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EN QUOI DANS LES LIVRES V À X DES CARACTÈRES, L’ART DE LA MISE EN SCÈNE SERT-IL LE PROJET DU MORALISTE ? II. L’ÉCRITURE DU MORALISTE EST THÉÂTRALE

Publié le 16/06/2024

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« EN QUOI DANS LES LIVRES V À X DES CARACTÈRES, L’ART DE LA MISE EN SCÈNE SERT-IL LE PROJET DU MORALISTE ? II.

L’ÉCRITURE DU MORALISTE EST THÉÂTRALE I/ LB MET EN SCÈNE LE MONDE COMME UNE PIÈCE DE THÉÂTRE LA COUR ET LA VILLE SONT LA SCÈNE DE CETTE PIÈCE LB présente la société comme un vaste théâtre où tout est artifice, versatilité et vanité. Il s’inscrit dans la lignée du theatrum mundi, notion baroque mise à l’honneur par Shakespeare dans sa pièce Comme il vous plaira (“all the world’s a stage”). Le “regard” est omniprésent, comme au théâtre. Tout est spectacle, tout est destiné à être vu : “l’on se donne à paris (...) pour se regarder au visage et se désapprouver les uns les autres”(VII, remarque 1) LES COURTISANS EN SONT LES ACTEURS LB souligne dès le début du l ivre VII que les gens cherchent à paraitre en société, par leurs carrosses, les tenues des femmes, il critique la fatuité des gens de la ville.

Dans la remarque 47 du livre “La vie à la Cour”: ”mille gens à la cour y trainent leur vie à y embrasser, serrer et congratuler ceux qui reçoivent jusqu’à ce qu’ils meurent sans rien avoir” L’utilisation du présent d’habitude et l’énumération de verbes à l’infinitif souligne la prise de distance de l’auteur qui dénonce l’agitation vaine des courtisans. Le moraliste reproche à la vie à la cour d’être basée sur le calcul et la stratégie.

Livre “de la cour” remarque 64: “La vie de la cour est un jeu sérieux, mélancolique, qui applique : il faut arranger ses pièces et ses batteries.” LB montre que la vie de la cour est dirigée par une véritable stratégie sous des apparences légères. DES PORTRAITS QUI S’APPARENTENT À DES SAYNÈTES DE COMÉDIE L’écriture de LB emprunte à l’esthétique théâtrale. Certains passages sont construits comme des saynètes de comédie : livre “de la société et de la conversation” remarque 66 : “Je le sais Théobalde vous êtes vieilli” LB utilise la première personne du singulier et le vouvoiement pour se rire de l’auteur à la mode. LLa bruyère met en scène des types dont il brosse des portraits satiriques, comme le flatteur, le courtisan.

Pour cela, il emprunte au théâtre, notamment à Molière, chez qui on retrouve le type du vieux barbon ( Arnolphe dans l’école des femmes ou Harpagon dans l’Avare), ou du valet (Sganarelle dans Don Juan). Au livre V, Arrias incarne la caricature du pédant : “Arrias a tout lu, tout vu, il veut le persuader ainsi; c’est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que se taire ou de paraitre ignorer quelque chose”.

Ou au livre VI, le portrait de Giton, le riche, qui se conduit avec théâtralité en société ( sa gestuelle est exagérée). LB excelle dans l’art des portraits satirique collectifs : les grands, les courtisans.

Dans le livre “de la cour”, la débauche et l’alcoolisme en vogue chez les courtisans sont dénoncées. LE REGISTRE COMIQUE Comme au théâtre, le registre comique est largement exploitée selon des ressorts différents.

Les figures de style (hyperbole, amplifient le registre comique : “ j’entends Théodecte de l’antichambre; il grossit sa voix à mesure qu’il s’approche;.... »

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