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Ferry, Jules

Publié le 06/12/2021

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1   PRÉSENTATION

Ferry, Jules (1832-1893), homme politique français, considéré comme un des pères fondateurs de l’identité républicaine en France.

2   LES DÉBUTS POLITIQUES DE FERRY

Né à Saint-Dié (Vosges) dans une famille de notables, Jules Ferry fait des études d’avocat, puis s’inscrit au barreau de Paris en 1855. Mais dès 1865, il entame une carrière publique, en tant que collaborateur du Temps, ce qui en fait un chef de file de l’opposition républicaine au second Empire. Ses brochures, tels les Comptes fantastiques d’Haussmann (1868) — texte dénonçant les abus du préfet de la Seine et, symboliquement, de l’État napoléonien —, lui valent la célébrité.

Aux élections de juin 1869, elle lui permet de devenir député de la Seine. Membre du gouvernement de la Défense nationale (4 septembre 1870), il devient préfet de la Seine, puis maire de Paris. Dans ces fonctions, il assure le ravitaillement du peuple parisien et le maintien de l’ordre durant le siège de la capitale (son régime des restrictions lui vaut le surnom de « Ferry famine «). Élu député des Vosges en février 1871, il doit quitter Paris au lendemain du déclenchement de la Commune (18 mars 1871). La paix revenue, il redevient préfet de la Seine, puis ministre plénipotentiaire en Grèce (1872-1873).

3   UN RÉPUBLICAIN LAÏQUE

À la fin des années 1870, Jules Ferry commence à jouer un rôle clé dans l’opposition au régime d’« Ordre moral « de Mac-Mahon. Il participe alors à la création de la Gauche républicaine, opposée aux conservateurs et à l’Union républicaine de Léon Gambetta. Formé de modérés, ce courant est socialement conservateur et refuse de pratiquer la démagogie. Défait du poids des contingences matérielles car il est fortuné, Ferry défend en effet l’idéal du progrès par la science et la diffusion des Lumières, et non par la révolution sociale. Comme il le souligne lors de son discours du 3 juin 1876 à la Chambre des députés, « l’État doit être laïque «.

En 1875, ce credo l’amène à adhérer à la franc-maçonnerie. Celle-ci s’étant ralliée à la République, Ferry devient l’incarnation de la famille de républicains conservateurs qui participent au renforcement de la IIIe République durant les décisives années 1879-1885. À partir de 1879, il occupe plusieurs postes ministériels, puis la présidence du Conseil. Ces hautes fonctions (Instruction publique en 1870-1881, puis en 1882 ; président du Conseil de septembre à novembre 1881, puis de février 1883 à mars 1885) lui permettent d’agir.

4   LES LOIS SOCIALES DE FERRY

Jules Ferry défend l’action gouvernementale : « Nous voulons que la République soit un gouvernement « (30 août 1885). Sur le plan administratif, il prépare la promulgation de lois aux conséquences fondamentales sur la vie politique et les institutions françaises, puisqu’elles établissent la liberté républicaine. Il s’agit des textes sur la liberté de réunion (juin 1881), sur la liberté de la presse (29 juillet 1881) et sur la liberté syndicale (mars 1884), enfin sur la réforme de l’organisation municipale (avril 1884). Cet esprit d’ouverture, traduit dans le domaine privé par la loi sur le divorce (1884), constitue un des piliers de la IIIe République pluraliste et démocratique.

5   LES LOIS SCOLAIRES DE FERRY

Dans la mémoire collective, cette action est en partie occultée par son rôle dans la réforme de l’éducation. L’anticlérical Ferry juge que l’État laïque ne peut accepter que l’Église gère une partie de l’éducation des jeunes Français. D’autre part, il pense que l’école doit devenir un levier à la promotion sociale et un soutien à l’affirmation durable de l’esprit républicain laïque.

Il traduit cette conception par une politique volontariste. Les décrets de mars 1880 entraînent la limitation d’exercice, voire l’expulsion des congrégations. Plus importantes encore, les lois de 1880-1882 instaurent la gratuité, la laïcité, la mixité et l’obligation de l’enseignement primaire de 6 à 13 ans (voir lois Jules Ferry).

La génération des instituteurs dit « hussards de la République « est celle de Jules Ferry. Leur action auprès des générations d’écoliers de la charnière des xixe et xxe siècles joue le rôle clé qu’il attendait. Elle vulgarise et renforce l’esprit républicain par le bas. Elle cimente le rôle de pilier que l’éducation garde aujourd’hui dans la représentation de l’État républicain et égalitariste.

6   L’ACTION COLONIALE

L’action de Ferry, ministre des Colonies (1883-1885), est plus controversée. Convaincu que la France a une mission civilisatrice outre-mer, il est expansionniste et refuse de tourner son regard vers les « provinces perdues « (l’Alsace et la Lorraine). De nombreux nationalistes lui reprochent cette frilosité quant à la Revanche.

L’extrême gauche lui reproche son impérialisme, qu’il dévoile encore le 28 juillet 1885 : « Les colonies sont, pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux. « Après l’établissement du protectorat sur la Tunisie (1881), puis sur l’Annam (1883), il lance la conquête du Congo, du Niger, de Madagascar, du Tonkin. Cette politique coûteuse le rend impopulaire. Le 30 mars 1885, à la suite de l’incident de Lang Son, il doit démissionner ; « Tonkin-Ferry « est alors écarté de la vie politique.

Après avoir été la cible d’un attentat alors qu’il envisageait de briguer l’Élysée (en dépit de son discrédit et du peu de soutien de ses amis, décembre 1887), il est battu par un boulangiste aux législatives de 1889. S’il lutte activement contre le boulangisme, il ne retrouve des fonctions politiques qu’en 1891, siégeant au Sénat (pour les Vosges), dont il devient président en 1893, l’année de sa mort.

7   DÉFENSEUR DE L’IDÉAL RÉPUBLICAIN

Personnage emblématique de la IIIe République, Ferry est un des premiers à imposer avec force et par la loi un idéal républicain nourri à la source du positivisme, de l’esprit métissé des Lumières et de la Révolution de 1789.

Pour lui, l’esprit républicain ne peut s’épanouir qu’à deux conditions. Premièrement et sur le plan intérieur : l’affirmation d’une citoyenneté moderne passant par l’accès de tous à la culture, au savoir ; par le droit inaliénable de la liberté d’expression. En second lieu et sur le plan extérieur : une politique de grandeur et de prestige national.

Homme tourné vers le progrès, la science, l’égalité, homme marqué par son anticléricalisme autant que par le refus des excès de l’extrême gauche, Ferry est à ce titre un des principaux représentants de l’esprit républicain progressiste, libéral, démocrate et optimiste de la fin du xixe siècle.

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