Exister

« F OLLAIN Poète à part, n'appartenant à aucune école, s i ce n'e st à la lign ée de Fran cis Jamme s, lui-même poète inclassable, Jean Follain ne dédaignait cependant pas les cénacles (autour des revue s N.R.F., Europe ) ni la compagnie des poèt es de sa gé néra tion .

Parmi ses amis, nombreux, on comptait André Dhôtel, Pierre Reverdy, Pierre Mac Orlan, Max Jacob, Guillevic.

« Jean Follain , comme les peintures de nature s dites morte s, est un peintr e de natures vives.

» Robert Sabatier, La Poésie du vingtième siècle, tome III, Métamorphoses et modernit é, Albin Michel , 198 8.

JEAN FOLLAIN Exister Le« poète de l'évidence des choses» (Robert Sabatier) D e tout ce qui vit ou ne vit pas, mais est nourri de la rêverie des hommes , menus objets, végétaux, bêtes , enfants, femmes et hommes, extraire la sève poétique en donnant un plein d' « existence » au monde, tel est le projet essentiel de Jean Follain dans son recueil Exister comme dans l'ensemble de son œuvre.

Utilisant une forme épurée, résistant aux artifices de l'image poétique pour une plus grande transparence , Jean Follain laisse se couler l' « être » des choses dans le moule de ses poèmes, petites pièces courtes auxquelles le vers libre confère la souplesse nécessaire.

Peintre plus que musicien, Jean Follain sait cependant insuffler à chaque poème sa «respiration» (R.

Sabatier), en un constant passage du minuscule à l'universel , du pré­ sent au passé , tandis que les subtiles varia­ tions de ton (du prosaïsme à la fantaisie, de la « tendresse vaillante » - selon l'ex- PRÉSENT JOUR pression d'André Frénaud - au sentiment du tragique) nous mènent insensiblement del' « évidence des choses» à l'appréhen­ sion d'un sens caché.

TRENTE SIX DESSINS ORIGINAUX DE DENISE ESTEBAN ÉDITIONS GALANIS « .•• dans le village où se nuance un soir d'alcool baigné ...

» Dessins de Denise Esteban « Où gis-tu, secret du monde / à l'odeur si puissante? » L es yeux rivés vers la mer ou sur les pages coloriées d'un atlas scolaire, pathétiques dans leur aspirations comme dans leur dérisoire mais attendrissante pro­ pension à se protéger derrière les menus gestes de la vie quoti­ dienne, tels sont les hommes selon Follain.

Certes, le temps pèse de tout son poids : « Des formes se défont / ( ...

) le sang s'évade Ide la bête qu'on tue », mais « A de certains jours I ( ...

) un visage apparaît/ dominant un corps de jeunesse » et ce corps de jeunesse peut-être rachète tout.

Peut-être ...

Car lointain « descendant » \ 1\ de Francis Jammes, Jean Follain n'a pas la foi tran­ quille de son aîné, et ses poèmes sont plus beaux peut­ être d'en rester là, comme ce« corps de jeunesse » « marchant au pied de vieux remparts .

» xx ·· SIECLE Poète de l'existence intime des choses, refusant les artifices du lyrisme, Jean Follain nous conduit insensiblement, dans son recueil Exister comme dans l'ensemble de son œuvre, de l'évidente présence des choses au sentiment diffus du tragique.

« Chaque chose pourtant veillait et travaillait pour sauver son éternité.

». »