaulle expliquera pourquoi, allant
omme d'habitude, en traits fulgurants, droit à l'essentiel: « La mobilisation, ordonnée le 14 juillet, a porté le 5
oût à la frontière 250 000 hommes; 60 000 sont dans les dépôts ou en Algérie, ou à Rome. Et nous n'avons
ien d'autre qui puisse, de plusieurs mois, offrir quelque solidité. Encore ces forces sont-elles organisées,

armées, transportées au milieu du pire désordre, car les grandes unités n'existent pas en temps de paix, il faut
es constituer de toutes pièces à la frontière, leur désigner des états-majors, faire sortir des arsenaux leurs
anons, leurs caissons, leurs parcs, les doter à l'improviste de services et de matériels. Pendant ce temps,
'ennemi amène aux premiers chocs 500 000 hommes, organisés à l'avance en corps d'armée et divisions,
garnit ses dépôts de 160 000 soldats et lève une solide landwehr de 200 000 hommes. «
Les effets conjugués de l'imprévoyance, des autosatisfactions et des lâchetés qui ont empêché la
réorganisation de l'armée française apparaissent très vite, dans toute leur dimension, même si certains mettront
uelque temps à s'incliner devant l'évidence.
ramont n'a-t-il pas expliqué qu'il s'était décidé à la guerre « avec une confiance absolue dans la victoire « ?
hiers lui-même, Thiers qui, après la défaite, soutiendra devant la commission d'enquête qu'il savait que la
rance n'était pas prête, est en réalité convaincu du contraire: tous ses propos antérieurs en avaient apporté la
démonstration.
Il n'est pas jusqu'à Niel qui, avant de mourir en août 1869 des suites de l'opération à laquelle l'a acculé le même
mal que l'empereur, n'ait été persuadé de laisser à la France, malgré l'échec du projet de réforme, une armée
apte à la protéger... Quelle erreur! Et le nombre n'est pas seul en cause. Notre infanterie est probablement
intrinsèquement meilleure que l'infanterie allemande; elle fera d'ailleurs des prodiges. Mais, outre que la
supériorité de l'artillerie ennemie compensait largement cette différence de valeur, la mobilité de l'armée
allemande, qui vit sur le pays et n'a pas à traîner d'encombrants convois, lui donne un grand avantage
stratégique. Techniquement, les Prussiens sont également en avance : ils disposent d'une cartographie
supérieure en qualité et savent, eux, s'en servir. Enfin, leur armée est tout entière tendue vers l'offensive. Elle a
retenu la leçon de Clausewitz, et s'en tient à de simples et solides principes : mépriser la forme des
manoeuvres et les opérations subsidiaires ; marcher droit, toutes forces réunies, jusqu'à la principale armée
adverse pour obtenir au plus tôt un avantage décisif et poursuivre vigoureusement cet avantage jusqu'à la
victoire.
Comme si l'éclatante disproportion des moyens alignés par les deux pays ne suffisait pas, d'autres facteurs vont
encore aggraver la situation et compromettre cette résistance minimale aux premiers chocs qui aurait permis,
en stabilisant provisoirement les choses, d'en venir à une solution négociée ou d'espérer l'entrée en lice
ultérieure d'alliés potentiels jusque-là attentistes.
On s'aperçoit vite que pouvoir civil et pouvoir militaire ne parviennent pas à délimiter leurs champs
d'intervention respectifs : le comble de la confusion sera atteint à Sedan quand l'armée de Mac-Mahon, blessé,
se retrouvera dotée... de deux commandants en chef: l'un désigné par le maréchal lui-même, l'autre
nommé par le gouvernement. Entre le politique et le militaire, tout se mêle et s'entremêle, au détriment de l'un
et de l'autre. Les décisions sont prises au hasard de l'évolution du champ de bataille et, pis encore, les
considérations politiques l'emportent parfois sur les données stratégiques.
Le cas de Bazaine qui va bientôt concentrer entre ses mains le commandement suprême -- retiré à l'empereur
-- illustre bien cet état de choses. La façon dont il manoeuvre est-elle vraiment le fait d'un chef militaire? A le
voir faire ou, plutôt, à le voir ne rien faire, on a l'impression que, dans ces circonstances dramatiques, son
principal objectif consiste non à combattre l'adversaire mais à préserver le capital que constituent à ses yeux les
effectifs placés sous son autorité directe afin de pouvoir, le cas échéant, se trouver en bonne posture à la table
des marchandages.
D'où vient que certains chefs militaires, de qualité assurément médiocre, se montrent encore plus timorés qu'à
l'ordinaire? Est-ce une punition que la providence inflige à Louis Napoléon pour avoir favorisé la promotion d'un
certain nombre d'incapables ? N'a-t-il pas eu le tort d'écarter des hommes de valeur? Certains le prétendent
comme Joachim Ambert, qui fut général, député, écrivain, historien:
« Napoléon III devait périr par les Généraux. Il y avait aussi dans son passé une terrible nuit, c'était celle où il fit
arracher de leur lit les Chefs les plus aimés de l'Armée, les Cavaignac, les Changarnier, les Lamoricière et tant
d'autres dont les noms sont inutiles à rappeler. Ces vaillants Capitaines avaient bien mérité de la patrie, ils
représentaient l'Armée Nationale, leurs noms se rattachaient à la conquête de l'Algérie, ils avaient vaincu
l'émeute dans les rues, ils souffraient de leurs blessures et cependant, on les emprisonna sous un prétexte
politique...
« Leur arrestation fut le germe fatal qui conduisit Napoléon III à sa perte. Il ne put remplacer ces Généraux
frappés dans la force de l'âge, à l'heure où l'homme est dans toute sa puissance.
« Pendant cette marche funèbre qui le conduisit de Châlons à Sedan, l'Empereur Napoléon III reporta sans
doute sa pensée sur cette nuit de décembre 1851 où il avait décapité l'Armée. Il entendit des voix lointaines qui
lui disaient: "Varus, rends-moi mes légions!" «
Louis Napoléon est parti aux armées le 28 juillet. Discrètement. Il a pris le train à la petite gare de Saint-Cloud,

dans une
atmosphère dépourvue d'entrain. Il est vrai qu'il a lui-même prévu que ce serait « long et difficile «.
L'accompagne son fils, à qui on a taillé un uniforme à la mesure de ses quatorze ans.
e départ est une erreur. Dans l'état de santé où il se trouve, Louis Napoléon ne sera jamais là-bas que d'une
piètre utilité. Tout indique qu'il ne pourra longtemps exercer la réalité des fonctions de commandant en chef.
ompte tenu des risques que le conflit fait courir au régime, sa présence à Paris, comme chef d'État, serait de
beaucoup plus utile, au cas où tout tournerait mal, hypothèse qu'il n'a jamais écartée. Trop nombreux sont ceux
qui pensent que Louis Napoléon a au moins en commun avec son oncle d'être condamné à la victoire pour
urvivre. A quoi bon, dans ces conditions, renforcer cette impression en liant si explicitement son sort à celui de
os armes? S'il n'avait pas quitté la capitale, Louis Napoléon aurait été moins personnellement impliqué dans
os revers éventuels et mieux placé pour prendre, sur le plan intérieur et extérieur, les mesures qu'auraient
xigées les événements. Il aurait pu par exemple, le moment venu, nommer un gouvernement d'union nationale
apable de rassembler toutes les énergies. Alors que, dans l'éloignement où il se trouve, ses tentatives pour
ppeler tel ou tel resteront sans aucun effet.
ouis Napoléon a bien expliqué que la présence d'un chef « magnétise ses troupes sur le terrain «. En est-il si
onvaincu lui-même ?
n tout cas, l'impératrice n'a rien tenté pour retenir son mari. De la même façon qu'elle s'opposera avec force à
outes ses velléités de retour. Ayant obtenu la régence, il est clair qu'elle veut donner à sa fonction sa pleine
ignification et en tirer tout le parti possible.
'apparente indifférence d'Eugénie aux tortures physiques que subissait son mari a de quoi surprendre. A
'époque, elle n'est pas mieux informée que les autres de la nature du mal dont souffre l'empereur, lequel, lors
de son exil à Chislehurst, confiera à l'urologue sir Henry Thompson : « Si j'avais su que j'étais atteint de la
aladie de la pierre, jamais je n'aurais déclaré la guerre. « On peut absoudre le manque de curiosité de
l'impératrice, qui eût pu exiger de connaître les résultats de la consultation de ces sommités médicales
qu'étaient les Nélaton, Ricard, Fauvel, Germain Sée et Corvisart, consultation qu'on mit sous pli scellé dans un
tiroir de secrétaire ! Mais comment comprendre qu'Eugénie,
témoin depuis des années de tant de souffrances et sachant l'empereur traité au chloral, ait pu le laisser partir
ers le front? Elle n'ignorait rien des souffrances de l'empereur, ayant souvent contribué à sauver la face dans
maintes circonstances officielles. Car le martyre de Louis Napoléon est souvent difficile à dissimuler : dans les
moments de crise son visage s'altère, ses traits se tendent, il ne peut réprimer quelques gémissements.
Une explication est souvent avancée: l'attitude d'Eugénie serait celle d'une femme qui a aimé et qui a été
trompée. Pour elle, les douleurs que son mari endure dans le bas-ventre, et tout ce pus et ce sang, c'est le
coup de pied de Vénus, c'est le passage de la justice immanente. Ne l'aurait-on pas entendue maugréer: « Il n'a
ue ce qu'il mérite... c'est la vengeance de Dieu «?
es sentiments de cette nature ne sont peut-être pas complètement absents de l'esprit d'Eugénie, mais ils n'ont
ien d'essentiel. De même, il n'y a pas lieu de croire à la thèse, soutenue par certains, de la concrétisation d'un
ieux marché entre époux : le pouvoir contre la fidélité conjugale. Eugénie a voulu la régence, et pas seulement
pour exercer un pâle intérim, prête qu'elle était à aller très au-delà des pouvoirs qui lui étaient reconnus et à
violer la légalité. Son but est d'imprimer au régime certaines évolutions qui lui paraissent nécessaires, en tenant
compte, justement, de l'état où se trouve son mari...
L'a sûrement beaucoup frappée une confession de celui-ci qu'elle ne relatera que beaucoup plus tard, alors
que, presque centenaire, silhouette noire, menue et digne, appuyée sur une canne à pommeau d'argent, elle
égrenait de tristes souvenirs : « Il ne se croyait plus capable de supporter le fardeau si lourd du pouvoir
suprême... Il avait pris et n'avait confié qu'à moi seule la résolution d'abdiquer, vers l'année 1874, lorsque le
Prince Impérial serait en âge de monter sur le trône... «
Quelles étaient donc les évolutions qu'Eugénie jugeait nécesssaires ?
D'abord, et quoi qu'il arrive, donner un coup de barre à droite et contenir autant que faire se pouvait une
ibéralisation que -- comme tant d'autres -- elle attribuait à l'affaiblissement physique et moral de Louis
apoléon.
nsuite, et surtout, s'adapter à une situation mouvante. L'empereur pouvait disparaître à tout moment, le risque
tant d'autant plus grand qu'il affrontait l'ennemi en première ligne. Il
fallait que la régence puisse alors tenir le pouvoir d'une main ferme, et de toute façon assurer en cas de
éfaite la continuité de l'État. Et si, d'aventure, l'empereur parvenait à tirer son épingle du jeu, qui peut dire
u'Eugénie ne l'eût pas persuadé d'abdiquer pour raison de santé, prête à continuer de jouer un rôle de premier
lan en préparant l'accession au trône de son fils?
our complexe qu'il soit, ce comportement n'a rien de condamnable et n'est pas comme on l'a dit, l'indice d'une

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