El Criticon
Publié le 15/05/2020
Extrait du document
«
BALTASAR
RACIAN Y MORALES
El Critic6n
La puissante forme narrative du Critic6n
inspira notamment :
La Rochefoucauld ,
Schopenhauer, Nietzsche, dans le prologue
de Zarathoustra, Voltaire (Candide),
Daniel Defoe (Robinson Crusoé),
La
Bruyère (Les Cara ctères) et Swift (Les
Voyages de Gulliver).
Gracian, né en 1601 et qui était entré dans la
Compagnie de Jésus en 1619 , publiait sous
un faux prénom mais ne trompait personne.
Désapprouvé
par ses supérieurs pour la
publication d'El Critic6n,
il dut, en 1658,
s'exiler dans un monastère.
Il ne survécut
pas
à cette privation de liberté.
Le voyage de l'honnête homme,
au Siècle d'Or espagnol
C
ritile, l'homme de la raison critique, rencontre
Andrenio, sauvage auquel il doit même ap
prendre à parler, et tous deux partent à la recherche
de Felisinde,
femme de Critile.
Les péripéties qui
rythment leur parcours sont les prétextes de discus
sions contradictoires.
Le dépassement des problèmes
moraux coïncide avec le déplacement des deux
« pè
lerins du monde
».
Les trois étapes -contées chacune
dans l'une des trois parties de
l'ouvrage -symbo
lisent les principaux âges de la vie.
Autour de Madrid,
on discourt de la cruauté et de
l' « anatomie morale »
del 'homme.
En France, les compagnons ayant atteint
l'âge mûr, il est question de l'art du jugement, de la
valeur et de l'hypocrisie, notamment de celle des re
ligieux.
Découvrant peu
à peu l'apparence et le men
songe, ils conviennent de
« conquérir l'honneur au
milieu
de la folie universelle ».
Au temps de la
vieillesse, les voyageurs gagnent Rome, où ils éta
blissent les lois
de la finesse d'esprit.
Au
bout de ce chemin philosophique, ils
acquièrent une pleine conscience de l'illu
sion qui baigne le monde.
La puissance d'une pensée dialectique
baroque
0
n a reproché à Gracian son langage
tortueux et précieux.
Mais la moindre
pensée revêt les plus belles parures de style,
et les idées se développent
en puisant dans
leurs propres contradictions le ressort de
leur résolution.
Partout, éthique
et esthé
tique se
répondent.
Le jésuite rebelle
construit une morale de l'action qui veut
combattre, à coups de marteau philoso
phique, le monde d'illusion.
Quand tout, au
tour de soi,
n'est que misère et apparences
(aujourd'hui, nous dirions : aliénation), il
s'agit de survivre, d'essayer simplement
d'être une personne.
L'héroïsme de «
l'homme détrompé » consiste à recouvrer
une dignité humaine, de sujet, dans une époque qui
ravale tout au rang d'objet.
L'étonnante invention du
jésuite aragonais est cette expression flamboyante de
la raison dialectique, deux cents ans avant Hegel.
L'homme universel est dialecticien.
XVWSIÈCLE
La force subversive
de
ce conte philosophique éveille
encore aujourd'hui un
vif intérêt.
Frontispice du Critic6n, Paris,
édition de 1684.
»
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