En quoi les philosophes du 18ème siècle peuvent-ils être qualifiés de modernes ?
Publié le 09/12/2021
                             
                        
Extrait du document
Voltaire dans Candide ( épisode du nègre de Surinam) - Les philosophes du XVIIIe siècle ont, de plus, élargi la critique de la notion d'autorité au domaine politique et social. Ils revendiquent donc un idéal de liberté et d'égalité. Ex : Critique de l'autorité de la monarchie absolue dans l'article « autorité politique » de l'Encyclopédie. Critique de l'autorité religieuse chez Voltaire ( dans les Lettres philosophiques) ou chez Diderot (dans Le supplément au voyage de Bougainville)* Rousseau dans Du contrat social, innove en proposant la théorie moderne du contrat politique III) Les limites de cette modernité - Les idées novatrices, modernes provoquent des dissensions entre philosophes : c'est le cas notamment de l'idée de progrès, récusée et dénoncée comme une utopie par certains. On peut évoquer ici la critique du progrès envisagé comme source de l'inégalité entre les hommes chez Rousseau. On peut aussi montrer que, de nos jours, cet idéal de progrès moral et social apparaît davantage comme une utopie que comme une réalité accessible. Les totalitarismes du XXe siècle et les deux guerres mondiales ont de toute évidence sapé l'optimisme des siècles précédents. Les désillusions sur lesquelles se sont fracassées bien des espérances révolutionnaires ont suscité l'idée que la société actuelle, si désespérante et privée de sens qu'elle puisse être, est malgré tout la seule possible : la vie sociale est de plus en plus vécue sous l'horizon de la fatalité. L'avenir, qui apparaît désormais imprévisible, inspire plus d'inquiétudes que d'espoirs. L'aggravation de la crise paraît plus probable que les « lendemains qui chantent ».
«
                                                                                                                            Analyse du sujet et problématisationLe sujet porte sur les philosophes du XVIIIe siècle, c'est-à-dire sur le mouvement des Lumières.
                                                            
                                                                                
                                                                    Notons que	ce qu'on entend  par « philosophes  » ici regroupe  aussi bien  des penseurs ayant  élaboré des théories, que deshommes de lettres  ayant exprimé  des thèses  et des  concepts  à travers  leurs œuvres.
                                                            
                                                                                
                                                                     Ceux qu'on  appelle  les« Philosophes  des Lumières » étaient  donc souvent des hommes  de lettres à part entière - et les créateurs nerépugnaient pas à faire  de leurs  romans  ou de leurs  pièces  des œuvres  de combat  tout en exprimant  leurpersonnalité et leur sensibilité dans une langue qui devenait la langue de la culture de toute l'Europe.
                                                            
                                                                                
                                                                     La notion de« philosophe » est donc plus large au XVIIIe siècle qu'actuellement.	 L'adjectif «  moderne » pose problème ici car il est associé dans l'histoire de la littérature à une époque bien	précise : la deuxième moitié et en particulier la fin du XVIIe siècle, à travers la fameuse querelle des Anciens et desModernes qui commence  en 1987 avec la présentation  par Charles Perrault, à l'Académie du 	Siècle de Louis  Le	Grand	, poème où il critique les anciens, loue les contemporains et proclame la supériorité du siècle de Louis XIV sur	celui d'Auguste.	 Problématique	 : Il s'agit donc de voir en quoi les philosophes du XVIIIe siècle se font les relais des idées	des « Modernes » mais peut-être aussi en quoi ils peuvent être qualifiés eux-mêmes de modernes par rapport à cesderniers.	 
I)                          	Les philosophes  du XVIIIe siècle reprennent et  amplifient le combat  des	« Modernes » du XVIIe	
- La critique du principe de l'autorité des textes antiques en littérature trouve son prolongement au XVIIIe siècle.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ledébat connut un renouveau dans la deuxième décennie du XVIIIe siècle avec la mise en vers, en 1714, par Houdarde la Motte – à une époque où Perrault et Boileau étaient déjà morts – d'une traduction de l'	Iliade	 publiée par Anne	Dacier en 1699.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il y avait « corrigé » et raccourci l'original et l'avait accompagné d'une préface contenant unDiscours sur Homère	 où il prend la défense des Modernes.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ceci engagea une polémique avec les partisans des	Anciens ( dont Anne Dacier faisaient partie).
                                                            
                                                                        
                                                                    Cette polémique fonda ce qu'on appelle la « Querelle d'Homère ».Notons que sur c sujet de l'autorité littéraire, Marivaux fut un des représentants importants du courant moderne audébut du XVIIIe siècle, en établissant un genre tout à fait nouveau de théâtre, inconnu des Anciens, avec lacomédie larmoyante	 où la tragédie imminente était résolue avec des réconciliations et des flots de larmes.	
- Les « modernes » du XVIIe siècle défendaient l'idée de progrès aussi bien dans les sciences que dans les	arts : « La nature est toujours la  même en général dans toutes ses  productions ; mais les siècles ne sont pastoujours les mêmes ; et, toutes  choses pareilles,  c'est un avantage  à un siècle d'être  venu après les  autres »affirme Perrault dans 	Le Parallèle des Anciens  et des modernes	.
                                                            
                                                                                
                                                                    Cette idée a été reprise et très développée au	XVIIIe siècle.
Ex :  Condorcet, 	Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit huma	in dans laquelle il expose sa	conviction qu'il n'y a pas de limite naturelle au perfectionnement continu de la raison humaine et donc au progrès :« Le hasard des événements viendra troubler sans cesse la marche lente, mais régulière de la nature, la retardersouvent, l'accélérer quelquefois »	
 	
 	
II)                  	Les philosophes du XVIIIe siècle en élargissant le combat des « modernes » se	présentent comme plus « modernes » que ces derniers.	 	- Les philosophes ont élargi la notion de progrès au domaine moral et social.	 Pour les hommes des Lumières,	étant donné que l'homme agira à l'avenir de façon toujours plus « éclairée », la raison se perfectionnera etl'humanité deviendra elle-même moralement meilleure.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le progrès, loin de n'affecter que le cadre extérieur del'existence, transformera donc l'homme lui-même.
                                                            
                                                                                
                                                                    Un progrès acquis dans un domaine se répercutera nécessairementdans tous les autres.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le progrès matériel entraîne le progrès 	moral.
                                                            
                                                                                
                                                                    ( c'est notamment l'idée selon laquelle le	processus de diffusion des idées nouvelles et donc du progrès intellectuel se trouva amplifié par le "progrès" destechniques de diffusion de l'information : on passa du livre au journal et à la presse)	Ex :	Le progrès moral  et intellectuel qui, selon Condorcet, doit passer par une éducation.	 Condorcet propose de	perfectionner rationnellement la langue et l'orthographe.
                                                            
                                                                                
                                                                    La morale elle-même doit présenter les caractèresd'une science.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'éducation vise à habituer les enfants à se débarrasser des « préjugés », source de tout le malsocial, et à faire usage de leur seule raison.
                                                            
                                                                                
                                                                    Le progrès individuel selon Kant dans 	Qu'est ce que les lumières	 ?: le philosophe allemand donne la définition	suivante : « Les Lumières c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il est lui-même responsable.L'état de tutelle est l'incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d'un autre.
                                                            
                                                                                
                                                                    On est soismême responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l'entendement.
                                                                                                                    »
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- En quoi les philosophes du 18ème siècle peuvent-ils être qualifiés de modernes ?
- En quoi les philosophes du XVIIIe siècle se font les relais des idées des « Modernes » mais peut-être aussi en quoi ils peuvent être qualifiés eux-mêmes de modernes par rapport à ces derniers.
- Comment les philosophes du XVIIIe siècle, notamment Montesquieu et Voltaire, utilisent-ils l'arme de l'ironie ?
- Sous les moqueries légères on trouve des idées profondes; sous l'ironie perpétuelle on trouve la générosité habituelle; sous les ruines visibles on trouve des bâtisses inaperçues. Développez ce jugement de Taine sur les philosophes du 18e siècle ?
- Les combats des philosophes du XVIIIe siècle vous paraissent t'il encore d'actualité aujourd'hui ?
 
     
                