enfer, n.

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enfer, n.m. (du latin infernum, « inférieur «), endroit où séjournent les morts et, dans le
christianisme, les damnés (Matthieu, XXV, 41-46).

Les conceptions de l'enfer.
La croyance en un enfer, lieu où sont éternellement et inévitablement châtiés les pécheurs,
a joué un grand rôle dans l'histoire de la chrétienté. Au Moyen Âge en particulier, on se fit
des idées très concrètes de l'enfer : la littérature et les arts donnèrent des images
détaillées des tortures endurées par les damnés. Les théologiens cependant ne sont pas
tous d'accord quant à l'interprétation qu'on doit donner de l'enfer, et l'Église ne s'est jamais
prononcée sur ce sujet. D'autres religions, notamment le brahmanisme et le bouddhisme,
ont, dans leur acception populaire, des conceptions similaires d'un enfer terrifiant. Mais cet
enfer a plusieurs degrés selon la culpabilité du pécheur et celui-ci peut toujours garder
l'espoir, grâce à de nouvelles incarnations, de progresser sur la voie de la sagesse et
d'échapper aux divers enfers. Le châtiment n'y est donc pas conçu comme éternel,
puisque tout ce qui existe doit avoir une fin, mais comme une période déterminée pendant
laquelle on s'acquitte d'une certaine quantité de culpabilité avant de renaître dans de
nouvelles conditions d'existence. Dans le brahmanisme et le bouddhisme, les enfers sont
dirigés par le premier homme mortel, Yama, qui, aidé par des assesseurs, est chargé de
juger les actions de ceux qui se présentent devant lui. Une croyance similaire existait dans
l'ancienne Égypte.

Le séjour des morts.
Dans nombre d'autres religions, comme celles de la Grèce antique notamment, les enfers
n'étaient conçus que comme un lieu de séjour « inférieur « au séjour céleste : dieux et
humains ne pouvaient y avoir accès de leur vivant, si l'on excepte toutefois des héros qui,
comme Orphée, y descendirent pour tenter de retrouver un être cher, en l'occurrence
Eurydice. Ce mythe de la « descente aux enfers « se retrouve d'ailleurs dans nombre
d'autres mythologies, comme celle du Japon. Selon la mythologie grecque antique, l'enfer
n'était que le séjour des morts, situé sous terre ou bien dans une île séparée de la terre
par quatre fleuves. Les morts ne pouvaient y accéder qu'en payant un passeur, Charon,
qui leur faisait alors traverser le Styx, un des quatre fleuves. Cette croyance, commune à
beaucoup de sociétés, conduit à insérer dans la bouche du mort, avant son inhumation,
une pièce de monnaie « pour payer le passage dans l'au-delà «. L'enfer grec, peuplé
d'ombres, était régi par Hadès et son épouse Perséphone, assistés des Érinyes. Ce n'est
que vers le Ve siècle avant notre ère que, la notion de châtiment prenant naissance, les
morts se trouvèrent astreints, selon la gravité de leurs fautes, à des travaux pénibles et
sans objet (rocher de Sisyphe, tonneau des Danaïdes).
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Cerbère, page 944, volume 2
enfer - miniature illustrant le Hortus deliciarum, de Herrade de Landsberg,
page 1658, volume 3
enfer - détail de l'Enfer, panneau de droite du triptyque le Jardin des délices,
page 1658, volume 3
enfer - Énée aux enfers, page 1658, volume 3