Français bac analyse linéaire On ne badine pas avec l'amour – Alfred de Musset Acte II scène 3

« On ne badine pas avec l'amour – Alfred de Musset Acte II scène 3 Introduction : Peut-on jouer avec les sentiments sans en payer le prix ? Cette question intemporelle traverse toutes les époques, et Musset y répond dans ""On ne badine pas avec l'amour, une pièce où l'amour se change en drame.

Alfred de Musset, considéré comme l'un des grands dramaturges romantiques du XIXe siècle, publie cette œuvre en 1834 alors qu'il n'a que 24 ans.

Appartenant au mouvement romantique, il s'inspire de sa propre vie amoureuse, notamment de sa relation passionnée avec Georges Sand, pour nourrir ses personnages. La pièce, qui mêle comédie et tragédie, raconte l'histoire de Camille et Perdican, deux jeunes gens promis l'un à l'autre, mais séparés par leur orgueil et leur méfiance.

Dans les scènes précédentes, Perdican retrouve Rosette, la sœur de lait de Camille.

Dans cette scène, que nous allons étudier, blessé par le refus de sa cousine, Perdican cherche à se consoler auprès de Rosette et entreprend de la séduire. Ainsi, comment cette scène de badinage pernicieux met-il en scène les jeux du cœur et de la parole ? Tout d'abord, nous verrons les personnages bien différents que sont Rosette et Perdican, avant de voir les paroles de séduction du jeune homme et finir sur un coup de théâtre avec une fin pathétique. I.

Des personnages bien différents (lignes 1 à 8) La scène s’ouvre dans un cadre champêtre, typique des pastorales, avec la maison modeste de Rosette, symbole de sa condition paysanne.

Perdican initie la rencontre, l’invite à une promenade et profite de l’absence de la mère de Rosette, ce qui installe un cadre intime et romantique. Le "viens" utilisé par Perdican à l’impératif, ainsi que le tutoiement, montre son caractère entreprenant et sa volonté de dominer la situation.

Les spectateurs savent qu’il avait déjà proposé une promenade à Camille, refusée dans l’acte II, scène 1.

Rosette apparaît donc comme une figure de substitution, un moyen pour Perdican de se consoler et cette scène apparaît donc comme une scène de badinage et non d'amour sincère La didascalie interne « tous ces baisers que vous me donnez » souligne l'insistance de Perdican qui essaie d'embrasser la paysanne.

Rosette, en le vouvoyant, traduit sa soumission et le rapport de classe qui les sépare.

Cependant, sa question montre son adresse : elle repousse les avances avec douceur tout en soulignant que ses baisers lui font mal.

Ce mal peut être interprété de plusieurs façons : embarras face à l’audace de Perdican, tristesse car elle aime le jeune homme et sait que ses baisers sont un jeu, ou souci de préserver sa réputation. Perdican se défend en évoquant des baisers fraternels et innocents, utilisant le champ lexical de la famille – « mère, sœur, frère » – alors que Camille et lui ne sont que cousins.

La contradiction entre « ta mère n’y est pas » et « je t’embrasserai devant ta mère » montre son jeu manipulateur.

De plus, l'utilisation du conditionnel souligne l'irréel des propos qu'il tient. Il pose également trois questions à Rosette, montrant sa maîtrise parfaite de la rhétorique et la manipulation, facilité par le manque d’éducation de la jeune fille, pour justifier son comportement et le rendre acceptable aux yeux de Rosette. Rosette, loin d’être dupe, cite un proverbe pour montrer que les baisers en disent plus que les mots.

Elle se montre lucide et pragmatique : « je n’ai guère d’esprit », ce qui signifie qu’elle n’a pas les armes pour jouer au jeu de la séduction et qu'elle en est consciente, mais elle comprend la situation.

Elle oppose aussi sa simplicité aux « belles dames », comme Camille, qui maîtrisent le code des baisers tandis qu'elle ne connaît pas toutes ces manières et n'y est jamais confrontée. Ce premier mouvement montre donc le contraste entre un Perdican manipulateur et une Rosette lucide mais socialement soumise. II.

Les paroles de séduction de Perdican (lignes 9 à 19) Face au chagrin.... »