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En quoi la frontière entre les Etats Unis et le Mexique révèle-t-elle des inégalités, ou peut-elle aussi devenir un terrain d'expression artistique et de résistance ?

Publié le 22/06/2025

Extrait du document

« « Les frontières ne sont pas des lignes sur une carte, mais des symboles vivants des divisions humaines.

» Joaquín Valhondo de la Luz, écrivain espagnol, Reflexiones sobre el concepto de fronteras, 2010.

Cette phrase illustre parfaitement la complexité de la frontière entre les États-Unis et le Mexique, qui n’est pas seulement une ligne géographique, mais un lieu où se jouent des histoires d’inégalités, de luttes et d’expression artistique.

Longue de 3 150 kilomètres, elle s’étend de l’océan Atlantique à l’océan Pacifique.

Elle est en partie naturelle, grâce au Río Grande — ou Río Bravo en espagnol — qui forme environ 2 000 kilomètres de frontière, et en partie matérielle, avec un mur construit dès 2006 sous George W.

Bush, renforcé ensuite par Barack Obama, puis massivement étendu par Donald Trump, qui en a fait un symbole politique fort.

Mais cette frontière trouve ses racines bien avant cela, dans le traité de Guadalupe Hidalgo signé en 1848, après la guerre entre les deux pays.

Le Mexique perd alors plus de la moitié de son territoire, et la frontière est redessinée au profit des États-Unis.

Depuis, cette zone est devenue l’une des plus traversées du monde avec 300 à 350 millions de passages en 2024 et incarne pour beaucoup un espoir : celui de rejoindre les États-Unis, symbole du "rêve américain".

Un rêve de liberté, de réussite, d’ascension sociale… mais un rêve qui, pour beaucoup, se heurte à la réalité de la pauvreté, de la violence, et à des politiques migratoires de plus en plus dures. Dès lors, une question se pose : En quoi la frontière entre les États-Unis et le Mexique révèle-t-elle surtout des inégalités, ou peut-elle aussi devenir un terrain d’expression artistique et de résistance ? Pour y répondre, je vais d’abord montrer comment cette frontière incarne des inégalités majeures, puis comment elle peut aussi devenir un espace d’expression artistique, de mémoire et d’engagement. Traverser la frontière entre les États-Unis et le Mexique est un parcours extrêmement dangereux.

Chaque année, des centaines de milliers de personnes, venant non seulement du Mexique, mais aussi du Honduras, du Salvador, du Guatemala ou encore du Nicaragua, tentent de rejoindre les États-Unis.

Ces migrants, pour la plupart originaires d’Amérique centrale, fuient des situations d’extrême violence, de pauvreté ou cherchent simplement à retrouver un proche déjà installé de l’autre côté. Ils ne partent pas pour le confort, mais pour survivre. Pour atteindre la frontière nord, beaucoup empruntent un train de marchandises surnommé "La Bestia", autrement dit "le train de la mort". Ce train traverse tout le Mexique du sud au nord.

Il n’est pas prévu pour transporter des passagers, mais chaque année, environ 400 000 migrants montent clandestinement sur ses toits.

Ils y montent souvent en marche, sans aucune sécurité, et voyagent exposés à tous les dangers.

Le risque de chute est constant.

Certains y laissent un bras, une jambe, ou même la vie.

Mais au-delà des dangers physiques, les migrants sont aussi vulnérables à la violence humaine : des bandes criminelles les rançonnent, les violent ou les kidnappent.

Certains cartels utilisent même les migrants comme monnaie d’échange pour extorquer de l’argent à leurs familles. Pourtant, malgré tout cela, ce train reste leur seule option pour avancer vers ce qu’ils espèrent être une vie meilleure. Une fois arrivés à la frontière, les migrants doivent faire face à un second obstacle : un mur de surveillance et de contrôle extrêmement puissant. Les États-Unis ont militarisé leur frontière.

La Border Patrol, créée en 1924 mais renforcée massivement depuis les attentats du 11 septembre 2001, emploie aujourd’hui plus de 19 000 agents.

Ce corps utilise drones, détecteurs thermiques, caméras, avions de surveillance, et bien sûr des murs en acier parfois hauts de 9 mètres, construits par étapes sous George W.

Bush, Barack Obama, et surtout Donald Trump.

Le mur n’est plus seulement une barrière physique : c’est devenu un symbole politique, marquant la séparation entre deux mondes. Malgré ces barrières, des milliers de migrants continuent de tenter leur chance, notamment en traversant à la nage le Río Grande, aussi appelé Río Bravo.

Ce fleuve forme une grande partie de la frontière entre les deux pays.

Il est dangereux, avec des courants puissants et une profondeur trompeuse.

Ceux qui tentent la traversée sont appelés les "mojados", c’est-à-dire les "les dos mouillés".

Ce mot fait référence à leur passage dans l’eau, mais aussi à leur vulnérabilité.

Beaucoup de ces migrants meurent noyés, poussés à franchir la frontière de nuit, sans guide, sans gilet de sauvetage, parfois avec des enfants. Un autre aspect tragique de cette migration concerne les femmes.

Elles sont particulièrement exposées aux violences.

Dans les grandes villes frontalières comme Tijuana ou Ciudad Juárez, on observe une forte concentration de réseaux de prostitution et de traite humaine.

Selon des ONG locales, environ 30 000 femmes et jeunes filles seraient aujourd’hui victimes d’exploitation sexuelle à la frontière.

Certaines sont trompées par de fausses promesses d’emploi, d’autres sont enlevées sur la route ou forcées de se prostituer pour rembourser des dettes à des passeurs.

Pire encore, les principaux clients sont souvent des Américains, ce qui montre que cette violence est aussi entretenue par ceux qui vivent de l’autre côté du mur. Enfin, pour bien comprendre ce que vivent ces migrants, il faut aussi écouter leurs récits.

L’écrivaine Isabel Allende, dans son texte "Itinerario de un chicano", décrit le parcours d’un migrant mexicain devenu.... »

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