electre
Publié le 18/05/2020
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ELECTRE, GIRAUDOUX
Electre est une pièce de théâtre en deux actes, de Jean Giraudoux, présentée pour la
première fois en 1937.
Cette tragédie qui s’attache à la réécriture de la réécriture d’un mythe,
s’inscrit dans une tendance artistique de l’époque fondée sur la redécouverte d’une Antiquité
gréco-latine.
Elle raconte une partie de l’histoire tragique de la lignée des Atrides, maudite par
les Dieux.
Agamemnon, roi grec, est assassiné par sa femme Clytemnestre et son amant
Egisthe, à son retour de Troie Egisthe, nouveau roi, veut marier la fille de Clytemnestre,
Electre, au jardinier du palais, tandis que son frère, Oreste, est en exil.
Ecrite dans la première
moitié du XXème siècle, elle s’inscrit dans la l’idée de réécriture des mythes antiques (comme
la Machine Infernale de Cocteau).
L’Acte II, scène 9, que je vais vous présenter maintenant,
est l’avant dernière scène de cette « tragédie bourgeoise », comme la qualifiait Giraudoux lui-
même.
Il s’agit de la tirade du Mendiant, qui nous raconte, selon le principe de la double-
énonciation et du récit écran, le dénouement de cette pièce : à savoir, le double meurtre
d’Egisthe et Clytemnestre par Oreste, qui se situe hors-scène, pour respecter la règle de
bienséance.
Comment se traduit, dans ce dénouement, la nouvelle interprétation que donne G.
du
mythe? Je vais maintenant présenter une étude de ce texte, en trois axes.
Nous étudierons
d’abord ce qui inscrit ce récit dans une filiation avec la tragédie antique et classique, pour
nous pencher ensuite sur la réécriture du mythe qui enfin, en détourne et en redéfinit le sens.
I.
UN DENOUEMENT CLASSIQUE
a) Un récit-écran
La mort étant interdite d’être représentée sur scène afin de ne pas heurter la sensibilité du
public, la mise en pratique d’un récit écran permet de raconter un double crime qui a lieu hors
scène.
Ainsi, le Mendiant en assume la narration par une tirade qui nous donne à voir
l’irreprésentable.
Il nous épargne ainsi la vision terrible d’une double mort et nous offre en
même temps, par la parole, la connaissance précise des événements.
b) Une tirade narrative
Le Mendiant est le narrateur de ce récit, mais son statut est plus complexe : il est une sorte de
guide visuel qui nous montre la course d’Oreste par la localisation précise de ses actions et les
détaille pour les rendre visibles et audibles au spectateur.
C’est un narrateur subtilement effacé
derrière sa narration puisque le « je » n’apparaît que dans son ultime réplique, et donne au
lecteur l’impression d’une existence autonome du récit.
Les temps dominants sont le passé
simples et l’imparfait, qui enchaînent par accumulation les verbes d’action, permettant ainsi
un effet de dramatisation.
La brièveté des propositions et les structures de phrases
anaphoriques commençant par la conjonction « et » produisent une impression de litanie (les
versets bibliques) qui marquent ce récit d’une poésie tragique et semble retracer le caractère.
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