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Fernando Pessõa

Publié le 09/12/2021

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En ce siècle où triomphent sous les feux de la rampe l'indiscrétion et la publicité, il est un homme de génie dont la vie se déroula dans la pénombre et le secret, au point qu'il aurait pu reprendre à Descartes sa devise : Larvatus prodeo (Je vais caché). Né à Lisbonne en 1888, d'une famille bourgeoise qui comptait dans son ascendance des surgeons de petite noblesse, il est le lieu de rencontre d'influences qui expliquent en partie ce que peut avoir d'explicable sa singularité : un père musicologue qui mourut tuberculeux, une grand-mère folle, un ancêtre israélite qui avait subi en 1706 les rigueurs de la Sainte Inquisition. Laissée veuve alors qu'il avait 5 ans, sa mère ne tarda pas à épouser en secondes noces un personnage consulaire qui se trouvait en poste à Durban. C'est ainsi que le jeune garçon fit ses études primaires et secondaires en Afrique du Sud, où il acquit une connaissance consommée de la langue et de la littérature anglaises. De retour à Lisbonne à dix-sept ans, s'exprimant plus volontiers en anglais qu'en portugais, il ne quittera plus jamais son pays natal, mais sa curiosité d'esprit le fera toute sa vie réagir positivement aux mouvements artistiques et intellectuels de l'époque : après le symbolisme qui expirait, le futurisme de Marinetti, l'effervescence de l'École de Paris et les éclats du surréalisme naissant. Comme il advient aux plus grands, ses plongées successives dans ce mascaret d'influences laisseront intacte la veine de son originalité et de son classicisme personnel. Modeste comptable et secrétaire interprète au service de diverses maisons de commerce, il publia de son vivant quelques plaquettes de vers anglais dont le retentissement fut à peu près nul, et, dans sa langue maternelle, l'unique recueil de Message, pour lequel lui fut attribué le dernier jour de l'année 1934 un deuxième prix dans un concours officiel. On aima ce livre pour des raisons étrangères à son essence réelle ; si l'on excepte la ferveur des jeunes écrivains de la revue Presença (lesquels avaient adopté le Français Pierre Hourcade), on peut dire que c'est un inconnu, ou du moins un grand incompris, qui s'éteignit en la personne de Fernando Pessõa le 30 novembre 1935. A quarante-sept ans, laissant à la postérité une grande malle pleine de manuscrits inédits, il quittait le monde des apparences sans avoir résolu pleinement l'énigme de son identité.

« Fernando Pessõa En ce siècle où triomphent sous les feux de la rampe l'indiscrétion et la publicité, il est un homme de génie dont la vie se déroula dans la pénombre et lesecret, au point qu'il aurait pu reprendre à Descartes sa devise : Larvatus prodeo (Je vais caché). Né à Lisbonne en 1888, d'une famille bourgeoise qui comptait dans son ascendance des surgeons de petite noblesse, il est le lieu de rencontre d'influencesqui expliquent en partie ce que peut avoir d'explicable sa singularité : un père musicologue qui mourut tuberculeux, une grand-mère folle, un ancêtreisraélite qui avait subi en 1706 les rigueurs de la Sainte Inquisition.

Laissée veuve alors qu'il avait 5 ans, sa mère ne tarda pas à épouser en secondesnoces un personnage consulaire qui se trouvait en poste à Durban.

C 'est ainsi que le jeune garçon fit ses études primaires et secondaires en A frique du Sud,où il acquit une connaissance consommée de la langue et de la littérature anglaises. De retour à Lisbonne à dix-sept ans, s'exprimant plus volontiers en anglais qu'en portugais, il ne quittera plus jamais son pays natal, mais sa curiositéd'esprit le fera toute sa vie réagir positivement aux mouvements artistiques et intellectuels de l'époque : après le symbolisme qui expirait, le futurisme deMarinetti, l'effervescence de l'École de P aris et les éclats du surréalisme naissant.

C omme il advient aux plus grands, ses plongées successives dans cemascaret d'influences laisseront intacte la veine de son originalité et de son classicisme personnel. Modeste comptable et secrétaire interprète au service de diverses maisons de commerce, il publia de son vivant quelques plaquettes de vers anglais dontle retentissement fut à peu près nul, et, dans sa langue maternelle, l'unique recueil de M essage, pour lequel lui fut attribué le dernier jour de l'année 1934 undeuxième prix dans un concours officiel.

On aima ce livre pour des raisons étrangères à son essence réelle ; si l'on excepte la ferveur des jeunes écrivainsde la revue P resença (lesquels avaient adopté le Français P ierre Hourcade), on peut dire que c'est un inconnu, ou du moins un grand incompris, quis'éteignit en la personne de Fernando P essõa le 30 novembre 1935.

A quarante-sept ans, laissant à la postérité une grande malle pleine de manuscritsinédits, il quittait le monde des apparences sans avoir résolu pleinement l'énigme de son identité. “ Qui suis-je ? ”, cette interrogation des grands tourmentés, un Novalis, un P irandello, un Kafka, devant l'énigme ontologique, Fernando Pessõa l'a tracée enclair, et cent fois il l'a paraphrasée dans son œuvre, cette œuvre qui est un miroir aux multiples faces.

Le génie de la contradiction qui est latent chez tousles mortels, il a tenté de l'exorciser en se fragmentant à l'infini se fragmenter, n'est-ce pas se multiplier ? C ette “ pulvérisation du moi ” dont Baudelaire rêvéa été par lui réalisée avec un mélange de tourment et de bonheur qui ne peut être appréhendé que par la génération qui l'a suivi, contemporaine de la fissionde l'atome. Il est dans son œuvre une province marginale : les poèmes qu'il a écrits directement en anglais, comme A tinoüs et Epithalamium, où il affiche en termesaudacieux, lui si pudique, son horreur des choses de la chair.

Ces chants intemporels, archaïques dans la forme et néoplatoniciens dans l'esprit, ne sontguère qu'une curiosité au regard de l'œuvre composée en portugais, langue dont il avait retrouvé le génie après un sourd et laborieux travail deréenracinement. Un jour de 1914, il connut en lui une tornade intérieure qui constituait un véritable phénomène de possession : debout devant un meuble haut, il écrivit d'untrait plus de trente poèmes qui lui furent dictés par le souffle d'un autre ; l'expérience démiurgique se poursuivit, et c'est ainsi que naquit, avec dessatellites mineurs, la trinité des avatars qu'il appela ses “ hétéronymes ”.

C hacun d'eux est une projection de lui-même, mais différenciée, avec un physique,un état civil, un comportement et un style qui lui sont propres : le triomphe, diront certains, de la supercherie, mais, en toute objectivité, un faisceau delumière qui éclaire les abîmes du moi avec ses velléités, ses méandres, ses ambitions et ses remords : tout l'inavoué de la conscience. Alberto C aeiro, l'astre originel de cette nébuleuse, est un être souriant, tout de contemplation et de sérénité.

P rimitif ensemble que roué, il fait retraite à lacampagne ; d'où le titre parodique du recueil qu'il a signé : Le Gardeur de troupeaux.

Il s'y montre attentif aux choses, plein d'une ingénuité existentielle quile fait voir, admirer et célébrer le créé dans une attitude d'acceptation dont le caractère élémentaire oscille aux frontières du cynisme et de la candeur Je me sens né à chaque instantA l'éternelle nouveauté du monde...L'effarante réalité des chosesEst ma découverte de chaque jour... Ce naturaliste contemplatif, mi-grec mi-bédouin, aura pour disciple un homme strict, Ricardo Reis, qui procède d'Horace et des stoïques ; dans ses Odes etses Épigrammes, il dresse aux déités fatidiques un sanctuaire ciselé, dans un O lympe auquel il s'efforce de croire, car le scepticisme et le détachement leretiennent de s'abandonner.

Esthète de la nudité, hédoniste de la force d'âme, il est, dans ses poèmes de forme très resserrée, l'apôtre de la perfectionformelle et de la “ tour d'ivoire ”, à mi-chemin de l'innocence et de la non-pensée : A moi-même extérieur, je me livre, filsIgnoré du C haos et de la Nuit,A mes fêtes intérieures. Confessant sa dette envers A lberto Caeiro, mais très différent de lui, voici enfin A lvaro de Campos, personnage cyclothymique, qui passe des outrancesverbales au dégradé de la saüdade.

Ingénieur qui a fait ses études en Écosse, il célèbre la machine et la vitesse ; dans la grande Ode Maritime, il faitrevivre l'aventure tragico-maritime de la nation portugaise.

Ses excès de plume et sa faconde méridionale cachent une sensibilité extrême, son scientismeapparent aboutit à l'aveu d'un grand besoin de solidarité et d'amour : Je me suis multiplié pour m'éprouver,Pour m'éprouver moi-même il m'a fallu tout éprouver.V oici qu'enfin la fraternité n'est plus une idée révolutionnaire. Reste le personnage dominant, le meneur de jeu, celui qui, signant Fernando Pessõa ne laissa pas d'avouer : “ Je me sentais plus les êtres que j'avais créésque moi-même.

” Nourri de trobar clus et fortement orienté vers ce qu'on appelle aujourd'hui la parapsychologie, hermétiste, visionnaire, rose-croix, il aenrobé des voiles de l'ésotérisme toute une part de son œuvre ; dans l'autre, il a confessé dans une langue stricte, savante et magnifiquement personnelle,cette faim de multiplicité qui n'est qu'une vocation à la souffrance Le poète sait l'art de feindre,Si complètement il feintQu'il en vient à feindre qu'est douleurla douleur qu'en fait il sent. Machiavélisme ? Byzantinisme ? O n en disputera longtemps, mais les attentifs ont su reconnaître dans ces jeux prétendus tous les déchirements d'une âmequi a choisi les voies de la fragmentation pour atteindre à l'unité.

Lieu de conflits dramatiques entre l'intelligence et le sensible, Fernando Pessõa demeure,magistralement et exemplairement, le maître de ceux qui opposent le tranchant de la lucidité aux injonctions aveugles du destin.. »

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